Gauthier Philippart et Jean-Luc Morelle, CEO et CTO de Trasis : deux Wallons champions en médecine nucléaire
Ils ont lancé Trasis, en région liégeoise, il y a tout juste 20 ans. À force de persévérance et d’innovation, leur entreprise est devenue l’un des leaders mondiaux en médecine nucléaire et compte aujourd’hui 350 employés. Gros plan sur un exploit “made in Wallonia” forgé par Gauthier Philippart et Jean-Luc Morelle.
Tout petit déjà, il passait son temps à démonter et remonter les objets avec lesquels il jouait, sous le regard complice d’une grand-mère qui l’encourageait à être bricoleur. Ingénieur dans l’âme et sur le papier, avec un diplôme décroché à l’ULiège, Gauthier Philippart vit aujourd’hui dans une espèce de meccano géant qui prolonge, inconsciemment peut-être, ses souvenirs d’enfance. Dans l’entreprise qu’il a fondée avec son complice, Jean-Luc Morelle, les employés passent en effet leur temps à concevoir, assembler, tester et perfectionner des machines et des produits destinés à combattre le cancer, et peut-être même un jour à le vaincre définitivement.
Basée à Ans, Trasis est spécialisée dans les outils et les médicaments radiopharmaceutiques utilisés en médecine nucléaire. Ses labos, ses salles blanches et ses vastes entrepôts, où sont stockés d’innombrables composants, témoignent de cette ingénierie de haut vol qui a propulsé l’entreprise liégeoise dans les hautes sphères thérapeutiques. En quelques années à peine, Trasis est devenue l’un des leaders mondiaux dans ce secteur pointu, avec une présence dans plus de 60 pays et un chiffre d’affaires qui dépasse désormais les 70 millions d’euros.
Un mémoire, un brevet
L’histoire est belle car le pari était loin d’être gagné. En l’an 2000, Gauthier Philippart termine ses études d’ingénieur civil et rencontre Jean-Luc Morelle dans le cadre de son mémoire. L’homme est de quasi 20 ans son aîné et a fondé Coincidence Technologies, une société déjà active dans la radiopharmacie. Le projet de Gauthier Philippart cornaqué par Jean-Luc Morelle consiste à fabriquer une machine pour le flaconnage de médicaments. Le défi est relevé, le jeune diplômé est engagé.
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Dans les semaines qui suivent, les deux comparses déposent un brevet sur un nouveau concept de capsules pour des médicaments radiopharmaceutiques. Il leur faudra toutefois patienter quatre ans avant de lancer Trasis et de concrétiser cette nouvelle aventure entrepreneuriale. En attendant, Gauthier Philippart rejoint le géant américain General Electric, qui vient d’acheter Coincidence Technologies. Le Verviétois y apprend “la politique en entreprise, avec ses coups bas et son environnement carriériste qui, dit-il, n’avaient pas beaucoup de sens pour moi”.
Las, il jette l’éponge en 2004 et persuade Jean-Luc Morelle de concrétiser enfin leur projet Trasis. Leur business plan séduit le fonds d’investissement Meusinvest (devenu Noshaq en 2019) qui injecte 30% du capital de départ fixé à 475.000 euros, une participation qui sera rachetée, une douzaine d’années plus tard, par les deux fondateurs actionnaires.
Frayeurs et soulagement
Les débuts sont difficiles. Seuls à bord durant les tout premiers mois, Gauthier Philippart et Jean-Luc Morelle développent leur première machine pour la médecine nucléaire. “Cela nous a pris quatre ans pour la mettre au point, se souvient le CEO de Trasis, période durant laquelle nous avons mangé presque tout notre capital. Et lorsque nous sommes partis à l’assaut des États-Unis en 2008, la crise financière nous a plombés !”
Au bord de la faillite, les deux entrepreneurs trouvent heureusement un marché de niche pour placer, en France, leur nouveau système Unidose, un instrument qui permet de préparer à la demande et automatiquement des doses radioactives individuelles pour le diagnostic et le traitement des patients atteints de cancer. Innovant, l’outil développé par le tandem Philippart-Morelle simplifie considérablement le travail des infirmières et séduit rapidement le milieu hospitalier. Le succès est enclenché. Les deux hommes peuvent alors passer la vitesse supérieure en engageant du personnel et en développant de nouvelles solutions. En 2012, Trasis compte 17 collaborateurs et s’installe à Ans dans un espace de 800 m².
Portée par de nouveaux produits performants, l’accélération de Trasis sera phénoménale sur le marché de la médecine nucléaire. De 50 employés recensés en 2017, l’entreprise liégeoise passe à 230 collaborateurs en 2022 pour franchir aujourd’hui le cap des 350 salariés, suivant la courbe d’un chiffre d’affaires qui, lui aussi, n’a fait que grimper : 8 millions en 2016, 25 millions en 2020, 70 millions en 2023 et probablement 78 millions au terme de cette année.
Nouvelles installations
Pour épouser cette impressionnante croissance de 40% en moyenne par an, Trasis a dû pousser les murs et construire de nouveaux bâtiments. Au printemps dernier, la pépite liégeoise a ainsi inauguré un tout nouvel espace de 5.000 m², qui se sont ajoutés aux 3.500 m² déjà existants, soit 8.500 m² au total (10 fois plus qu’il y a 12 ans à peine, ndlr). Et ce n’est pas fini, car le business plan prévoit que l’entreprise doublera encore ses effectifs à l’horizon 2030 avec, en toute logique, de nouvelles installations. Les deux fondateurs ont déjà des vues sur un terrain tout proche…
Mais comment expliquer cet incroyable succès de Trasis, qui exporte l’essentiel de sa production et compte aujourd’hui des antennes à Grenoble, Atlanta et bientôt en Asie ?
“Nous avons été capables d’embrasser différentes sciences et techniques en travaillant sur un marché de niche – la médecine nucléaire – qui est en plein développement, explique Gauthier Philippart. Et cela, avec une force d’innovation qui fait que nous sommes devenus leader sur ce marché en concevant des machines et des molécules chimiques qui permettent de soigner toujours mieux les patients. Chaque année, nous investissons 10% de notre chiffre d’affaires en recherche et développement. Ce qui explique pourquoi nous n’avons jamais procédé à une seule distribution de dividendes depuis le début de l’aventure.”
Chaque année, nous investissons 10% de notre chiffre d’affaires en recherche et développement.
Gauthier Philippart
CEO de Trasis
Profondément attachés à leur région, Gauthier Philippart et Jean-Luc Morelle sont aussi très sensibles à l’impact sociétal de leur entreprise. “L’objectif n’est pas la croissance en soi, conclut le CEO. La vraie finalité de Trasis est d’aider à soigner les gens, mais aussi de contribuer au développement de l’activité de notre région, et donc de faire quelque chose pour la Wallonie.”
En 2023, près d’une “dose patient” sur deux utilisées en médecine nucléaire dans le monde a été fabriquée ou administrée grâce aux solutions développées par Trasis.
C.V.
• 1958. Naissance de Jean-Luc Morelle.
• 1977. Naissance de Gauthier Philippart.
• 1982. Diplôme de physique pour Jean-Luc Morelle (UCLouvain).
• 2000. Diplôme d’ingénieur civil pour Gauthier Philippart (ULiège).
• 2004. Lancement de Trasis.
• 2008. Première innovation marquante avec le système Unidose.
• 2010. Lancement de l’outil AllinOne.
• 2017. Trasis compte 17 collaborateurs.
• 2024. Nouveau bâtiment de 5.000 m², à Ans, qui s’ajoutent aux 3.500 m² existants. Trasis compte 350 employés.
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Trasis
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Siège social:
Ans
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Secteur:
Medische en farmaceutische apparatuur en uitrusting
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Toegevoegde waarde:
36037430