Les plateformes Shein et Temu bientôt inaccessibles en Belgique ?

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Caroline Lallemand

La Belgique s’inscrit dans une dynamique européenne de régulation et de contrôle renforcé des plateformes de commerce en ligne Shein et Temu, très controversées pour leurs pratiques et l’impact sur le commerce local.

Les autorités belges, en collaboration avec la Commission européenne et d’autres États membres, participent à une enquête conjointe sur Shein et Temu via le réseau de coopération en matière de protection des consommateurs (CPC). Cette enquête cible la conformité aux normes européennes, la sécurité des produits, la transparence commerciale et la protection des consommateurs, notamment les mineurs.

Des pratiques trompeuses

La Commission européenne, avec la participation de la Belgique, a donné un délai à Shein pour répondre aux préoccupations sur des pratiques trompeuses, telles que de faux rabais ou des informations mensongères. En cas de non-conformité, des mesures coercitives, incluant des amendes basées sur le chiffre d’affaires, pourront être appliquées.

Si la Belgique n’a pas encore officiellement déréférencé ces plateformes, les fédérations commerciales belges réclament des mesures similaires à celles envisagées en France. La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) peut ordonner le déréférencement, la suspension ou le blocage d’accès à des sites en cas de manquements graves et persistants. Ces fédérations dénoncent une concurrence déloyale liée à l’importation massive de produits non conformes.

Concurrence déloyale

Shein et Temu sont également sous surveillance accrue dans le cadre du Digital Services Act (DSA), qui impose un contrôle renforcé des grandes plateformes numériques, notamment sur les interfaces trompeuses, la protection des mineurs et la traçabilité des vendeurs.

La Belgique soutient également la réforme douanière européenne visant à supprimer l’exonération des droits de douane sur les petits colis (moins de 150 euros), une mesure qui cible directement le flux massif de produits à bas coût importés via Shein et Temu. Cette réforme permettra un meilleur contrôle douanier et une taxation plus équitable.

Par ailleurs, des campagnes d’information sont demandées pour alerter les consommateurs belges sur les risques liés à l’achat sur ces plateformes, en particulier sur la qualité des produits, la sécurité et le respect des droits des consommateurs.

Vers le déréférencement de Shein et Temu ?

En parallèle, en France, les principales fédérations du commerce — notamment le Conseil du Commerce de France (CDCF) et la Confédération des Commerces de France (CCF) — ont adressé une lettre ouverte au gouvernement pour demander le déréférencement immédiat des plateformes Shein, Temu et AliExpress via la DGCCRF.

Elles s’appuient sur des enquêtes européennes révélant que 85 à 95 % des produits vendus sur ces sites ne respectent pas les normes européennes, avec un taux élevé de produits dangereux. Ces fédérations rappellent que la loi française permet déjà de sanctionner ces plateformes, y compris par le blocage ou la suspension d’accès en cas de manquements graves et persistants.

Elles dénoncent également les pratiques déloyales de ces plateformes, telles que l’évasion de la TVA, la non-application des droits de douane, la violation des règles d’étiquetage et le non-respect des périodes de soldes, qui portent préjudice aux commerçants français respectueux des règles et aux marketplaces responsables.

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