Les syndicats libéral et socialiste rejettent la proposition de la direction de Delhaize
Le syndicat socialiste Setca/BBTK a également balayé la proposition de la direction de Delhaize déposée vendredi sur la table des négociations pour mettre fin au conflit social au sein du groupe de supermarchés, a-t-on appris mardi auprès de ses représentants. Plus tôt dans la matinée, la CGSLB avait déjà indiqué rejeter à l’unanimité le texte.
Le syndicat libéral était le premier à sonder ses affiliés. Il a été suivi par le Setca et son pendant flamand, le BBTK. Eux aussi ont donc rejeté le texte que Delhaize avait déposé vendredi sur la table des négociations lors de la dernière rencontre entre direction et syndicats sous l’égide du facilitateur désigné par le ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS).
Celui-ci avait été désigné pour tenter de trouver une porte de sortie au conflit social au sein de la marque au lion, qui dure depuis six mois. En mars, la direction de la chaîne de supermarchés belge avait en effet annoncé qu’elle souhaitait se séparer des 128 magasins qu’elle gérait encore en propre. Les syndicats avaient alors réagi avec indignation, les succursales indépendantes relevant d’une autre commission paritaire. Cela signifie de moins bons salaires et conditions de travail. Rien ne changera pour le personnel en place, avait toutefois assuré la direction du distributeur.
Le document soumis aux syndicats vendredi ne modifie rien à l’intention de la direction de franchiser les magasins. Il offre par contre davantage de garanties et de mesures d’accompagnement pour les quelque 9.000 membres du personnel des 128 magasins que souhaite franchiser l’entreprise. Ils recevront une prime de 1.500 euros, complétée par 125 euros par année travaillée. Avec une ancienneté moyenne de 18 ans, cela représente une moyenne de 3.750 euros. À cela s’ajoute une indemnité unique de 145 euros pour la suppression d’une prime sectorielle.
Au moyen d’une prime de 10.000 euros, Delhaize veut également encourager ses collaborateurs pouvant légalement le faire à prendre leur pension anticipée. Quelque 800 travailleurs pourraient en bénéficier. Actuellement, il est possible de prendre sa retraite à l’âge de 60 ans, à condition d’avoir accumulé 44 années de carrière.
Selon la presse écrite flamande, le distributeur a prévu pour ce faire un montant total de 40 millions d’euros.
“Cacahuètes”
Dans un communiqué de presse, le Setca qualifie ces propositions de “cacahuètes” et demande à la direction “de vraies négociations, pas de jeu de dupes”. “Malgré plusieurs rencontres, malgré l’intervention du conciliateur social et puis du facilitateur, il n’y a jamais eu de vraie négociation chez Delhaize”, développe ainsi le syndicat socialiste.
Il regrette que l’entreprise ne concède aucune ouverture ni garantie sur trois points “essentiels pour les travailleurs”:
- le retrait du plan de franchise,
- la mise en place d’un plan social et
- une présence syndicale chez les franchisés.
Les propositions du distributeur sont “à des années-lumière de ce que les travailleurs veulent et de ce dont ils ont besoin”, fustige le Setca. “Dans l’état actuel des choses, il n’y a aucun accord possible avec la direction. Si toutefois elle devait revenir à de meilleurs sentiments et ouvrait enfin la porte à une vraie négociation, nous serions évidemment partie prenante”, conclut-il.
Si on connait le point de vue de la CGSLB et du Setca, on ne connait par contre pas encore la position des syndicats chrétiens flamand et francophone. Du côté de la CNE Commerce, on indique que le texte ne sera pas défendu auprès des travailleurs mais que l’on prendra toutefois le temps de les consulter. Une réponse est attendue à la fin de la semaine prochaine.