Les entreprises font-elles face à “trop de bureaucratie”?

Photo d'illustration © Getty images

Pour certains, les entreprises européennes sont victimes du “délire normatif” de Bruxelles, et souhaitent voir les choses changer.

Ils ne se sont pas consultés – quoique – mais les sons de cloche sont en harmonie ces derniers jours chez le couple franco-allemand. Si les paroles étaient différentes, la musique était la même : les entreprises font face à trop de bureaucratie en Europe.

Côté Allemagne, c’est lors du séminaire gouvernemental qui se tenait à Meseberg mardi et mercredi derniers que le sujet est arrivé sur la table. Sous le titre “Impulser la croissance en Allemagne”, le gouvernement allemand a présenté un document de dix points destiné à renforcer l’économie du pays. Ce dernier est en effet inquiet des projections de croissance pour 2023 qui prévoient que l’Allemagne sera à la traîne par rapport aux autres grandes économies.

Pour y remédier, le ministre fédéral des Finances Christian Lindner a donc annoncé que des “simplifications de fonctionnement” seront apportées aux entreprises allemandes. “Une réduction de la bureaucratie signifie que l’on veille à mettre en place des procédures administratives plus efficaces, et avant tout plus rapides, afin d’éviter aux citoyennes et citoyens de rencontrer des obstacles administratifs inutiles” a-t-il résumé. Le gouvernement souhaite diminuer de 2,3 milliards d’euros les coûts de conformité pour répondre aux exigences bureaucratiques.

Le ministère de l’économie allemand, par la voix de son porte-parole, a confié à EURACTIV que le pays souhaitait mener cette impulsion au niveau européen avec le soutien de la France : “pour l’Allemagne et la France, c’est clair : des règles allégées qui libèrent une dynamique d’innovation et de progrès en Europe sont une condition préalable fondamentale pour une croissance durable dans l’Union européenne.[…] Nous appelons donc conjointement la Commission européenne à élaborer un plan d’action ambitieux pour des mesures d’accélération et d’allègement qui peuvent être mises en œuvre à court terme.”

Si possible, aucune nouvelle bureaucratie ne doit être créée. En Allemagne, comme dans l’Union européenne

Le Gouvernement allemand dans son programme “Impulser la croissance en Allemagne”

“Délire normatif”

Du côté de la France, le gouvernement s’était exprimé en faveur d’une “pause” sur les normes environnementales de l’Union européenne, ce qui n’avait pas manqué de faire couler beaucoup d’encre… Aussi en Belgique. Notre Premier ministre Alexander De Croo avait repris la même chanson pour défendre certains secteurs économiques.

Dernièrement, c’est le MEDEF (Mouvement des Entreprises en France) qui a repris le refrain lors des La Rencontre des Entrepreneurs de France. Son président, Patrick Martin, a même parlé de “délire normatif” de Bruxelles tout en vantant la politique américaine.

[L’Union européenne] génère dans nos rangs autant de frustration et d’irritation que de grands espoirs. Une Union Européenne qui n’est pas en reste quant au délire normatif, et dont l’inertie sur certains sujets nous éclate à la figure, par comparaison avec la vitesse d’exécution des Etats-Unis.”

Alors que va répondre Bruxelles ? La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé un peu plus tôt cette année qu’un plan était en route et visait à réduire de 25% les obligations de notification des entreprises dans l’UE. Ce plan fera vraisemblablement partie d’un “paquet d’allégement” pour les petites et moyennes entreprises. Ce dernier sera présenté la semaine prochaine lors de la plénière à Strasbourg. C’est donc sans doute un “coup de pression” que le couple franco-allemand a voulu mettre à la Présidente de la Commission a quelques jours de la présentation de ce plan, que chacun ne manquera pas de commenter.

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