De Tirlemont à Weight Watchers, qui est Eric Wittouck, le Belge le plus riche selon Forbes?
Eric Wittouck est la personne la plus riche de Belgique selon le site Forbes. Il occupe la position 261 sur la liste des personnes les plus riches du monde. Wittouck dispose d’une fortune estimée à 8 milliards de dollars, soit 7,3 milliards d’euros convertis, selon Forbes. Voici le portrait de l’ancien magnat du sucre qui a vendu son entreprise et réinvesti intelligemment.
Eric Wittouck était encore peu connu lorsqu’il est apparu pour la première fois dans la liste Forbes des 400 des personnes les plus riches du monde, il y a cinq ans. Depuis, sa fortune a chuté dans les calculs de Forbes, et les 10 milliards de dollars estimés il y a deux ans sont tombés à 9 milliards de dollars l’année dernière, et à 8 milliards de dollars cette année. Plusieurs sources estiment toutefois que sa fortune est plus élevée.
L’homme de 73 ans est classé 261 sur la liste Forbes, qui comprend également les Belges Nicolas D’Ieteren (3,6 milliards de dollars), Catheline Perier D’Ieteren (3 milliards de dollars) et Luc Tack (1,2 milliard de dollars). Il y a deux ans, le nom d’Eric Wittouck figurait également dans la liste des 200 Belges les plus riches établie par le journaliste Ludwig Verduyn. À l’époque, sa fortune était estimée supérieure à celle d’Alexandre Van Damme. Ce dernier est le premier actionnaire individuel d’AB InBev.
Tsars du sucre
Eric Wittouck a grandi dans une famille riche qui, du côté de sa mère, la princesse Hélène Sherbatow, était liée à la famille tsariste russe qui a fui la Russie en 1920. Paul Wittock, le grand-père d’Eric, était actif dans l’industrie sucrière, construisant des usines à Wanze, Breda et Bergen op Zoom. Son grand-père a acheté la raffinerie de sucre de Tirlemont en 1894. Celle-ci s’est développée pour devenir l’une des plus grandes d’Europe.
Le capital d’Eric Wittouck est encore largement dû à la sucrerie de Tirlemont. Diplômé de la Solvay Brussels School of Economics, il s’est lancé dans l’entreprise avec ses frères. En 1989, l’usine est vendue à l’entreprise allemande Südzucker. La vente s’est faite par l’intermédiaire du holding luxembourgeois Artal, qui appartenait à la famille Wittouck et à des proches.
Réinvestissement réussi
Dans les années qui ont suivi, Artal a utilisé l’argent pour réaliser plusieurs investissements dans Neuhaus, l’entreprise gantoise de biotechnologie Plant Genetic Systems, Pizza Hut et plusieurs boulangeries industrielles à l’étranger, entre autres. Par l’intermédiaire du véhicule d’investissement américain Invus Investments, la famille Wittouck a également investi son argent dans des fonds à effet de levier et des opérations de capital-investissement, entre autres.
Au régime
En 1999, l’acquisition de la société de régime Weight Watchers, rachetée à l’entreprise alimentaire américaine Heinz par l’intermédiaire d’Artal, a été importante pour Wittouck. La holding luxembourgeoise a déboursé 672 millions d’euros pour l’acquérir. Ironie du sort, bien sûr, car c’est avec l’argent du commerce du sucre qu’il a réinvesti dans les régimes. Aujourd’hui, Artal détient toujours 21 % de la société de produits diététiques, ce qui en fait le principal actionnaire.
Un deuxième investissement crucial a été réalisé dans Blue Buffalo Pet Company, une société qui fabrique des aliments biologiques pour animaux de compagnie. La famille Wittouck a empoché 3,4 milliards de dollars lorsque l’entreprise a été vendue à la société américaine General Mills en 2018. C’est ce que révèle le site spécialisé Fintel.
2,025 milliards de dividendes
Le nom du holding Artal est apparu en 2014 comme l’une des sociétés impliquées dans les LuxLeaks. Des accords fiscaux spéciaux entre le holding et le fisc luxembourgeois permettent à Artal de bénéficier d’un taux d’imposition favorable.
En août de l’année dernière, De Tijd a rapporté qu’Artal s’était versé un dividende de 2,025 milliards d’euros. Il s’agit d’un des montants les plus élevés jamais atteints par un actionnaire belge. Il semble qu’il s’agisse d’une opération vestzak-broekzak, le dividende servant à rembourser une dette antérieure datant de 2003. Cette dette avait été contractée pour permettre à Artal de transférer des actions en interne.
Wittouck veut éviter autant que possible l’attention du public. On ne trouve pratiquement aucune image de lui et il n’accorde jamais d’interviews. En 2020, M. Wittouck a réagi à un article du site web De Rijkste Belgen qui estimait sa fortune à 10,8 milliards d’euros. “En ce qui concerne les commentaires manifestement incorrects de votre article, l’estimation du patrimoine d’Eric Wittouck à 10,8 milliards d’euros est fantaisiste et ne correspond pas à la réalité”, a publié De Rijkste Belgen dans le cadre d’un droit de réponse.
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