Les chiffres en trompe-l’œil du marché du livre

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Marché du livre stable en valeur mais en recul en quantités. Marge en très fort recul pour les éditeurs qui vendent, en moyenne, plus de livres. L’Association des Éditeurs Belges livre ses statistiques 2023.

Que le marché du livre soit en souffrance n’est pas une surprise. Il suffit de se rappeler de l’accumulation des mauvaises nouvelles ces derniers mois, entre les éditeurs qui jettent l’éponge et les librairies qui ferment boutique ou sont à la peine. Et les chiffres publiés ce matin par l’Association des éditeurs belges (ADEB) le confirment… même si au premier regard, ils ne semblent pas si mauvais.

Comme chaque année, avec Pillen, l’ADEB publie, en effet, son baromètre du marché. Et, au premier abord, le marché semble stable : il est estimé pour l’année passée à 264,8 millions d’euros. Une baisse d’à peine 0,3 % par rapport aux chiffres de l’année précédente (265,6 millions) et une hausse par rapport aux 239 millions de 2020.

Toutefois, comme l’association le souligne, le prix moyen du livre acheté a augmenté de 5,1% pour tout juste dépasser les 13 euros. Ce qui signifie donc que « le faible recul en valeur cache un recul assez important en nombre d’exemplaires vendus » souligne l’association. Et comme « l’inflation 2022-2023 a largement dépassé les 10 % en Belgique, le léger recul en valeur traduit aussi un très important recul en euros constants pour tous les acteurs de la filière. »

Du côté des éditeurs eux-mêmes, les chiffres ne sont guère réjouissants. Si leur chiffre d’affaires total passe de 325 à 327 millions d’euros entre 2022 et 2023, le constat de l’inflation à 10 % permet à l’ADEB de regretter « une baisse de marge très importante pour les éditeurs d’autant que les coûts de production ont connu des hausses de 30 à 100 % sur cette période ». À noter toutefois une belle progression du livre numérique (+8,65 %) tandis que le livre papier comme la cession de droits sont en recul…

Face au contexte, les éditeurs auraient diminué de 24 % le nombre de titres édités (7 245 titres) mais les ventes moyennes par titre auraient fortement augmenté (28 %) pour atteindre les 4 300 exemplaires. Ce qui permet à l’ADEB de dire que les éditeurs choisissent désormais la sécurité des « titres locomotives » au détriment de la « diversité d’édition »…

En vrac, on apprend aussi que :
– Le segment « littérature générale » connaît une hausse du nombre d’exemplaires vendus (3,7 %) en plus de la hausse du prix moyen (5 %)
– Le livre de poche cartonne dans l’ensemble des genres littéraires
– Les exportations de livres papier restent très importantes : 126 millions d’euros
– Les ventes directes des éditeurs (sans passer par les libraires ou les sites tiers de vente) ne représentent toujours que 10 % de leur activité

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