Laurent Louyet, CEO du Groupe Louyet: “J’avais envie de développer un groupe multimarque”
Le marché belge des revendeurs de voitures est progressivement racheté par des groupes internationaux. Laurent Louyet fait exception : il construit un groupe centré sur la distribution BMW/MINI et de véhicules de luxe britanniques, au départ d’une entreprise familiale.
La voiture, c’est la vie de Laurent Louyet, 41 ans, qui construit un groupe de distribution automobile en Belgique (et depuis peu à l’étranger), le groupe Louyet, qui approche les 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et occupe 900 salariés. Ce Carolo est le premier concessionnaire BMW/MINI du pays, avec 20 points de vente dans le Hainaut, le Brabant wallon, Bruxelles et la Flandre. Il est, en outre, importateur de Rolls Royce, McLaren et Automobili Pininfarina, de même qu’il est aussi actif, depuis peu, dans la distribution de vélos, avec Black and Bike. Le groupe vend 11.000 autos neuves par an.
Pourquoi Laurent Louyet est-il nominé au Manager de l’Année ? Car il s’inscrit à contre-courant d’un marché en pleine transformation où, hormis le groupe D’Ieteren, ce sont plutôt des sociétés étrangères qui font leur marché, à l’instar des Emil Frey (Suisse), Van Mossel (Pays-Bas) ou Car Avenue (France). Ces derniers achètent des concessions, restructurant un secteur constitué historiquement d’entreprises familiales.
“Soit on vendait, soit on rachetait”
“C’est un choix : soit on vendait, soit on rachetait”, explique Laurent Louyet. Beaucoup de concessionnaires préfèrent revendre, leurs enfants ne se sentant pas en mesure d’affronter les changements profonds du secteur. Les constructeurs poussent à réduire le nombre de propriétaires, réduisent les marges, changent les contrats.
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Laurent Louyet, lui, avait fortement envie de continuer l’histoire de la concession familiale. Celle du grand-père, Léon Louyet, cycliste professionnel, champion de Belgique, qui, en fin de carrière sportive, à 53 ans, a ouvert une concession BMW à Charleroi, rue Dagnelie, en 1959. Son fils, également prénommé Léon, lui a succédé, avant qu’en 2013, son petit-fils Laurent ne reprenne la direction de l’entreprise.
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Détail familial : les Louyet de la branche ont tous un prénom commençant par un “L”, comme Louis et Lola, les enfants de Laurent Louyet.
Une première vente à l’âge de 18 ans
“C’est un métier de passion, il me plaît énormément car il touche à l’entrepreneuriat et à l’automobile, que j’adore, tout comme la moto”, nous confie Laurent Louyet, dans l’un de ses bureaux de la concession Rolls Royce/McLaren, chaussée de Bruxelles, à Waterloo. Depuis l’âge de 14-15 ans, il viendra à la concession de Charleroi où il fera tous les métiers, du nettoyage de l’atelier au magasin, en passant par la mécanique et la carrosserie. La première voiture vendue ? “Une BMW Série 3 Touring automatique à mon grand-père maternel, j’avais 18 ans”, se souvient-il.
En 1980, son père reprend le flambeau et fait grandir la concession via l’arrivée de MINI, l’ouverture du département des occasions et d’un deuxième site, à Sambreville. L’entreprise a suivi la progression de BMW, passé de petit constructeur de motos et d’autos dans les années 1950 à champion mondial de la voiture premium. Après ses secondaires, Laurent Louyet n’aura pas la patience d’achever des études de marketing, à l’IESN, à Namur. À la fin de la première année, il entre dans l’entreprise, c’était en 2002.
Depuis qu’il dirige la maison, il a mis en place une stratégie d’acquisitions. “Quand je voyais tous les groupes internationaux qui arrivaient sur le marché belge, j’avais envie de créer un groupe multisite”, se remémore le CEO.
C’est un métier de passion, il me plaît énormément car il touche à l’entrepreneuriat et à l’automobile, que j’adore.
Laurent Louyet
CEO du Groupe Louyet
Le consolidateur
Il commence par des acquisitions dans le Hainaut, à La Louvière en 2013, à Marcinelle (A2 Moto) en 2014, à Mons (Novauto) l’année suivante. La première reprise importante a eu lieu en Flandre : celle de Vandeperre, à Leeuw-Saint-Pierre, en 2019. Mais la grosse opération fut la reprise, en 2021, de la concession BMW d’Evere, appartenant au groupe allemand. “Elle représente une centaine de salariés, et donc aussi mon premier contact avec les syndicats”, précise Laurent Louyet.
Toujours en 2021, il reprend une bonne partie du groupe Ginion, ses trois concessions BMW/MINI, l’importation de Rolls Royce et celle de McLaren. Il continue en rachetant les concessions BMW/MINI Quoilin, à Namur.
Dernière opération en date : la reprise, cette année, du groupe Arnold Kontz qui possède deux concessions au Grand-Duché distribuant les marques Aston Martin, Jaguar, Land Rover et Lotus. ainsi qu’une concession Jaguar et Land Rover en Belgique (Habay-la Neuve). “Nous nous positionnons dans les autos premium, avec le pilier central BWM/MINI, et dans le luxe britannique”, résume le dirigeant.
Il a aussi diversifié le groupe dans les métiers de l’automobile pour en faire de même avec les revenus. “Nous avons racheté plusieurs carrosseries. Nous en possédons neuf au total, détaille-t-il. Nous nous préparons ainsi au développement de la voiture électrique, qui érode les revenus des entretiens. La carrosserie est un métier stable.” Dans le même esprit, il développe l’occasion et la location. En plus d’avoir acquis Cocoon Car, qui se présente comme un “Centre mobile d’esthétique”, un service de nettoyage haut de gamme multimarque, qui fait aussi de la préparation de véhicules d’occasion.
Le vélo est l’un des derniers développements. “J’avais rencontré Sébastien Bertrand, qui possède Black and Bike, un magasin de vélos à Loverval. Il cherchait des moyens pour se développer. Nous avons pris 50% des parts et il y a maintenant deux magasins de plus, à Mons et Wavre.”
Laurent Louyet développe une structure de groupe. “Je suis très bien entouré. En formant un groupe, il était possible de mettre en place des services centraux, de recruter de bons spécialistes travaillant pour toutes les concessions, poursuit le manager. C’est une organisation de 60 personnes, dont 25 travaillent sur les finances et 7 sur le marketing, et qui sont réparties sur trois sites.”
La croissance pourrait encore continuer à l’avenir. “Nous ne cherchons pas à nous diversifier inutilement”, assure-t-il. Mais il est conscient d’être encore petit dans le concert des grands de la distribution. “Nous sommes plutôt grands pour le marché belge, et petits sur le marché international.” Ces développements changent la vie du dirigeant : il n’a plus de bureau fixe. “Je fais le tour des concessions, je leur rends visite au moins une fois tous les mois.”
Laurent Louyet construit pour le futur et nourrit l’espoir que la génération suivante le suivra, mais elle a le temps. Lola et Louis Louyet, ses enfants, ont respectivement 13 et 15 ans. À noter que Louis suit ses études secondaires à Gand, en internat, “pour devenir parfait bilingue.”
C.V.
• 1982. Naissance à Charleroi. Troisième génération de la famille Louyet dans la distribution automobile.
• 2013. Prend la direction des concessions Louyet.
• 2021. Acquisition de BMW Brussels.
• 2022. Acquisition des concessions BMW/MINI et de l’importation de Rolls Royce et de McLaren du groupe Ginion.
• 2023. Acquisition des concessions Quoilin à Namur et Marche-en-Famenne.
• 2024. Acquisition du groupe Arnold Kontz (G-D du Luxembourg), début de l’internationalisation du groupe Louyet.
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