L’édition belge en souffrance: Mardaga se recentre sur le digital et limite les projets

Thibaud Léonard : “Si je n’intervenais pas, ces maisons d'édition risquaient de disparaître.” © PG
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’éditeur Thibault Léonard, sauveur de l’édition belge, reprend le français Ligaran, mais se concentre sur son catalogue existant. Les nouveaux projets sont pratiquement mis sur pause. Symboles d’un malaise.

Thibault Léonard, CEO du groupe Lemaître, était considéré comme le sauveur de l’édition belge. Après avoir permis aux éditions Mardaga de survivre, il a récemment repris la Renaissance du Livre, en faillite, ainsi que les éditions du Perron. Une passion dictée par la volonté de donner un avenir aux fleurons belges.

Mais dans un contexte difficile pour l’édition, avec des hausses de coût importantes et un marché en baisse, celui qui était aussi un pionnier de l’édition digitale fait deux annonces simultanées qui ont valeur de symboles: un focalisation sur le digital et une limitation des nouveaux projets.

La reprise de Ligaran, éditeur de classiques

Premièrement, le groupe Lemaître annonce une bonne nouvelle, sous forme de reprise d’un éditeur français. “Ligaran est une maison d’édition française, qui s’est spécialisée dans l’édition de grands classiques littéraires, notamment au format ebook, explique Thibault Léonard. Fondée en 2009, Ligaran sera intégré aux activités de notre groupe dans les prochaines semaines.”

“Le rachat des éditions Ligaran est parfaitement complémentaire avec nos activités digitales existantes, prolonge-t-il. Nous travaillions avec l’équipe de Ligaran depuis plusieurs années et la reprise s’est faite très naturellement. En pratique, les 4500 titres de la maison d’édition seront intégrés au catalogue de notre groupe et permettront de nouveaux développements numériques.”

Cela rejoint une conviction, aussi: le marché belge francophone étant trop petit, Thibault Léonard mise sur le marché français, seule voie de salut.

Nouveaux projets sur pause

La deuxième nouvelle, annoncée aux auteurs du groupe, est moins heureuse: “Par la même occasion, je tenais à vous informer de notre décision de réorganiser notre activité éditoriale pour concentrer tous nos efforts dans la promotion de notre catalogue de 800 titres actuellement commercialisés et de recentrer tous nos futurs investissements dans nos projets digitaux.”

Cela part d’un constat: “Nos nouveautés publiées en 2023 au format imprimé n’ont représenté que 5% de nos ventes totales tout en représentant près de 40% de nos charges ! Pourtant, depuis 2017 (et la reprise des éditions Mardaga), nous n’avons cessé de nous réinventer et d’adapter notre approche et notre ligne éditoriale aux évolutions du secteur de l’édition.”

Les nouveaux projets sont pratiquement mis sur pause: “L’idée est donc de ne pas s’épuiser à publier des nouveautés à tout prix et de réaffecter les moyens et le temps libérés par cette réorientation stratégique dans le soutien commercial et la promotion des livres déjà présents en librairie. Plusieurs initiatives concrètes verront le jour dans les prochains mois. Un projet de lancement de chaîne de podcast est notamment à l’étude.”

Pauvre édition belge.

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