“Le travail ne peut-il pas aussi être une activité agréable?”
“L’expression équilibre travail-vie privée laisse supposer que travailler, ce n’est pas vivre. Je trouve ça très grave. Le travail ne peut-il pas aussi être une activité agréable, qui favorise l’épanouissement personnel ?” C’est la question que pose Wouter Torfs, CEO des magasins de chaussures Torfs.
“Cela fait cinq ans que je ne le fais plus, mais autrefois, je travallais souvent le samedi après-midi dans nos magasins de chaussures Torfs. J’abattais un travail considérable. Vu sous cet angle, ce que je fais aujourd’hui de mes samedis après-midi est bien moins difficile. Même si je continue à me rendre dans trois ou quatre boutiques le week-end pour suivre la situation de près. Mais est-ce que je travaille vraiment ? Un peu, mais je ne suis pas assis à un bureau, alors ça va.”
“Je n’aime d’ailleurs pas parler d’équilibre travail-vie privée. Cela sous-entend qu’il faut faire un compte d’apothicaire pour vérifier que travail et vie privée bénéficient bien chacun de 50% de notre attention. Travailler le samedi après-midi entraînerait dès lors un déséquilibre. De plus, l’expression équilibre travail-vie privée laisse supposer que travailler, ce n’est pas vivre. Je trouve ça très grave. Le travail ne peut-il pas aussi être une activité agréable, qui favorise l’épanouissement personnel ?”
“C’est la raison pour laquelle je préfère employer l’expression intégration travail-vie privée. Le thème de l’intégration de la vie privée dans la vie professionnelle est au centre des préoccupations chez Torfs. Nous ne pouvons pas garantir à nos collaborateurs qu’ils ne devront pas travailler le samedi ou le dimanche. Nous essayons de compenser cette contrainte en leur donnant une grande autonomie afin qu’ils s’organisent entre eux. Ainsi certains ne rechignent pas à travailler le dimanche puisque nous les payons à 250%.”
La base
“Il arrive que nous devions protéger nos employés contre eux-mêmes. Je mentirais si je disais que personne n’a jamais fait de burn-out chez Torfs. Ce sont souvent les personnes les plus talentueuses et les plus engagées qui atteignent le point de non-retour. C’est pourquoi nous sensibilisons aujourd’hui nos collaborateurs au fait qu’ils doivent définir leurs limites.”
“Personnellement, je suis capable de le faire depuis longtemps. Quand les enfants étaient petits, je veillais toujours par exemple à être rentré à la maison à 19 heures pour leur donner le bain et les mettre au lit. À l’époque, je n’acceptais pas de réunions en soirée. Mon épouse étant dentiste, elle travaillait souvent le soir et je me retrouvais alors seul à la maison. Je suis heureux d’avoir fait ce choix. Quand les enfants ont grandi, je me suis remis à travailler plus dur. Un sommeil de qualité m’a permis d’y arriver. Bien récupérer, c’est la base. Disons que c’est un cadeau que la vie m’a fait.”
Leur propre famille
“Le samedi matin, je vais courir avec ma femme. Cela me réveille directement. Faire de l’exercice m’aide à me vider la tête, mais dire que c’est une façon pour moi de développer des idées géniales pour l’entreprise serait un peu exagéré. Je suis plutôt du genre à courir en pleine conscience. À me concentrer sur ma course et sur la nature, et non à laisser mes pensées dériver vers la semaine de travail. J’essaie d’adopter la même attitude quand je vais me promener sur la Netedijk le dimanche après-midi.”
“J’aime passer les soirées du week-end au calme. Il s’agit souvent de moments propices aux contacts sociaux, mais en réalité, je préfère simplement rester à la maison. Pendant la semaine, je vois déjà beaucoup de monde et je vais souvent manger dans des brasseries. Je n’ai rien contre les brasseries, mais c’est agréable de manger de temps en temps chez soi avec sa femme (rires).”
“Le dimanche soir, il arrive que les enfants se joignent à nous et je cuisine alors pour un plus grand groupe. Ils passent moins souvent qu’avant car ils fondent leur propre famille. Je l’accepte, mais parfois ils me manquent un peu. Il faut se laisser bercer par les flots de la vie. C’est différent aujourd’hui, mais tout aussi agréable.”
Wouter Torfs (60 ans)
CEO des magasins de chaussures Torfs
Traduction : virginie·dupont·sprl
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