Les Belges boivent presque autant de bière qu’avant la crise du covid
Si les Belges ont bu 6,93 millions d’hectolitres de bière l’an passé, c’est toujours moins qu’avant la crise sanitaire en 2019 avec 7,065 millions d’hectolitres. Le marché belge de la bière se rétrécit depuis quelques décennies déjà. Les exportations vers des contrées lointaines ont fortement diminué, ce qui a entraîné une augmentation de la production locale.
Si la consommation nationale de bière a augmenté de 7,5 % par rapport à 2021, son niveau reste cependant inférieur à celui d’avant le coronavirus. “Nous avons perdu 130.000 hectolitres par rapport à 2019. On s’en sort plutôt bien”, a déclaré Krishan Maudgal, le directeur de l’Association des brasseurs belges. “Au cours du dernier quart de siècle, nous avons perdu 157.000 hectolitres de volume par an en moyenne.”
L’année 2022 a également été difficile, en partie à cause de “l’impact énorme de la guerre en Ukraine”. Cela a contribué aux diverses pénuries des chaînes d’approvisionnement et à la perte de deux débouchés clés (la Russie représentait 515.000 hectolitres en volume de ventes en 2021). L’année dernière, les pénuries concernaient les bouteilles, le malt et le CO2, par exemple. Quant à la hausse des coûts des matières premières, de l’énergie et de la main-d’œuvre, celle-ci n’a toujours pas pu être répercutée.
“Les défis n’ont pas disparu”, souligne Krishan Maudgal. “L’année dernière, les magasins ont représenté 59% des ventes et les restaurants 41%. Il y a dix ans, c’était respectivement 51% et 49%. Les ventes du secteur de l’hôtellerie ont chuté de 6% l’année dernière par rapport à 2019, tandis que les ventes des magasins ont augmenté de 1%. Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration reste donc en difficulté, car les gens s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat. Il y a aussi la pénurie de personnel et la crise de l’énergie qui perdure”.
La Belgique brasse à l’étranger
16,4 millions d’hectolitres, soit 70% de la production belge, ont été exportés l’année dernière. Ce chiffre est en baisse de 5,5 %.
Les exportations au sein de l’Union européenne ont encore augmenté de 3%, mais les exportations plus lointaines ont accusé une baisse de 31%. Il s’agit en grande partie d’un « effet AB InBev ». Par exemple, les exportations vers les États-Unis se sont réduites à 249.000 hectolitres, contre près de 2,4 millions d’hectolitres en 2019. Car depuis 2021, AB InBev brasse la bière Stella Artois pour le marché américain dans des brasseries locales, pour une question de durabilité.
“Cette consommation n’a donc en aucun cas disparu”, souligne Krishan Maudgal. “Nous devrions peut-être mesurer cela différemment à partir de maintenant. Nous comptons les bières brassées en Belgique, mais nous tenons également compte des bières belges brassées dans d’autres pays. C’est aussi en partie une conséquence de la pandémie. Les brasseurs rencontrent une pénurie de conteneurs et des taux de fret très élevés. Toutefois, la belle croissance que nous observons en Europe, dans des pays comme la France, l’Italie, les Pays-Bas et l’Espagne, est rassurante.
Cessations d’activité
L’année dernière, 10 petits brasseurs ont cessé leur activité, mais 32 nouveaux brasseurs sont arrivés sur le marché. Le nombre de brasseries est passé à 430, représentant plus de 1.600 bières et employant directement 6.866 personnes.
Cette année, le nombre de brasseurs ayant cessé leur activité s’élève déjà à 22. Krishan Maudgal continue d’insister sur le fait que le brassage représente beaucoup, mais que de multiples aspects se cachent aussi derrière celui-ci. “Il ne s’agit pas seulement de brasser, mais il faut avoir une bière de qualité constante. Être brasseur, c’est aussi être un champion de la logistique, un spécialiste du marketing, une personne techniquement compétente. Le brassage implique donc beaucoup de choses”.
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