Damien De Dobbeleer, le pari du producteur scénographe

Damien De Dobbeleer
Damien De Dobbeleer. © D.R.
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

Avec sa triple casquette de comédien, producteur et metteur en scène, Damien De Dobbeleer ressuscite ‘‘Alice au pays des merveilles’’ cet été au Château de Rixensart. Portrait d’un entrepreneur culturel qui fait rimer art et business.

Dans quelques jours, la jeune Alice prendra possession du pays des merveilles au Château de Rixensart. Du 16 juillet au 17 août, l’héroïne de Lewis Carroll sera en effet la vedette d’un tout nouveau spectacle spécialement conçu pour ce domaine d’exception, au cœur du Brabant wallon. Du théâtre ‘‘à la belle étoile’’ où près de 20 acteurs revisiteront les personnages déjantés de cette œuvre majeure popularisée par Disney.

Derrière ce rêve éveillé qui mixe culture et nature se cache un trentenaire fougueux qui multiplie volontiers les casquettes. Comédien reconnu sur les planches belges et françaises, Damien De Dobbeleer signe ici la production, l’adaptation et la mise en scène de cette Alice au pays des merveilles revisitée à la sauce patrimoniale. L’homme est un habitué du Château du Rixensart puisqu’il renouvelle cet exercice de style pour la troisième année consécutive. Après La Guerre des Boutons revue et corrigée en 2022 et La Belle et la Bête revigorée l’année dernière, le producteur scénographe se frotte cette fois au chef-d’œuvre de Lewis Carroll pour l’été 2024. ‘‘L’intention thématique, c’est de s’attaquer à de grands classiques et de les réécrire sur mesure pour ce lieu magistral en s’adressant à une cible familiale, confie Damien De Dobbeleer. Avec Alice au pays des merveilles, je garde les codes, mais je les ‘twiste’ pour mieux intégrer l’histoire dans le charme désuet de l’architecture espagnole du Château de Rixensart.’’

Le pari de la rentabilité

Au-delà du défi de l’adaptation d’un roman mythique pour un divertissement de plein air, c’est surtout le pari de la rentabilité que se joue cet été au Château de Rixensart. Homme-orchestre de la scène artistique formé aux conservatoires de Mons et de Gand, le jeune producteur est aussi un entrepreneur culturel qui mène sa barque seul (ou presque) pour financer ses propres spectacles au sein de la D³ Drama Company. Des spectacles qui monopolisent une cinquantaine de collaborateurs dont 20 artistes sur scène le temps d’un été, auxquels il faut ajouter le coût des costumes, des décors et de toute la logistique inhérente à ce type de projet…

Bien sûr, Damien De Dobbeleer peut compter sur un minimum d’argent public (à peine 10% de son budget) et sur le mécanisme du tax shelter pour monter ses productions, mais c’est majoritairement la billetterie qui lui permet de garantir la pérennité de ses aventures théâtrales. ‘‘Cette année, la ministre écolo de la Culture Bénédicte Linard nous a laissé tomber et nous avons donc eu deux fois moins d’apport public pour tous les niveaux de pouvoir confondus (ville, province, Région wallonne et Fédération Wallonie-Bruxelles, Ndlr), déplore le producteur scénographe, mais heureusement, on ressent aujourd’hui un réel engouement au niveau des réservations, étant donné la fidélité du public et la notoriété grandissante de nos spectacles au Château de Rixensart.’’

Avec ses deux premières productions, Damien De Dobbeleer est ainsi passé de 5.500 spectateurs pour La Guerre des Boutons en 2022 à près de 7.000 entrées l’année suivante pour La Belle et la Bête. Cet été, il espère encore monter d’un cran puisque la jauge théorique de son nouveau spectacle est de 660 places pour les 22 représentations prévues d’Alice au pays des merveilles, soit un potentiel maximal de 13.200 spectateurs. Pour assurer sa survie commerciale et surtout dégager du bénéfice, le producteur peut aussi compter sur quelques sponsors et sur un espace de restauration accessible avant et après le show.

Une foule de projets

Nominé ‘‘Meilleur Espoir masculin du théâtre belge’’ pour son rôle du jeune amoureux dans Roméo et Juliette en 2011, Damien De Dobbeleer s’est ensuite illustré dans une vingtaine de productions belges et françaises durant les années 2010. Il a joué dans une centaine de théâtres, campé plusieurs rôles au cinéma, avant de se lancer lui-même dans la mise en scène en 2016 avec l’adaptation du Voyage au bout de la nuit de Céline au Théâtre de la vie, suivi d’autres pièces comme La Vie trépidante de Brigitte Tornade monté en mai dernier au Théâtre Royal des Galeries ou encore Tous les phoques sont des sirènes programmé au Théâtre Varia l’année prochaine.

Plus que jamais, le comédien-producteur-scénographe multiplie les projets et songe déjà au nouveau spectacle qu’il montera en 2025 au Château de Rixensart. Insatiable, il travaille aussi, en ce moment, sur un projet cinématographique, cette fois en tant que réalisateur, qu’il comte bien mener à terme dans les trois ans qui viennent. Avec toujours cette casquette d’entrepreneur culturel qui le force à trouver un subtil équilibre entre business et poésie: ‘‘J’arrive facilement à passer de l’un à l’autre, conclut Damien De Dobbeleer, car j’ai autant la fibre artistique qu’un esprit cartésien. Il ne faut surtout pas les opposer. Au contraire, les deux ensemble ne font que des étincelles positives !’’

Un peu comme Alice propulsée cet été au Château de Rixensart…

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