15 millions d’euros pour le CEO d’UBS : jusqu’où ira l’indécence des rémunérations des grands patrons ?

Sergio Ermotti

Le rapport annuel de la banque suisse UBS révèle que son CEO a reçu l’an dernier 14,9 millions de francs suisses, soit 15,5 millions d’euros. Ce salaire représente un salaire brut de 42 500 euros par jour, soit l’équivalent du salaire annuel brut moyen d’un travailleur belge. Une rémunération mirobolante qui suscite la polémique.

La rémunération de près de 15 millions d’euros sur une année de Sergio Ermotti, CEO de la banque suisse UBS, depuis 2023 passe très mal. Comment justifier un tel salaire mirobolant ?  L’argument souvent avancé pour justifier ces rémunérations qui dépassent l’entendement est que des CEO bien rémunérés créent une valeur ajoutée pour les actionnaires. Mais est-ce vraiment le cas ? De nombreux facteurs échappent au contrôle d’un CEO, comme le cycle économique, analyse De Standaard. Sergio Ermotti n’a toutefois pas à s’inquiéter. Depuis qu’il a pris les rênes en avril 2023, le cours de l’action UBS a déjà augmenté de 62 %. A titre de comparaison, son prédécesseur, le Néerlandais Ralph Hamers, avait encaissé 13 millions en 2022.

149 millions pour l’ensemble de la direction

La rémunération de l’ensemble de la direction d’UBS pour l’année dernière a ainsi enflé de 3,12 millions d’euros à pas moins de… 149 millions, rapporte Le Temps. Fin décembre, le comité exécutif comprenait encore 15 membres, un de moins que douze mois auparavant. Le président Colm Kelleher a de son côté encaissé 5,7 millions, contre 4,8 millions un an plus tôt. L’enveloppe dévolue aux 12 membres de l’organe de surveillance a enflé de près de 1 million à 16,6 millions.

Limiter la rémunération des patrons à 5 millions

La rétribution du directeur général d’UBS de 2023 avait déjà été très critiquée rapporte le quotidien suisse. Karin Keller-Sutter, la conseillère fédérale chargée des Finances, avait indiqué que ce salaire «dépassait l’imagination de tout citoyen normal». Par ailleurs, divers responsables du PLR, parti suisse pourtant proche des milieux bancaires, avaient admis que le niveau des bonus «détruisait la confiance de la population» dans le secteur.  

Le vote récent en faveur d’une motion voulant limiter les émoluments des dirigeants des grandes banques suisses, au Conseil des Etats, montre que le sujet demeure sensible en Suisse. La Chambre haute s’est prononcée en faveur d’une limitation à 5 millions de francs par an (5 240 500 d’euros). La publication du salaire de Sergio Ermotti intervient alors que les débats sur la régulation bancaire des banques systémiques battent leur plein, presque deux ans après la disparition de Credit Suisse.

2,2 millions pour le CEO de Proximus

En comparaison, en Belgique, le salaire du CEO de la banque KBC, Johan Thijs, s’élève à 3,62 millions d’euros. Depuis sa prise de fonction en 2012, l’action de KBC a été multipliée par 7. Thijs a été maintes fois récompensé en tant que dirigeant bancaire au niveau international. Chez Proximus, le CEO Guillaume Boutin, critiqué pour sa gestion de l’entreprise de télécoms belges dont il vient d’annoncer le départ, a vu son salaire presque doubler pour atteindre 2,2 millions d’euros. L’action de l’opérateur télécom a pourtant chuté des trois quarts depuis son arrivée. Finalement, s’interroge De Standaard, ne serait-ce pas simplement une question de savoir qui négocie le mieux ?

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