Licenciement record de cols blancs chez Amazon, avant le tour des cols bleus…

Travailleur dans un entrepôt robotisé d’Amazon. (Photo by Nathan Stirk/Getty Images) © Getty Images
Charly Pohu

Le géant de l’e-commerce Amazon va se séparer de 30.000 employés. En partie à cause de l’IA. Mais ce n’est peut-être qu’un avant-goût d’une plus grande tendance.

30.000 : c’est le nombre de postes qui seraient sur la sellette chez Amazon. Cela représente un peu moins de 10% des 350.000 employés que compte le groupe. Il engage en tout 1,55 million de personnes dans le monde (ouvriers et chauffeurs inclus, par exemple), mais ce sont les employés de bureau qui sont visés par ces coupes. Comme les ressources humaines, les équipes opérationnelles, des appareils, des services, d’Amazon Web Services. Bref, les cols blancs.

Ces licenciements commencent dès ce mardi, apprennent des sources proches du dossier à Reuters. Le groupe en dira sans doute plus lors de ses résultats trimestriels, présentés ce jeudi soir.

L’IA, mais pas que…

Pourquoi ces licenciements ? Amazon a trop embauché lors de la pandémie et rationalise donc ses effectifs. En 2022 déjà, le groupe s’était séparé de 27.000 personnes. Cela lui permet aussi de réduire les coûts, dans un contexte de lourds investissements dans l’IA et de droits de douane américains plus élevés, qui peuvent avoir un impact sur la demande et les marges.

Il y a aussi la grande chasse à la bureaucratie et à l’inefficacité voulue par le CEO Andy Jassy qui entre en ligne de compte. Il veut ainsi réduire le nombre de managers pour alléger la structure. Jassy a également mis sur pied un système de signalement anonyme pour remonter les pertes d’efficacité.

Mais il y a aussi l’intelligence artificielle, pour motiver les licenciements. En juin, Jassy indiquait que l’utilisation des outils d’IA mènerait à la suppression d’emplois. Surtout en ce qui concerne les tâches répétitives, qui sont facilement automatisables… et qui font sans doute partie du quotidien de nombreux employés d’Amazon.

Robotique

Et ce n’est peut-être que le début de la réduction des effectifs. En arrière-fond, Amazon travaille sur un grand plan de robotisation de ses forces. Qui lui permettrait ainsi de réduire les effectifs humains, ou d’embaucher beaucoup moins. On touche aussi aux cols bleus. D’ici 2033, les robots pourraient remplacer 600.000 ouvriers, dans les entrepôts.

Et d’ici 2027, l’impact pourrait déjà être de 170.000 postes automatisés. Amazon économiserait ainsi 12,6 milliards de dollars. Ces chiffres sortent de documents qui datent d’il y a quelques mois, mais que le New York Times a découvert la semaine dernière.

De quoi en tout cas relancer le débat sur le remplacement du travail humain par la machine… Est-ce une destruction créatrice (la fameuse théorie de Schumpeter) qui créera d’autres emplois, comme ce fut le cas avec les autres révolutions technologiques, ou juste une perte d’emplois généralisée ?

La subtilité du télétravail

Les licenciements de ce mardi se font aussi sur base du télétravail. Plus tôt cette année, Amazon a en effet imposé à ses employés de revenir travailler au bureau cinq jours sur cinq. Mais sans grand succès – de nombreux travailleurs ont continué le télétravail. Certains habitent par exemple loin.

Ceux qui ne sont pas présents tous les jours reçoivent donc maintenant une lettre leur indiquant qu’ils ont ainsi volontairement quitté leur travail. Amazon ne doit ainsi pas payer d’indemnités de rupture de contrat et fait des économies.

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