Les factures d’énergie portent un coup dur aux entreprises belges
Lorsque les prix de l’énergie ont explosé l’année dernière, dans le sillage de la guerre en Ukraine, Christophe Genard n’a pas eu d’autre option que de fermer boutique pendant trois mois.
La facture énergétique de ce souffleur de verre belge de 45 ans avait atteint… 6.000 euros par mois.
Face à la perspective de mettre fin à une carrière de vingt ans, il s’est adapté pour survivre: il a investi dans un four plus petit, afin de pouvoir continuer à produire ses “cocottes en verre”, sa marque de fabrique.
“Quand j’étais à l’arrêt, j’ai été contraint de penser à d’autres façons de gagner ma vie, donc j’ai simplement changé d’outil”, raconte-t-il à l’AFP depuis son studio à Seraing, où il enseigne également le métier de verrier.
Christophe Genard utilise désormais des bonbonnes de gaz propane pour allumer son four quelques jours par semaine, ce qui lui coûte environ 100 euros par jour.
“Ça me revient à environ 3.000, 3.100 euros par mois, la moitié de ma facture précédente. Mais je ne travaille plus tous les jours”, explique-t-il.
L’année dernière, le gouvernement wallon a annoncé 175 millions d’euros d’aides directes pour les entreprises, frappées de plein fouet par des factures d’énergie exorbitantes. Mais certains craignent que cela ne soit pas assez.
“On verra si ce sera suffisant”, a commenté le directeur général de l’Union wallonne des entreprises, Olivier de Wasseige, dans une interview à la chaîne LN24, appelant le gouvernement fédéral belge à mettre en place une “politique énergétique structurelle”, à l’instar de ce que font les pays voisins.
Selon une étude du centre de réflexion Bruegel, publiée en novembre, la Belgique a déboursé 4,3 milliards d’euros pour aider les ménages et les entreprises à faire face à la crise énergétique, ce qui la classe parmi les derniers au sein des 27 (en pourcentage du PIB).
Les Pays-Bas voisins ont consacré 43,9 milliards d’euros à cette aide. La Roumanie, dont l’économie est plus petite que celle de la Belgique, a investi 8,5 milliards d’euros.
Alerte au “tsunami des coûts”
Christophe Genard fait partie des nombreux entrepreneurs belges forcés de changer leur façon de travailler pour amortir l’envol des coûts de l’énergie, même si cela signifie produire moins.
La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a émis ce mois-ci une alerte au “tsunami des coûts” pour les entreprises, en raison de la hausse des prix de l’énergie et de la hausse des salaires liée à l’inflation.
La première moitié de 2023 sera “extrêmement difficile” pour les entreprises belges, selon la FEB, alors que les contrats fixes pour le gaz et l’électricité passeront à taux variables durant cette période.
“Elles devront faire à des prix énergétiques trois à sept fois supérieurs à la normale“, a alerté la FEB.
Une autre enquête publiée le mois dernier par le syndicat belge UCM a montré que plus de 76% des entrepreneurs belges craignaient de devoir mettre la clé sous la porte.
Les trois quart des commerçants interrogés par l’UCM ont affirmé avoir diminué la température de leurs commerces et les deux tiers éteindre les enseignes lumineuses en dehors des heures d’ouverture.
Pour l’instant, Christophe Genard essaie de ne pas penser aux mois à venir: “J’ai du mal à me projeter dans un avenir trop lointain. Je crois que quand on pense trop au futur et trop à l’avenir, ça nous met dans des situations de peur et d’angoisse qui sont paralysantes”.
Gardant le sourire, le souffleur de verre liégeois trouve malgré tout du positif dans la situation actuelle.
“J’adapte un peu mon temps de travail, donc ça me laisse plus de temps pour dessiner, pour créer, pour développer des partenariats”.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici