Le système des points-noeuds, pour des randonnées sur mesure cet été
Le système des points-noeuds, connu des cyclotouristes, se développe pour la balade à pied. Une manière originale de (re)découvrir des coins comme la région des Collines, l’Ardenne des cantons de l’Est, le Brabant flamand ou la Campine.
Puisque l’été risque fort de se dérouler pour de nombeux Belges au pays, ce sera l’occasion de le redécouvrir. Par ses petits sentiers, ses voies de traverse.
Ce sera donc peut-être aussi l’occasion d’expérimenter les itinéraires points-noeuds qui ont si bien réussi au vélo et ont été étendus à la marche. Ils permettent de construire des balades sur mesure, sur 5, 10, 15 km ou davantage. En boucle ou en ligne, notamment dans le pays des Collines – dans le Hainaut – et leur versant dans le nord du pays – l’Ardenne flamande -, dans les landes autour de l’abbaye d’Averbode, les profondeurs ardennaises des cantons de l’Est ou une partie des Hautes Fagnes, pour ne citer que quelques exemples. Sans parler des pentes viticoles et boisées du mont Kemmel.
Sur carte ou sur smartphone
Les points-noeuds sont des panneaux numérotés placés à des carrefours de chemins, affichant un numéro sur fond rouge sombre (ou vert/bleu dans les cantons de l’Est) et des indications sur la direction à suivre pour rejoindre les autres points-noeuds les plus proches. La balade consiste à aller de point-noeud en point-noeud, de numéro en numéro. Les organismes qui conçoivent ces parcours, généralement des offices de tourisme, s’efforcent d’intégrer des sentiers de découverte attractifs, champêtres, qui serpentent le long des rivières. Le parcours se construit soit à la lecture d’une carte, soit sur un site web, avec un planificateur d’itinéraire, qui fera le calcul de la longueur, ou sur une application pour smartphone.
Le principe des points-noeuds a été lancé en 1995 dans le Limbourg par un ancien ingénieur des mines, Hugo Bollen.
Sur le terrain, les marcheurs suivent alors soit une carte papier, soit le parcours sur une application pour smartphone, selon les goûts et la plus ou moins grande familiarité avec le numérique. Il y a moyen de se balader juste en se rendant au premier point-noeud du parcours, en se contentant d’un papier avec la liste des numéros des points-noeuds de la balade envisagée. Il est bien sûr plus prudent de prendre une carte avec soi. Le smartphone est encore plus rassurant car le marcheur voit exactement où il se situe sur le parcours.
Les services qui ont mis en place ces réseaux proposent des exemples de balades déjà construites sur la base des points-noeuds, tel un parcours architectural de 4 km à Tervuren, avec La Nouvelle Maison d’Henri van de Velde. Ou la profonde forêt des Ducs à Ternell, près des Hautes Fagnes, sur 8 km. Ou encore une promenade artistique de 25 km, près de Louvain (Heverlee).
Le principe des points-noeuds a été lancé en 1995 dans le Limbourg par un ancien ingénieur des mines, Hugo Bollen, dans le cadre de la reconversion de la région après la fermeture des mines. Une légende parle d’une transposition d’un système mis en place dans des mines. C’est plutôt le croisement de la passion d’Hugo Bollen pour la nature et son esprit d’ingénieur qui ont conduit à une technique de trajet en kit, basée sur la numérotation des croisements des routes cyclistes, avec des panneaux standardisés. Elle est maintenant adoptée un peu partout en Flandre, en Wallonie, et aussi un peu en France, aux Pays-Bas, et en Allemagne. Vu le succès pour le vélo, elle a été adaptée à la marche.
Surtout en Flandre et dans les cantons de l’Est
Ces réseaux de points-noeuds pédestres sont surtout disponibles en Flandre et dans les cantons de l’Est. La Wallonie francophone reste timide sur la question. Hormis la région des Collines, dans le Hainaut (Wallonie picarde), aucun réseau n’est développé dans le sud du pays. L’argument avancé par le Commissariat général au tourisme est financier. Il faudrait planter trop de poteaux. L’approche reste donc limitée aux vélos. Pour se balader dans l’Ardenne, il faut alors recourir aux guides classiques ou aux boucles proposées par les localités ( lire l’encadré sur les GR).
Les cantons de l’Est n’ont pas eu la même réticence. ” Nous avions mis en place un réseau de points-noeuds pour les vélos en 2003, explique Claudine Legros, responsable marketing à l’Agence du tourisme des cantons de l’Est (Ostbelgien). Nous avons débuté la même approche pour la randonnée pédestre depuis 2017, sous une forme virtuelle, consultable sur le site et via une application. Depuis l’an dernier, nous avons installé des poteaux et des panneaux sur les sentiers. ” Le réseau est costaud : il compte 1.370 km de parcours. ” Nous avons posé 3.245 piquets et 7.762 panneaux, poursuit Claudine Legros. Nous avons utilisé des réseaux de sentiers existants. Le service a commencé de manière virtuelle il y a deux ou trois ans. Nous avons installé les panneaux ensuite. ”
Points-noeuds virtuels
Cette approche ” virtuelle ” signifie que les parcours doivent être construits via le site web ou sur une application, sans indications sur le terrain. Les points-noeuds au nord des Fagnes sont encore virtuels, visibles seulement à travers le site web et l’application. Ils vont aussi être bientôt équipés de poteaux et panneaux, comme le sont les communes germanophones au sud des Hautes Fagnes.
L’approche virtuelle existe dans d’autres parties du pays, au nord de Bruxelles ou au nord de Hasselt (Natuurreservaat De Platwijers). Elle permet de créer rapidement des réseaux de points-noeuds sans devoir investir dans des panneaux et piquets. Mais elle réduit l’accès à ceux qui s’avèrent tout à fait à l’aise avec les outils numériques et les applications.
Cartes et applications
1. Cantons de l’Est. L’Agence du tourisme des cantons de l’Est a fait un travail remarquable de balisage d’un réseau de points-noeuds de plus de 1.300 km. Les cartes disponibles actuellement ne les indiquent pas encore mais une version adaptée doit arriver incessamment. Il y a moyen toutefois de découvrir un choix de promenades sur le site de l’agence. Celle-ci propose aussi un système pour créer des parcours et une application (gratuite) à télécharger (IOS et Android), l’Appli Go Eastbelgium. http://go.eastbelgium.com.
2. Carte des points-noeuds de la Wallonie picarde. Elle est disponible dans les centres locaux d’information touristiques (Maison du Pays des Collines à Ellezelles, ruelles des Ecoles, 1 ; Maison des Randonneurs, Enclus du Haut, 30A, Oroir ; office du tourisme d’Ath ou syndicat d’initiative de Frasnes-lez-Anvaing), ou sur www.visitwapi.com.
3. Cartes des points-noeuds en Flandre. Carte du Brabant flamand (plus de 700 km de sentiers), trilingue, 6 euros. Voir également www.toerismevlaamsbrabant.be (rubrique publications ou publicaties). Pour le Limbourg, il y a un site proposant des cartes : www.wandeleninlimburg.be
4. Wandelknooppunt.be. Ce site en néerlandais montre les réseaux de points-noeuds en Flandre mais aussi ceux de Wallonie (pays des Collines), et des cantons de l’Est. Il déborde même en France, sur Bailleul. Il permet de construire des parcours et d’en imprimer la carte. Une application pour smartphone est disponible. L’accès et l’utilisation sont gratuits, mais il faut payer un abonnement annuel de 9,99 euros pour pouvoir télécharger les trajets et les utiliser off line, et aussi construire des trajets sur tous les sentiers, hors points-noeuds.
Quelques parcours
Voici quelques exemples de balades en boucle construites avec des points-noeuds. Elles sont toutes proposées par les organismes de tourisme, sauf la dernière, qui est une composition personnelle.
Le long du Zwin (10,6 km)
Départ Oosthoekplein à Knokke-Heist, près du restaurant Czar. Avec un passage superbe sur la digue Hazegras Polder et une vue sur le Zwin, qui été étendu.
Départ point 5, puis 3, 25, 1, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 5.
Beverbos, à Wemmel (5,6 km)
Promenade fort peu connue des Bruxellois, à quelques encablures du Heysel, à travers bois, champs, et manèges de chevaux.
Se garer rue J. Vanden Broeck à Wemmel.
Départ point 59, puis 52, 53, 54, 55 et retour à 59.
” Le pays d’ailleurs “, Hautes Fagnes (19,8km)
Départ à la maison Ternell (Centre Nature), Monschauer Straße – Ternell 2-3 à 4700 Eupen. Très belle balade, un peu sportive, qui passe par la vallée de la Helle et l’Hertogenwald, via la fagne de Brackvenn. Le parcours est aussi balisé.
Départ point-noeud 62, puis 71, 24, 64, 17, 84, 1, 77, 80, 71, 76, 63, 32, 95, 46, 65, 39, 96, retour à 62 (maison Ternell pas loin).
Le pays des Collines (15,5 km)
Départ rue du Beau Site, au virage, croisement rue Hoguenne, à Frasnes-lez-Anvaing. Balade à travers le bois d’Hubermont, via le sentier de l’Enfer, le bois Lefèvre et le bois Rabis. Très joli parcours, un peu glissant à la mauvaise saison. Passe devant un gîte en roulotte (Délice de Framboise).
Suivre la rue Hoguenne vers le bois, vers le point-noeud de départ, numéro 36. Puis 3, 93, 9, 22, 16, 30, 17, 51, 12, 1, 8, 38, retour au point 36.
Et les sentiers de Grande Randonnée ?
Jusqu’à l’arrivée des points-noeuds, les amateurs de balades avaient le choix entre des circuits de promenades proposés par les localités (selon leur créativité) ou les sentiers de grande randonnée (GR), reconnaissables à leurs balises blanches et rouges (ou jaunes et rouges) qui couvrent tout le pays.
Les sentiers de grande randonnée sont à l’origine de longs parcours numérotés (GR5, GR129, etc.), traversant un pan du pays, destinés à des marches de plusieurs jours ou à une balade d’une journée en ligne (entre deux gares ou arrêts de bus).
Les Topo-Guides GR. L’association qui développe les GR a conçu des dizaines de balades en boucle à la journée, décrites dans des petits livres, les Topo-Guides, un ou deux par province, pour la Wallonie et Bruxelles. Ils sont vendus en librairie ou sur le site de l’association des GR. Les trajets sont généralement assez longs (20 à 25 km), de grande qualité, avec des possibilités de version raccourcies (8 km, 16 km, etc.). Certains sont adaptés aux familles. Les parcours numériques sont disponibles dans l’application Sitytrail (option payante). Les Topo-Guides comportent une description détaillée de chaque parcours, une carte, et des infos comme les possibilités de les rejoindre par transports en commun. Ce sont généralement de beaux parcours, évitant le macadam, utilisant partiellement des sentiers de grande randonnée. Ils peuvent être sportifs dans l’Ardenne, où ces guides sont d’autant plus intéressants que les points-noeuds n’y sont pas développés.
En Flandre. L’association flamande Grote Routepaden, qui gère le réseau GR dans le nord du pays, publie aussi des guides avec des boucles pour chaque province. Ici, les parcours numériques sont disponibles gratuitement sur le site de l’association, sous forme de fichiers GPX, qui peuvent être téléchargés et copiés dans des programmes de cartographie de smartphone comme SityTrail ou ViewRanger.
Notons que devenir membre de l’association des sentiers GR ou de Grote Routepaden est peu onéreux : 20 euros par an pour la première, 35 euros pour la seconde, et donne droit, notamment, à des magazines qui contiennent des idées de rando.
http://grsentiers.org
www.groteroutepaden.be
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