L’incubateur bruxellois WAT s’ouvre avec deux ans d’avance mais en version “beta”

Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Le projet WAT devait voir le jour en 2027. Il démarre finalement cet automne, dans une version allégée. Objectif : tester le concept et fédérer une communauté d’entrepreneurs autour d’un esprit expérimental.

Surprise ! Alors qu’il annonçait le lancement de son incubateur à start-up d’ici 2027, Thibaud Elzière, figure emblématique de la tech en Belgique et en France, démarre finalement son projet WAT dès septembre. Mais en version expérimentale. « Après l’annonce du projet en juin, nous avons reçu énormément de demandes d’entrepreneurs impatients, détaille Thibaud Elzière. Dire ‘revenez dans deux ans’ n’avait pas de sens. Alors, plutôt que d’attendre, on lance une version bêta, gratuite et expérimentale ». À l’image d’un logiciel, le WAT se lance en version « bêta ». L’image est volontaire : à l’instar d’un logiciel, l’incubateur sort en première version incomplète, brute et temporaire, dans un espace réduit de 1 000 m² (au lieu de 10 000) à Ixelles. L’accès sera gratuit pour les entrepreneurs sélectionnés.

Un “proof of concept” grandeur nature

Le WAT(beta) nécessite encore trois semaines d’aménagement d’ici son lancement. Mais le lieu, fraîchement acquis par Thibaud Elzière, a pourtant déjà servi : il a accueilli cet été la NoCode School, une initiative gratuite qui a rassemblé plus de 250 enfants autour de l’intelligence artificielle. Le lieu a été repeint, mais doit à présent être équipé de sanitaires et de douches, et meublé grâce à l’appui de plusieurs partenaires. Bref, un aménagement temporaire pour la version bêta qui sera financé par Thibaud Elzière sur fonds propres : entre 50 000 et 100 000 euros sont prévus à cet effet. Mais l’idée n’était pas de faire un espace luxueux : « juste un endroit viable, qui stimule l’envie de créer », détaille l’entrepreneur qui revendique l’aspect « sauvage » du lieu. Café Nespresso, équipements Technogym ou bières du Brussels Beer Project : les sponsors se sont mobilisés pour équiper gratuitement l’espace qui pourra accueillir 100 entrepreneurs. « Nous apportons tout ce qu’il faut pour travailler dans de bonnes conditions. En retour, nous comptons sur les entrepreneurs pour amener leurs idées et leur énergie, afin de créer une véritable émulsion collective », se réjouit Elzière.

Les candidatures sont ouvertes à des start-up early stage, belges ou européennes, dans des secteurs stratégiques : climat, énergie, santé, mobilité, foodtech, fintech, sécurité, immobilier, divertissement. Le processus de sélection reste volontairement simple, centré sur le secteur d’activité et le parcours de l’équipe.

Une marque à ancrer

Avec WAT(beta), Thibaud Elzière et son équipe font le pari d’ancrer la marque dans le paysage tech bruxellois dès maintenant. L’expérience doit durer au minimum quatre mois, jusqu’au lancement des travaux définitifs du WAT qui pourraient démarrer au début de 2026. « Pendant les chantiers, il faudra trouver d’autres manières de faire vivre WAT. Mais au fond, le lieu importe moins que l’état d’esprit. Ce qui compte, c’est de fédérer l’écosystème européen autour d’un projet commun », continue Thibaud Elzière qui n’a toutefois pas encore de solution pour la période des travaux. « Peut-être déplacer tout le monde dans un autre lieu. Nous verrons. »

En attendant son futur site de 10 000 m², WAT s’offre donc une version allégée mais qui pose les bases d’une future communauté. Une manière pragmatique de transformer la forte attente en dynamique immédiate, tout en posant les bases de ce que devra être, demain, l’un des pôles européens de l’innovation

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