Les structures gonflables, un business qui ne manque pas d’air
En 1943 déjà, les puissances alliées étaient parvenues à leurrer les nazis grâce à des chars en caoutchouc. Septante ans plus tard, la ruse n’a pas pris une ride. En Ukraine, c’est grâce à des blindés gonflables que les deux camps trompent l’ennemi. Relativement bon marché, mais surtout légères et mobiles, les structures gonflables présentent beaucoup d’atouts très attractifs pour de nombreux secteurs.
Aussi dramatique soit-elle, la guerre profite à des acteurs économiques parfois inattendus, comme certains fabricants de structures gonflables. Capable de reproduire un lance-roquette Himars ou un char Abrams en quelques jours, le tchèque Inflatech approvisionne ainsi régulièrement les gouvernements aux quatre coins du monde. A-t-il vendu ses répliques à l’Ukraine? Aucune confirmation officielle. Mais la société a admis avoir vu sa production multipliée par deux au cours des 12 derniers mois.
10.000 à 100.000 euros
Prix des répliques gonflables de matériel militaire vendues par le tchèque Inflatech. Composées de soie synthétique, elles ne pèsent que 25 à 49 kg.
Loisirs XXL
Pas de surprise, ce sont surtout les secteurs de l’outdoor et des loisirs qui se sont emparés initialement du gonflable. Mais il est loin le temps des premiers matelas ou châteaux pneumatiques. “La tendance est désormais à la démesure, explique Ben Dekeirel, directeur d’Hadek, l’un des plus gros fournisseurs de jeux gonflables en Belgique. Il n’est plus rare de vendre ou louer des installations de 1.000 à 2.000 m2.”
Des toboggans aux parcs de trampolines en passant par les parcours d’aventure ou les circuits de karting, tout se décline désormais en version gonflable. Y compris les églises pour les amateurs de mariages insolites… “On peut reproduire n’importe quelle forme à partir d’un dessin ou en réalisant un scan 3D d’un objet. Tout est question de budget.”
Démocratisation
Devenu trop onéreux au lendemain du choc pétrolier, le gonflable avait plus ou moins disparu dans les années 1970. Mais la conjoncture a évolué, tout comme la technologie. Depuis une décennie, c’est justement grâce à ses qualités pratique et économique que cette option séduit à nouveau. Plus besoin de dépenser des fortunes pour installer un spa sur sa terrasse, ni de disposer d’un hangar ou d’une remorque pour se mettre au paddle ou à la voile! Disponibles en version gonflable, ces activités touchent désormais un public plus large, mais pas moins exigeant pour autant. Et ça tombe bien car le gonflable a souvent largement de quoi rivaliser avec ses concurrents. Outre-Atlantique, le Tiwal 2, dériveur gonflable mis au point par la Française Marion Excoffon, a même été élu meilleur bateau de sa catégorie en 2020.
Source d’innovation
Bien plus qu’un pis-aller, le gonflable s’impose de plus en plus comme une solution innovante. Exemples? Bumpair, le casque de vélo strasbourgeois qui se gonfle en quelques secondes pour offrir une protection quatre fois supérieure à celle d’un casque classique. Ou Lightweight Expeditionary Bridge, le pont américain qui se déploie et se replie en 30 minutes pour permettre aux troupes de franchir les obstacles. Ou encore les nombreux barrages prévus pour contenir les hydrocarbures en cas de pollution mais aussi pour réguler l’irrigation sur les cours d’eau. Lors des crues, ils se dégonflent pour laisser passer l’eau et les sédiments qui la composent. Résultat, un impact minimal sur la faune et la flore!
Un Airbnb sur la Lune
Et si le gonflable était aussi un moyen d’aller explorer les environnements extrêmes, comme les pôles ou la Lune? C’est en tout cas le pari de la start-up française Spartan Space. Sa solution: un habitat gonflable, arrimé à un atterrisseur lunaire, qui pourrait servir de base secondaire aux astronautes.
“L’idée serait de louer ces habitats aux agences spatiales, précise Peter Weiss, cofondateur de Spartan Space. Sur la Lune, les zones les plus intéressantes à explorer scientifiquement sont trop éloignées des zones d’atterrissages. Ces relais pourraient permettre aux astronautes de s’éloigner un peu plus de leur base.” Techniquement opérationnelle d’après l’ingénieur, la solution pourrait faire partie de la mission américaine Artemis III, prévue en 2030: “Il ne manque plus qu’une volonté politique européenne de vraiment faire partie de l’expédition ; les financements suivront”.
Sandrine DIGNOCOURT
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Hadek
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Siège social:
Wevelgem
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Secteur:
Speelgoed
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Toegevoegde waarde:
146980