Fat Cat Day: les CEO du Bel20 gagnent un salaire annuel en moins de cinq jours

Ilham Kadri © Belga

Les PDG du Bel20 auront ce mercredi 8 janvier gagné autant que le salaire annuel d’un travailleur moyen.

Ce mercredi 8 janvier, soit en seulement 5 jours de travail, la rémunération des dirigeants du Bel20 atteint le niveau du salaire annuel d’un travailleur moyen, selon le PTB. C’est un jour plus tôt que l’année dernière.

Salaire médian

Le PTB arrive à cette conclusion en comparant le salaire médian des PDG avec celui des travailleurs à temps plein. Selon le PTB, le salaire annuel brut médian d’un travailleur belge était d’environ 55 000 euros en 2023 alors que le salaire d’un CEO du Bel20 s’élevait à environ 2,8 millions d’euros (plan pension et primes comprises).

Il en ressort que les premiers gagnent 51,14 fois plus que les seconds. Ce qui signifie qu’un PDG n’a besoin que de 4,69 jours ouvrables pour toucher l’équivalent du salaire annuel médian d’un employé. Soit, en supposant que leur année de travail est faite de 260 jours, ce cap est atteint après avoir travaillé 5 heures et 10 minutes ce mercredi.

On rappellera tout de même que le salaire médian correspond au niveau de rémunération qui divise la population en deux groupes égaux : la moitié gagne moins, l’autre moitié gagne plus. Ce qui signifie que certains CEO du Bel20 gagnent plus et que d’autres gagnent moins. Et que donc tous les CEO du Bel20 n’ont pas atteint ce cap aujourd’hui. Et d’autre l’ont probablement atteint plus tôt. Ainsi, en 2023, Ilham Kadri, de Solvay, a été la PDG la mieux rémunérée en Belgique avec près de 22 millions d’euros (la prime unique de 12 millions d’euros liée à la scission de l’entreprise Syensqo, qu’elle dirige désormais, incluse). Sa rémunération représentait plus de 400 fois le salaire médian des employés. Le PTB précise que les primes versées au CEO du Bel20 ont atteint 28,5 millions d’euros en 2023.

Et ailleurs en Europe ?

Cette idée de comparer les salaires des PDG les mieux payés à ceux des travailleurs ordinaires n’est pas une idée du PTB. Elle vient d’une organisation britannique, le High Pay Centre qui à l’origine l’avait baptisé le « Fat Cat Day » (littéralement, la journée des gros chats). Au Royaume-Uni les inégalités salariales semblent encore plus marquées qu’en Belgique. Car ce jour tombe déjà le 6 janvier. C’est d’autant plus remarquable que la brochette de comparaison est plus large. De l’autre côté de la Manche ce sont les CEO des 100 plus grandes entreprises cotées en bourse qui sont comptabilisés. En France aussi ce cap a été franchi le 6 janvier à 16 heures et 49 minutes, selon Oxfam qui a basé son calcul sur les dirigeants des quarante entreprises du CAC40.

Aux Pays-Bas, à en croire le syndicat FNV, ce cap est franchi le mardi 7 janvier. On signale tout de même que chez nos voisins du nord, le calcul n’est pas basé sur le salaire médian, mais sur une comparaison entre les salaires des 16 PDG les mieux rémunérés et le salaire minimum. Ici aussi, il s’agit d’une moyenne. Ainsi Frans Muller, le CEO Ahold Delhaize et CEO le mieux payé des Pays-Bas, avait lui déjà dépassé ce cap le 2 janvier à 12h21.

Aux États-Unis, le fossé est encore plus extrême. En 2023, les CEO des boîtes cotées au S&P 500 gagnaient en moyenne 268 fois le salaire annuel moyen des employés de leur entreprise. Leur rémunération moyenne était ainsi de 17,7 millions de dollars, en hausse de 6% par rapport à 2022, selon les chiffres de l’organisation syndicale AFL-CIO. Un employé gagnant le salaire moyen doit travailler plus de cinq carrières pour gagner ce que gagne son CEO en un an. Les cours boursiers ont augmenté en 2024, il est donc fort à parier que le fossé soit encore plus grand aujourd’hui.

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