Les emplois permanents restent populaires en Belgique et c’est plutôt bon signe

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2023 commençait de manière bien morose pour les entreprises, entre inflation galopante et climat économique stressant. Pourtant trois mois plus tard, il semble que la sinistrose ambiante n’ait pas entamé leurs intentions en matière de recrutement. Le point avec Joël Poilvache, Regional Managing Director chez Robert Half.

L’année 2023 n’a pas démarré sous les meilleurs auspices pour les entreprises, avec la forte indexation automatique des salaires qui leur est tombée dessus, sans parler de l’inflation persistante qui, elle, continue de plomber le moral de tous…

Pourtant, selon une récente étude de Robert Half, les entreprises semblent avoir encore une certaine marge de manœuvre et ont bien l’intention de poursuivre leurs embauches en ces temps incertains. Ainsi, le nombre d’emplois permanents (contrats à durée indéterminée) proposés est resté stable (-3%), tandis que les offres d’emploi temporaire ont, quant à elles, diminué (-12%), si on compare ce premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022.

L’optimisme serait même presque de mise car, pour le spécialiste du recrutement, le marché de l’emploi continue à se redresser. Pour dire simplement les choses : « Les entreprises continuent en effet d’embaucher et les candidats continuent de chercher un nouvel emploi, ce qui se traduit par un faible taux de chômage ».

Les emplois temporaires sont eux aussi essentiels

L’importance des emplois temporaires ne doit pas être sous-estimée, comme le précise Robert Half. Pourquoi ? Simplement car les emplois temporaires (que cela soit intérim, contrat à durée déterminée,…) n’offrent pas que des avantages aux entreprises, mais aussi aux travailleurs. « Les emplois temporaires donnent aux entreprises et à leurs équipes la marge de manœuvre dont elles ont besoin pendant les périodes plus actives ou en cas de besoin soudain de soutien » souligne Joël Poilvache.

Bien entendu pour les entreprises, ces avantages sautent aux yeux : flexibilité, possibilité de renforcer ses équipes en cas de besoin durant les périodes de fortes productions, choix d’un profil de candidat très pointu, etc. Pour les travailleurs, il y a tout d’abord l’expérience qu’ils peuvent acquérir dans la société, tout en ayant déjà un premier pied à l’étrier, ce qui pourra éventuellement mener à un emploi permanent plus tard. Cette expérience professionnelle peut aussi se décliner dans plusieurs entreprises, voire plusieurs secteurs, elle offre à ce moment-là l’opportunité au travailleur de savoir ce qui lui correspond le mieux lorsque l’opportunité de signer un contrat permanent se présente.

Comment se porte le marché de l’emploi aujourd’hui

Vous souhaitez changer d’entreprise, de secteur voire carrément de carrière professionnelle? Est-ce le bon moment pour le faire? Joël Poilvache répond à quelques questions pour aider les entreprises et candidats à y voir clair.

Quelles sont les intentions de recrutement des entreprises ?

Selon l’enquête que nous avons menée dans le cadre de notre Guide des Salaires, au deuxième semestre de l’année passée – qui porte sur les prédictions de l’année 2023 – les entreprises prévoient en effet de continuer à embaucher en 2023.
Et cela se reflète sur le marché du travail actuel. Comme nous l’avons déjà mentionné, les entreprises n’hésitent pas à chercher de nouveaux collaborateurs.

Passé le stade des intentions, y a-t-il plus d’entreprises qui embauchent actuellement ?

Les entreprises continuent en effet de recruter. Bien sûr, elles ne le font pas toutes au même rythme et de la même manière. Cela dépend beaucoup de la taille, du secteur et surtout des besoins de l’entreprise elle-même à un moment donné. Certaines recrutent plus que d’autres en ce moment, en fonction de leurs besoins. Et selon la nature du besoin, les entreprises déterminent le type de talents nécessaires (c’est-à-dire de façon permanente ou de façon temporaire).

Salaires, avantages extra-légaux, congés, flexibilité : les grandes tendances du marché du travail

Cette diminution des emplois temporaires, est-ce le signe d’un changement sur le marché de l’emploi ?

Il est encore trop tôt pour le dire. Nous suivons bien sûr les chiffres de très près et j’ai d’ailleurs hâte de faire la même analyse à la fin du deuxième trimestre. Une chose importante cela dit : la pandémie nous a appris que le marché du travail pouvait être fortement affecté du jour au lendemain, et cela dépendra donc de plusieurs facteurs.

En quoi la situation actuelle est-elle différentes des crises précédentes ?

Ces chiffres montrent clairement que la situation actuelle est très différente de celle des crises précédentes. Lors des crises précédentes, par exemple lors de la crise financière de 2008 – 2009, nous avons toujours constaté une augmentation des emplois temporaires accompagnée d’une diminution des emplois permanents. Nous assistons aujourd’hui à un scénario complètement différent. Malgré les défis auxquels elles sont confrontées, les entreprises ne sont manifestement pas réticentes à l’idée d’embaucher du personnel permanent, ce qui est positif et cela offre une sécurité supplémentaire aux employés.

Pensez-vous que cette situation va perdurer ?

Il n’est cependant pas facile de prédire comment cela évoluera dans la période à venir. Mais nous préconisons de rester positifs.

Peut-on considérer cette stabilité des emplois permanents comme un redressement du marché de l’emploi et de l’économie ?

Il est encore trop tôt pour se prononcer et nous devrons examiner la situation sur une plus longue période pour faire de telles déclarations, mais nous constatons que le marché se stabilise et nous sommes également confiants sur le fait qu’il le restera.

Quoi qu’il en soit, le marché du travail reste très solide, y compris en ce qui concerne la demande d’employés permanents. Bien sûr, ce que nous remarquons également en ce moment, c’est que l’exode des baby-boomers du marché du travail crée naturellement une demande plus structurelle de nouveaux talents dans les entreprises.

Avant tout, espérons que nous sommes sur la bonne voie pour la reprise économique, même si la route sera peut-être longue.

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