Le milliardaire Warren Buffett, “l’Oracle d’Omaha”
Deux mots sur les lèvres, “Warren Buffett”, des dizaines de milliers de personnes descendent à Omaha, petite ville américaine, pour écouter la troisième fortune mondiale lors de l’assemblée générale annuelle de son empire Berkshire Hathaway. Un événement que certains surnomment le “Woodstock des capitalistes”.
Ce grand raout débute officiellement vers 8 heures locales (13H00 GMT), mais les portes du centre des expositions (CHI Health Center), situé dans le centre-ville, ouvrent à 7h.
M. Buffett, 88 ans, devrait arriver à ce moment-là, faire le tour de stands composant un centre commercial de circonstance ouvert la veille, où les visiteurs peuvent s’offrir des chocolats, des t-shirts, des livres ou encore des sacs à son effigie.
“L’Oracle d’Omaha” et Charlie Munger, 95 ans, son compagnon de longue date en affaires, vont ensuite répondre pendant plus de cinq heures, dans un amphithéâtre, à des questions d’actionnaires, sélectionnés par trois journalistes adoubés par Warren Buffett.
Qui va lui succéder et quand compte-t-il prendre sa retraite ? Ce sont deux des questions qui devraient sans doute revenir comme l’an dernier.
M. Buffett tiendra également des rencontres en privé avec des investisseurs et des patrons d’entreprises, dont un très grand nombre a fait spécialement le déplacement.
L’assemblée générale (AG) est diffusée en direct exclusivement par le site Yahoo! Finance. Les caméras sont interdites à l’intérieur de la salle: pas de photo ni de selfie.
S’il aime la discrétion, le milliardaire n’hésite pas, parfois, à bousculer les codes: vendredi, lui et “Charlie”, étaient présents dans les couloirs du “centre commercial”. Il n’a pas hésité à deviser avec des journalistes à bâtons rompus, répondant volontiers aux questions de médias étrangers.
– “Woodstock des capitalistes” –
L’an dernier, environ 40.000 personnes ont fait le déplacement dans cette ville verdoyante d’un peu plus de 410.000 habitants pour l’écouter.
Contrairement aux autres AG, le but ici n’est pas de décliner les résultats de l’entreprise ou de décrypter les chiffres barbares des comptes financiers mais d’écouter M. Buffett dire dans quelle entreprise il pourrait investir prochainement ou de laquelle il retirerait son argent.
Croit-il en l’économie du partage, symbolisée par Uber ou Airbnb ? Que pense-t-il de l’intelligence artificielle et des voitures autonomes ?
“Les places sont attribuées aux premiers venus. Il y a 20.000 places assises dans la salle pour 40.000 actionnaires”, raconte à l’AFP David Kass, professeur en économie à l’université du Maryland, ajoutant que la queue se forme à partir de 4 heures du matin.
Pendant dix ans d’affilée, il est venu à cette célébration d’un des milliardaires les plus connus au monde, parfois accompagné d’étudiants dont certains ont rencontré M. Buffett.
“C’est devenu quasiment un passe-temps”, lâche M. Kass, actionnaire de Berkshire depuis 1985. Cette année, il a convié environ 200 de ses étudiants à suivre avec lui l’AG en direct dans un amphi de l’université.
L’AG de Berkshire Hathaway s’est transformée au fil des années en “Woodstock des capitalistes”, selon l’expression favorite des “festivaliers”, drainant le Who’s Who des milieux d’affaires américains.
– “Charismatique” –
Outre les visages connus comme le milliardaire Bill Gates, ami et partenaire de bridge de M. Buffett, des grands patrons et investisseurs y viennent pour quêter l’assentiment d’un des rares milliardaires populaires au moment où les inégalités sociales contribuent au rejet des élites.
“C’est un exemple pour les dirigeants et notamment pour des dirigeants économiques au moment où nous manquons de leaders charismatiques”, confie à l’AFP le millionnaire d’origine indienne Paul Singh, 68 ans, devenu investisseur providentiel (“angel investor”) après la vente de sa société Primus Telecommunications.
“Il représente une vision à long terme des choses”, opine son fils Jay Phoenix Singh, 32 ans, psychiatre de formation et également millionnaire après avoir vendu à prix d’or sa startup. “Il démontre que ce n’est pas parce qu’on s’enrichit que notre style de vie doit changer et que ce qui importe c’est comment on traite les autres et si on a de l’intégrité”.
Warren Buffett, qui pèse quelque 90 milliards de dollars, vit toujours dans une maison modeste, achetée en 1958, à dix minutes en voiture du centre-ville. Hormis les caméras de surveillance, aucune autre de sécurité n’est visible mais il peut arriver qu’un agent sorte de la maison pour vous demander “gentiment” à quel usage vous destinez vos photos.
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