Les entreprises avec des actionnaires socialement engagés s’implantent moins à l’étranger

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Les entreprises dont les actionnaires sont socialement engagés sont moins susceptibles de transférer leur siège social à l’étranger. C’est ce qui ressort mardi d’une étude de la KU Leuven et publiée récemment dans la revue scientifique “Journal of Management Studies”. Cette analyse pourrait aider les gouvernements à mieux évaluer les risques de départ des grands employeurs de leur pays.

Par actionnaires socialement engagés, les chercheurs entendent des personnes qui ne se contentent pas de regarder les bénéfices de l’entreprise mais qui prennent également en compte les intérêts des travailleurs, des citoyens, de la communauté locale, du climat, etc. À titre d’exemple, les experts de la KU Leuven citent notamment les fonds de pension, les institutions gouvernementales, les ONG, les fonds de recherche et les entreprises dont l’actionnariat est familial.

Les entreprises peuvent parfois envisager de délocaliser à l’étranger leur siège, par exemple pour des raisons financières et fiscales. Pour déterminer si elles le font effectivement et dans quelle mesure, les chercheurs ont analysé la situation de 375 sociétés américaines cotées en bourse entre 1998 et 2017, période durant laquelle des impôts sur le revenu élevés et une taxe sur les revenus étrangers ont rendu financièrement intéressant le transfert de leur siège social à l’étranger. Sur le groupe d’entreprises étudiées, 89 ont annoncé qu’elles allaient procéder à une telle manoeuvre et 66 sont effectivement passées à l’acte.

Mieux évaluer les risques de départ

Selon les résultats de l’étude, la probabilité d’une délocalisation était limitée si une entreprise avait des actionnaires importants qui sont socialement engagés dans leur pays d’origine. “En effet, ce groupe d’actionnaires a des affinités avec les parties prenantes locales qui seraient affectées par le départ du siège social, comme les contribuables, les travailleurs et les fournisseurs locaux”, explique le professeur Arjen Slangen, de la KU Leuven. Selon cet expert, la probabilité d’un départ est encore plus faible si le patron est également originaire du pays d’origine de l’entreprise.

Les entreprises qui n’ont pas d’actionnaires socialement engagés ou qui ont des actionnaires engagés mais originaires de l’étranger sont, en revanche, plus susceptibles de se délocaliser. Ces derniers n’opposent en effet généralement que peu de résistance à un départ, car ils ont peu de relations avec les parties prenantes concernées.

Les conclusions de cette étude pourraient, selon les chercheurs, aider les gouvernements à mieux évaluer les risques de départ. La délocalisation du siège d’une grande entreprise signifie en effet souvent, outre une perte d’emplois, une perte de recettes fiscales.

“Les gouvernements feraient bien d’identifier correctement les principaux actionnaires des grandes entreprises de leur pays”, recommande dès lors Arjen Slangen. Ceux-ci sont les propriétaires des entreprises et donc les décideurs ultimes en cas de départ, justifie-t-il. “Si une entreprise n’a pas d’actionnaires principaux socialement engagés ou s’ils viennent de l’étranger, la probabilité que l’entreprise parte est relativement élevée. Sachant cela, le gouvernement peut utiliser des politiques ciblées pour essayer de garder ces entreprises dans le pays.”

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