Les entreprises sont plus inquiètes aujourd’hui que lors de la crise du covid
Une enquête pilotée par la BNB montre que les entreprises anticipent une baisse de 7% de leur activité au dernier trimestre et 35.000 emplois pourraient disparaître ces six prochains mois.
La BNB, avec l’aide de plusieurs fédérations patronales et d’indépendants, a réalisé fin septembre une enquête auprès de 4500 entreprises. “Et les résultats de cette enquête donnent plus de crédit au scénario d’une entrée en récession, mais courte et d’ampleur limitée“, observe Geert Langenus, responsable de la macro-économie auprès de la Banque nationale. Il ajoute que les indicateurs de sentiment sont assez alarmants. Les entreprises se montrent plus inquiètes que lors de la crise sanitaire de 2020.
Mais Geert Langenus ajoute qu’il convient toujours de prendre ces enquêtes avec un grain de sel, car les répondants ont toujours tendance à surestimer les impacts macro-économiques en période d’incertitude. D’ailleurs, on a vu lors des enquêtes au moment du covid que les évolutions n’ont pas toujours été aussi dramatiques que ce que les entreprises avaient craint.
La récession arrive
Il reste que le sentiment général confirme l’entrée en récession de notre économie. “Les résultats de cette enquête sont consistants avec le scénario d’une récession en Belgique, mais une récession courte et d’ampleur limitée, observe Christopher Warisse, économiste auprès de la BNB.” Les entreprises sont confrontées à une hausse de leurs coûts (coût de l’énergie et des salaires) “et cela met à mal leur rentabilité, dit-il. Un tiers des entreprises ont rapporté avoir réduit leur production ou prestation de services en septembre. Ce sont principalement les entreprises de l’horeca, de la vente au détail, de l’industrie et de l’agriculture qui ont rapporté cette diminution de leur activité. À l’inverse les services d’information et de communication, les services financiers et services de soutien ont été moins impactés. On remarque aussi que ce sont les petites entreprises qui ont rapporté les diminutions les plus significatives“, poursuit-il. La réduction de l’activité a été de 4% en septembre. La baisse atteint en moyenne 8% pour les indépendants et les entreprises comptant moins de dix employés. Du côté des très grandes entreprises, l’incidence négative de la hausse des coûts est en revanche plus limitée. Cela parce que les grandes entreprises ont généralement davantage de “pricing power” que les petites et bénéficient davantage de clauses de révisions des prix, souligne Peter Reusen, économiste auprès de la BNB.
Et les entreprises anticipent une nouvelle contraction de 7% pour le dernier trimestre de cette année. Et ce sont les petites entreprises et les indépendants qui, ici encore, anticipent les plus forts ralentissements. Pour 2023, les entreprises se montrent un peu moins pessimistes. Elles tablent sur une baisse de 3% par rapport à 2022. “Étant donné les baisses anticipées pour la fin de cette année, cela suppose en fait que l’activité des entreprises repartira à la hausse au cours de l’année prochaine“, précise Christopher Warisse.
Lourde chute des investissements
Mais dans ce contexte, les perspectives d’emploi et surtout d’investissement ne sont pas roses. “Les entreprises anticipent une nette diminution des investissements au cours de ces deux prochaines années. Les investissements devraient diminuer en moyenne de 24%, ce qui est deux fois la réduction qui était prévue il y a encore six mois”, observe Christopher Warisse.
L’emploi devrait également souffrir, mais moins que l’activité ou les investissements. “Durant les six prochains mois, les entreprises anticipent une diminution de 1,4%. Cela signifie une perte nette de 35.000 travailleurs“, précise Christopher Warisse. “Mais le choc pourrait être absorbé par une utilisation accrue du régime de chômage temporaire, ajoute-t-il : 40 à 50% des entreprises ont l’intention de recourir à ce régime au cours des six prochains mois“.
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