Les faillites retrouvent leur niveau de 2019, mais avec des entreprises belges plus nombreuses

Pascal Flisch RESEARCH & DEVELOPMENT MANAGER - Trends Business Information

Avec la clôture du premier semestre, on commence à avoir une bonne idée de la manière dont 2024 se dessine pour notre tissu économique.

Nouvelles entreprises

Comme à chaque fois, on commencera par dire que les chiffres sur les nouvelles entreprises inscrites à la Banque Carrefour ne sont pas stabilisés. Mais ceux dont on dispose sont plutôt encourageants. On dépasse déjà les 66.000 sur le 6 mois de 2024, soit un peu plus qu’à la même époque en 2023 (65.759). Mais ce nombre global cache des disparités régionales importantes. Pour la première fois depuis très longtemps, Bruxelles gagne la palme du dynamisme, avec 8.949 nouvelles entreprises. Ce nombre est loin au-dessus du record de 2021, établi à 7.405. C’est aussi une croissance de 28,23% par rapport à 2023, qui était une mauvaise année pour la Région. Par contre, les autres régions sont en légères baisse. Avec 14.167 nouvelles entreprises, la Région Wallonne fait (à ce jour) un peu moins bien que l’année passée (- 3,05%). La Région Flamande reste de loin la plus entreprenante, avec 38.293 nouvelles entreprises, mais enregistre quand même une baisse de 3,33% par rapport à juin 2023.

Au niveau sectoriel, les activités les plus prisées sont sensiblement les mêmes qu’à l’accoutumée, mais connaissent généralement une forte baisse.

En voici le top 10 :

Activité (nace 5)20232024Evolution
70220 – Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion3.3822.780-17,80%
47910 – Vente à distance1.6231.7759,37%
41201 – Construction générale de bâtiments résidentiels1.6771.331-20,63%
62020 – Conseil informatique1.4171.270-10,37%
82990 – Autres activités de soutien aux entreprises n.c.a.1.6131.253-22,32%
96022 – Soins de beauté1.0741.1799,78%
68321 – Administration de biens immobiliers résidentiels pour compte de tiers1.2541.148-8,45%
43211 – Travaux d’installation électrotechnique de bâtiment1.246872-30,02%
56102 – Restauration à service restreint916766-16,38%
62010 – Programmation informatique792735-7,20%

Dans le top 100 des activités les plus populaires, les plus forte croissances sont les suivantes :

Activité (nace 5)20232024Evolution
43992 – Ravalement des façades47109131,91%
43291 – Travaux d’isolation185371100,54%
49320 – Transports de voyageurs par taxis28854689,58%
90011 – Réalisation de spectacles par des artistes indépendants35251947,44%
81290 – Autres activités de nettoyage8010025,00%
45206 – Lavage de véhicules automobiles22025214,55%
43390 – Autres travaux de finition32236613,66%
43120 – Travaux de préparation des sites30433811,18%
63120 – Portails Internet14816310,14%
96022 – Soins de beauté1.0741.1799,78%

Le secteur du bâtiment semble donc à nouveau attirer les créateurs d’entreprises. Les taxis étaient en forte baisse depuis des années, mais reviennent en force. Les soins de beauté ont toujours été fort populaires et confirment largement cette année. La progression des activités artistiques est plus surprenante et plutôt … spectaculaire.

L’industrie, pourtant si nécessaire à notre économie, est loin dans le classement. Le secteur manufacturier ne compte que 1.904 nouvelles entreprises en 2024, contre 2.215 en 2023, soit une baisse de 14%. De plus, 2.075 entreprises industrielles ont arrêté leurs activités en ce premier semestre. Le secteur perd donc 171 entreprises en 6 mois. C’était 61 à la même époque l’année passée. Il est grand temps de s’en inquiéter.

Faillites

Du côté des arrêts d’activités justement, on a constaté, depuis 2022, une forte augmentation. Le pic de juin 2023, à 54.070, ne sera pas atteint cette année. Mais avec 49.776 cessations, les chiffres de 2022 sont confirmés (49.108) et dépassent de plus de 10% ceux de 2019 (45.029). On notera la proportion toujours plus grande de la part des indépendants dans les cessations. 35.543 (71,41%) contre 14.233 du côté des personnes morales. En 2023, les chiffres absolus étaient encore plus élevés, mais la proportion d’indépendants était de 70,59%. Le vieillissement de la population a une incidence directe sur les statistiques des entreprises.

Il en ressort quand même que le pays est aujourd’hui plus riche de 16.246 entreprises. C’est mieux qu’en 2019 (+ 15.545) et marque surtout un réveil par rapport à 2023 (+ 11.689), qui était particulièrement faible. On notera aussi le fort regain de la Région Bruxelloise, avec un tissu économique enrichi de 2.574 entreprises, contre un pauvre 488 l’année passée. La Région Flamande garde largement la tête du classement, avec un gain de 9.152 unités. Mais sa proportion dans la croissance descend à 56,33%, contre 76,10 % en 2023 et 63,16% en 2019. Rappelons que la proportion d’entreprises en Flandres est de 58% du total du pays.

Les statistiques des faillites reviennent à la normale.

Avec 6.089 faillites, on revient à peu près aux chiffres absolus de 2019 (6.262).  Mais vu qu’il y a à peu près 1.544.000 entreprises en Belgique, notre estimation du taux de défaillance du pays reste contenu, à +/- 0,75% des entreprises actives. S’il devait toutefois atteindre les 0,85%, on dépasserait la norme d’avant Covid et surtout d’avant le nouveau code des sociétés et associations (CSA). 62% des faillites sont le fait des SRL (et SPRL restantes …) contre 57% en 2019. Ce n’est pas anormal, vu que le législateur a largement encouragé cette forme juridique dans le CSA de 2018. Mais le passage à une forme de société sans capital minimum n’arrange rien en terme de défaillances.

Les secteurs les plus touchés sont sans surprise.

En voici le top 10 :

Activité (nace 5)06/202306/2024
56102 – Restauration à service restreint337365
41201 – Construction générale de bâtiments résidentiels264307
56301 – Cafés et bars264304
56101 – Restauration à service complet330298
49410 – Transports routiers de fret165170
43999 – Autres activités de construction spécialisées124149
70220 – Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion138125
43211 – Travaux d’installation électrotechnique de bâtiment76109
45113 – Commerce de détail d’automobiles et d’autres véhicules automobiles légers ( < 3,5 tonnes )8797
96021 – Coiffure8889

Conclusion

2024 semble consacrer un retour à la normale pour la population des entreprises. C’est vrai pour les créations d’entreprises comme pour les arrêts d’activités. Les faillites sont encore dans la norme. Mais si on peut se réjouir que certains sous-secteurs de la construction sont dynamiques, on doit s’inquiéter de l’anémie de ceux de l’industrie. Sa contribution, directe et indirecte, au PIB est primordiale pour notre économie. Si on n’arrive pas à reconstituer un tissu industriel pérenne, c’est tout le reste de l’économie du pays qui en pâtira pour longtemps.

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