Les industries belges à forte consommation d’énergie sont sous pression. Entre la flambée des tarifs de transport, le prix du carbone et un écart croissant avec les États-Unis, leur compétitivité à moyen terme est gravement menacée, selon une analyse alarmante de la Banque nationale de Belgique.
La Banque nationale de Belgique tire la sonnette d’alarme: les industries intensives en énergie (IIE) belges sont confrontées à une perte de compétitivité croissante. En cause ? Une combinaison de facteurs défavorables, parmi lesquels des coûts énergétiques toujours plus élevés et un système de tarification du carbone strict.
Des secteurs industriels cruciaux sous pression
Les branches les plus exposées sont, selon la BNB, celles des produits chimiques, des métaux de base, des produits minéraux non métalliques, des produits à base de pâte à papier et de papier, du bois et des produits en bois, ainsi que du raffinage.
Les industries intensives en énergies (IIE) belges semblent plus sensibles aux chocs sur les prix de l’énergie que leurs homologues françaises, allemandes et néerlandaises, ce qui pourrait compromettre davantage la compétitivité à moyen terme, détaille la BNB.
La Banque nationale précise qu’actuellement, les IIE belges génèrent quelque 3% de l’emploi total et 4% de la valeur ajoutée. La Flandre enregistre le plus grand nombre d’emplois IIE en termes absolus, puisqu’elle en abrite 75%. Au total, un éventuel choc négatif dans ces industries pourrait directement affecter 130.000 postes.
L’écart structurel entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis au niveau des prix industriels de l’électricité et du gaz naturel s’est considérablement creusé, ce qui pénalise les IIE de l’UE sur les marchés nationaux et internationaux, souligne encore la Banque nationale dans son analyse.
Une facture énergétique toujours plus lourde
Cette dernière ajoute qu’en 2024, les grands consommateurs industriels d’énergie en Belgique ont fait face à des prix de l’électricité alignés sur ceux des pays voisins, mais à des prix du gaz naturel inférieurs. En 2025, les tarifs du réseau de transport pour les grands consommateurs d’électricité ont doublé par rapport à leur niveau de 2024, ce qui met sous pression la compétitivité des IIE belges.
Le système d’échange de quotas d’émission de l’UE (EU-ETS) se traduit par des coûts énergétiques plus élevés pour les IIE, à la fois directement, par l’achat obligatoire de quotas d’émission de carbone, et indirectement, au travers de la hausse des prix de l’électricité liée à sa production à partir de combustibles fossiles.
La BNB préconise une approche cohérente à l’échelle européenne et aux niveaux nationaux en harmonisant les incitants privés et en encourageant les investissements dans des processus de production à faible émission de carbone, tout en garantissant la soutenabilité économique. Un système énergétique fiable et résilient sera par ailleurs essentiel pour fournir une énergie verte et abordable afin de concilier la durabilité à long terme et la compétitivité des IIE belges et européennes sur un marché mondial de plus en plus concurrentiel.
Une autre menace: les droits de douane américains
Cette analyse a été achevée avant l’annonce de nouveaux droits de douane substantiels sur les exportations vers les États‑Unis, qui accroîtront selon toute vraisemblance les défis en matière de compétitivité, conclut la BNB.
Le mois dernier, une étude de Deloitte, commandée par Febeliec, qui représente les gros consommateurs industriels d’énergie, révélait que les consommateurs industriels belges continuent en 2025 à payer leur électricité nettement plus cher que leurs concurrents des pays voisins. Les prix “tout compris” ont légèrement baissé en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais ont augmenté en Belgique pour l’industrie en raison de la forte hausse des tarifs de transport.
Le handicap pour l’industrie belge atteint désormais, selon les résultats de l’étude, 12 à 23% par rapport à la moyenne des pays d’Europe Centre-Ouest (Belgique, Pays-Bas, France et Allemagne), selon les régions et le profil de consommation. Febeliec souligne que les coûts de l’énergie en Europe sont également nettement plus élevés que dans d’autres grandes régions du monde comme l’Amérique du Nord et du Sud, le Moyen-Orient et l’Australie.