Le domaine de Naxhelet devient Terres du Val. Ce rebranding unifie 450 hectares d’activités : hôtel 4 étoiles, restaurant gastronomique, spa, boulangerie, ferme bio et vignoble de 18 hectares en biodynamie. L’ambition : s’imposer comme référence belge de l’œnotourisme dès 2026, avec la construction d’un chai et 150.000 bouteilles visées.
À Wanze en province de Liège, sur un plateau dominant la Mehaigne et la Meuse, le domaine de Naxhelet de plus de 450 ha s’offre un rebranding officialisé ce 5 novembre. Rebaptisé Terres du Val, il entend unifier ses différentes activités sous une seule marque coupole et rassembler ses forces sous une identité plus claire.
Ferme en carré hesbignonne
La somptueuse ferme en carré typiquement hesbignonne regroupe l’hôtel 4 étoiles de 35 chambres (labellisé Green Key), le restaurant gastronomique Pollen, le bistro Aromate, le spa (entièrement rénové en 2024 après un incendie). Autour d’elle se déploie le golf de 30 trous sur 85 ha.
Un peu plus loin, la boulangerie, la ferme bio, le maraîchage, et surtout le nouveau vignoble. Avec une ambition : se positionner comme première destination œnotouristique de Belgique. 2026 sera l’année test, avec le début de la construction d’un chai viticole et les premières mises en bouteille d’un vignoble de 18 hectares planté en biodynamie. Seul le golf conserve le nom de Naxhelet, pour préserver l’attachement des quelque 900 membres du club.

Un rebranding pour clarifier l’offre

« Ce n’est pas une transformation, mais une évolution naturelle pour davantage de cohérence entre nos différents pôles d’activité», explique Clémentine Jolly, directrice opérationnelle et fille des propriétaires Françoise et Bernard Jolly. Malgré dix ans d’existence, les visiteurs percevaient en effet l’offre comme fragmentée. Ferme bio du Val, Vignoble du Château du Val, Boulangerie Champain, Golf de Naxhelet… Autant de dénominations qui brouillaient la lecture d’ensemble.
“Les clients ne se rendaient pas toujours compte de la dimension de ce que nous proposions”, commente Clémentine Jolly. “Chaque pétale de notre nouveau logo représente un pôle du domaine, le pétale en suspens symbolise les projets à venir”, explique de son côté Olivier Gridelet, directeur commercial.
2026 : les premiers vins
C’est le vignoble qui portera l’ambition en 2026. Conduits en biodynamie sur 18 hectares, il vise une production de 150.000 bouteilles à maturité. Les parcelles, posées sur des schistes et galets roulés typiques de la Meuse, ont été analysées par Lydia et Claude Bourguignon. Ces références mondiales en microbiologie des sols et en analyse de terroirs viticoles ont confirmé la richesse minérale et le drainage propices du terroir.
Le choix des cépages est audacieux pour nos contrées — Pinot Noir, Chardonnay, Gamay, Chasselas (un cépage suisse rare en Belgique), Pinot Meunier, Pinot Gris — pour des vins tranquilles majoritaires (dominante rouge) et des parcelles dédiées aux bulles. “Le réchauffement climatique nous aide”, reconnaît Olivier Gridelet. “En Bourgogne, il va faire trop chaud pour le Pinot Noir. Chez nous, nous espérons produire du très bon vin.”
Label Belbul
La vinification est dirigée par Cécile Cabre, qui a œuvré chez P. Jaboulet Aîné (Vallée du Rhône) et au Domaine des Agaises (Ruffus). Le domaine rejoint le nouveau label BelBul pour ses futurs vins effervescents wallons. « Nous sommes convaincus que nous devons soutenir ce label belge » déclare Françoise Jolly, directrice générale du domaine. Les premières vendanges ont eu lieu en septembre 2024. Les premières mises en bouteille sont prévues à l’été 2026, pour une commercialisation dès juillet. Le vin sera, en toute logique, servi dans les différents restaurants du domaine.
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Construction d’un chai ultra moderne
Le projet structurant, c’est le chai ultra moderne de 112 mètres qui sera aménagé dans les anciennes granges rénovées de la Ferme des Terres du Val. Après deux ans de négociations avec l’AWAP pour préserver le bâti classé, le permis a été obtenu. “Le chai intégrera cuverie, vieillissement, mais aussi magasin et salle de dégustation”, précise Olivier Gridelet. Pour l’heure, ces importants travaux n’ont pas encore été lancés. “C’est notre plus gros chantier pour 2026. Les travaux devraient débuter en janvier 2026 sur 18 mois”, assure Olivier Gridelet. En attendant, les raisins sont dirigés à quelques kilomètres des vignes dans les installations du Château de Fumal doté également d’un vignoble.

Le pari de l’œnotourisme wallon
La Wallonie, en pleine effervescence dans le secteur viticole, compte d’autres vignobles ambitieux. À proximité immédiate, le Clos des Prébendiers (Huy) et le Domaine Vins des Cinq (Couthuin) cultivent leurs coteaux mosans, tandis que Vin de Liège développe 18 hectares dans la région. Le plus étendu de Belgique, le Chant d’Éole (Quévy) s’étend sur plus de 50 hectares et vise 600.000 bouteilles. « Mais aucun ne combine vignoble, hôtellerie 4 étoiles, gastronomie et golf sur un même site », fait remarquer Françoise Jolly. “Notre différence, c’est l’intégration complète”, vante-t-elle. “Le visiteur dort sur place, déguste les produits de la ferme, découvre le vignoble, profite du spa. Notre offre est très riche.”

90% d’autonomie énergétique
Le chai viticole visera 80–90 % d’autonomie énergétique, combinant micro-hydroélectricité locale, photovoltaïque et stockage détaille son directeur commercial. Cette préoccupation écologique traverse toutes les activités de Terres Du Val. Clémentine Jolly réfute toute forme le greenwashing. Selon une analyse réalisée en 2019 par Smart2Circle pour le compte de la société, le voyageur repart du domaine avec une empreinte carbone réduite grâce aux différentes mesures mises en place : récupération des eaux de pluie pour l’arrosage du golf dans le cadre de sa certification GEO, panneaux solaires, circuits ultra-courts (fromage, viande, légumes), forêt régénérative et pratiques biodynamiques. Seule la future piscine, dont la construction est prévue pour 2026 dans le prolongement du spa, n’a pas pu intégrer des critères environnementaux aussi stricts en raison des contraintes liées à la réglementation hygiénique, explique Olivier Gridelet.
Un écosystème vertueux

Le domaine familial n’en est pas à ses débuts. Repris en 1989 par Françoise et Bernard Jolly, la famille est habituée à voir sur le long terme. « Mon mari, c’est la septième génération sur le domaine acquis en 1813 », rappelle Françoise Jolly. Il a basculé en bio dès 2005, “à une époque où on nous prenait pour des fous”, rappellent ses initiateurs. L’infrastructure hôtelière, le spa et le golf ont ouvert en 2014.
Le restaurant Pollen, sous la houlette du chef François Durand passé par des maisons étoilées (Relais Bernard Loiseau, La Chèvre d’Or, Le Diane au Fouquet’s), a démarré en septembre 2023. En mai dernier, Gault&Millau a désigné Terres du Val “Innovator of the Year” pour sa vision agro-écologique intégrée. Il vient de décerner à son restaurant la note de 14/20 dans son guide 2026. Pollen pourrait tout aussi bien viser une étoile au Michelin. Le restaurant est, par ailleurs, repris dans le guide We’re Smart, qui récompense les chefs qui incarnent une vision saine, écologique et durable de la cuisine.
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100 emplois locaux
Aujourd’hui, le domaine emploie une centaine de personnes, principalement de la région. La ferme bio fournit 70 à 80% des légumes aux restaurants. Le maraîchage, la boulangerie (céréales cultivées et moulues localement), le poulailler et l’élevage de moutons ardennais roux pour l’éco-pâturage complètent le circuit court chapeauté par Charles-Édouard Jolly, fils de la famille.
“Il y a toujours un projet qui arrive, mais tout est bien réfléchi et bien pesé. Il faut évidemment qu’il y ait une rentabilité derrière chaque projet”, glisse Olivier Gridelet. Cette philosophie de développement maîtrisé caractérise l’approche des Jolly, qui refuse la précipitation tout en maintenant une dynamique d’innovation constante. La famille Jolly – aussi copropriétaire du Château des Thermes de Chaudfontaine – cultive toutefois une certaine discrétion sur ses chiffres d’affaires et ses investissements.
“Haut de gamme accessible”
Le domaine des Terres du Val a beau se positionner haut de gamme, il revendique une certaine accessibilité : soirées spa dès 25 euros, golf parmi les plus accessibles de Belgique,… L’enjeu : attirer une clientèle à la fois locale et internationale dans une région somme toute peu touristique, coincée entre la centrale de Tihange, la sucrerie de Biowanze et le bassin industriel de la Vallée de la Meuse. “Mais à 40 minutes de Bruxelles, 25 de Liège et 20 de Namur”, argue Clémentine Jolly. “Notre meilleure carte de visite, ce sera le vin”, résume-t-elle. En 2026, les premières bouteilles testeront l’appétit du marché pour un nouveau vin belge produit en Terres de Meuse. L’ambition est claire : devenir l’un des meilleurs vins wallons, voire, de Belgique.
