Les constructeurs chinois à la rescousse d’Audi Brussels ?

Travailleurs usine
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Les constructeurs automobiles chinois, comme BYD et Xpeng Motors, sont confrontés à des droits de douane européens élevés (jusqu’à 46 %). Ils cherchent à s’implanter en Europe pour contourner ces taxes. Cette situation pourrait signifier le sauvetage d’Audi Brussels. Mais, les acquisitions chinoises sont-elles vraiment une bonne chose pour l’industrie automobile européenne ? Réponse d’un expert.

Le couperet est tombé pour Audi Brussels. Ouvriers et employés ont appris ce mardi qu’aucun modèle ne serait attribué à l’usine bruxelloise par la maison mère Volkswagen, ce qui pourrait entrainer la fermeture de l’usine et la perte de plus de 2.600 emplois.

Une piste est avancée par certains spécialistes du secteur : une reprise par un constructeur chinois. Les constructeurs automobiles chinois, comme BYD ou Xpeng Motors sont confrontés à des droits de douane européens élevés (entre 9 et 46 %). Cette taxe a été instaurée par la Commission européenne dans le but de protéger l’industrie automobile européenne contre ce qu’elle considère comme une concurrence déloyale en provenance de Chine. En effet, les constructeurs chinois bénéficient de soutiens publics dans leur pays, notamment sous forme de réductions fiscales et de matières premières bon marché. Dans ce contexte, les Chinois cherchent à s’implanter en Europe. 

Une bonne nouvelle pour l’emploi en Europe

Selon Koen Schoors, professeur d’économie à l’Université de Gand interviewé par nos confrères du Knack, l’intérêt des Chinois pour l’Europe montre que les droits de douane sont efficaces. Il considère que ces investissements de constructeurs chinois sont bénéfiques pour l’emploi en Europe et pourraient même apporter un avantage technologique.

« Un constructeur chinois qui installe une usine ici, c’est une bonne nouvelle pour l’emploi en Europe. De plus, ces entreprises chinoises apporteront également un savoir-faire technologique. C’est nécessaire, car technologiquement, nous sommes en retard en Europe. Cela se voit par exemple chez Volkswagen, qui a traîné les pieds dans la transition vers les voitures électriques », avance l’expert.

Un constructeur chinois qui installe une usine ici, c’est une bonne nouvelle pour l’emploi en Europe.

Koen Schoors, professeur d’économie à l’Université de Gand

Mais, paradoxalement, les droits de douane européens ne visaient-ils pas principalement à protéger notre propre industrie automobile? Selon Koen Schoors, ces taxes ont en effet pour objectif de protéger un peu nos industries et notre autonomie stratégique. Mais il ne faut pas aller jusqu’à bloquer toutes les importations et refuser aux Chinois l’accès à notre économie, estime le professeur gantois. Une taxe aussi radicale ne ferait que générer des profits supplémentaires pour les fabricants de voitures à moteur thermique, un produit dont nous savons qu’il disparaîtra de toute façon.

Une opportunité de moderniser l’industrie européenne automobile

Cependant, Koen Schoors avertit que l’industrie automobile européenne doit évoluer rapidement vers l’électrique sous peine de disparaître. « Si des constructeurs comme Volkswagen continuent sur la voie actuelle, ils ne vendront bientôt plus de voitures qu’en Europe. » Le professeur souligne que la baisse continue des prix des voitures électriques, en particulier des batteries, rendra les véhicules à combustion obsolètes. Pour lui, « il n’est pas judicieux de maintenir artificiellement en vie l’industrie automobile classique », sous peine de répéter les erreurs du passé, comme avec l’industrie minière.

Un rachat d’Audi Brussels par un constructeur chinois pourrait donc être une opportunité de moderniser l’industrie européenne et d’accélérer la transition vers des véhicules électriques plus compétitifs.

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