Eric Domb, CEO de Pairi Daiza: “Le problème de la Wallonie, ce sont les idéologies”

Eric Domb, CEO de Pairi Daiza. © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

À quelques jours des élections, Trends-Tendances a interrogé une vingtaine de CEO, pour prendre le pouls des entreprises. Le patron de Pairi Daiza regrette que les pouvoirs publics entravent son développement en ne le soutenant pas sur l’enjeu de la mobilité. C’est révélateur de “la haine des entreprises privées”, dit-il. Il faut changer les mentalités.

TRENDS-TENDANCES. Quel est le défi majeur pour votre l’entreprise?

ERIC DOMB. Ce que nous vivons est assez symptomatique du problème wallon. Chez Pairi Daiza, nous avons une vision très claire de notre développement. Nous sommes un des plus gros investisseurs de Wallonie – plus d’un milliard d’euros depuis 1994 – et nous le faisons essentiellement auprès d’entreprises wallonnes actives dans notre province, avec de nombreux emplois à la clé. Notre impact est important. Mais ce qui nous obsède ne dépend pas de nous. L’enjeu majeur, c’est la mobilité. Ce que nous demandons est simple: un contournement du village qui jouxte le parc au nord pour faciliter le trafic routier, ainsi qu’un raccordement à la ligne TGV venant de France, qui traverse le Hainaut. Cela ne représente que quelques millions d’investissements.

Or, ces dossiers sont prisonniers d’un discours idéologique, tenu par des responsables politiques peu conscients des réalités de l’économie de marché. Tenez-vous bien, un parti de la coalition wallonne sortante nous demande de payer cette route et soutient un mouvement de protestation contre les quais de la ligne TGV. Quand vous avez une locomotive qui surperforme comme Pairi Daiza, l’intérêt des pouvoirs publics devrait être de l’aider à se développer et à éviter l’asphyxie. Cela augmente la base imposable, cela crée des emplois et de l’activité. Or, on ne nous soutient pas en se cachant derrière des prétextes environnementaux et écologiques. Alors que Pairi Daiza est une entreprise exemplaire dans ce domaine.

Cette obstruction symbolise-­t-elle un problème plus large?

Derrière cela, il y a un combat idéologique porté de façon hypocrite: une haine de l’entreprise privée.

A ce point-là?

Certainement. Le vrai problème wallon est un problème de mentalité, de culture et d’idéologie. Ce n’est pas un problème objectif. Même si les normes et la bureaucratie sont embêtantes, ce n’est pas le problème principal: la Flandre a les mêmes contraintes, mais elle se développe envers et contre tout. L’enjeu chez nous, ce n’est même pas d’encoura­ger les entreprises, c’est… de ne pas empêcher leur développement.

Je suis persuadé que notre parc de loisirs a encore un potentiel important, encore faut-il que celles et ceux qui sont aux manettes souhaitent nous accompagner en ce sens. Je vous rappelle aussi ce qui s’est passé avec Lego et Le Puy du Fou, deux opérateurs touristiques hyper performants qui ont envisagé s’installer chez nous. Dans ce dernier cas, le projet a avorté en raison d’une pétition lancée contre la philosophie du Puy du Fou. Je ne suis pas un aficionado de cela, on peut discuter des opinions de ses promoteurs, mais ce n’est pas antidémocratique et les Français ont déjà tranché le sujet: c’est une des attractions les plus populaires en France. Sur le plan du spectacle, ce qu’ils réalisent est magnifique. Mais on les a découragés de venir! Tant mieux pour nous? Pas du tout. J’ai fait des pieds et des mains pour que Lego et Le Puy du Fou s’instal­lent chez nous. Je suis totalement convaincu que notre Région, par ses villes d’art, sa gastronomie et la gentillesse des habitants, a un potentiel touristique énorme. Et l’attractivité attitre l’attractivité. Mais on s’y refuse. Je le répète: le problème de la Wallonie, ce sont les idéologies!

Le coup de gueule des patrons

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