Le départ surprise du numéro un de Renault, Luca de Meo

Luca de Meo © Getty
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Il pourrait se retrouver à la tête d’un géant français du luxe, Kering (Gucci, Saint Laurent, Boucheron). Un transfert inattendu, qui fait chuter le cours de Renault et exploser celui de Kering.

Pour une surprise, c’est une surprise. Quelques jours après avoir présenté au comité stratégique du Conseil d’administration du groupe Renault la stratégie pour les 5 ans à venir, « Futurama », Luca de Meo annonce son départ. « J’ai décidé qu’il était temps pour moi de passer le relais. Je quitte une entreprise transformée, tournée vers l’avenir, afin de mettre mon expérience au service d’autres secteurs et de vivre d’autres aventures » indique-t-il dans le communiqué publié par Renault ce dimanche 15 juin, en fin de journée.

CEO de Kering ?

Le quotidien Le Figaro avait publié de même 15 juin sur son site un article annonçant l’arrivée de Luca de Meo à la tête du groupe français Kering, contrôlé par la famille Pinault. Kering est actif dans le luxe, avec Gucci, Saint-Laurent, Boucheron, Brioni, Balenciaga notamment). Personne ne s’attendait à ce départ, prévu pour la mi-juillet. Les seules rumeurs avaient porté, voici quelques mois, sur un transfert à la tête du groupe Stellantis, mais il avait démenti.

Le groupe Kering est dirigé par le pdg François-Henri Pinault. La fonction de président et de directeur général serait dissociée : François-Henri Pinault resterait président, et Luca de Meo, directeur général (CEO). Avec pour mission de redresser la barre de ce groupe dont la navire amiral Gucci affronte des vents contraires. Kering n’a encore rien annoncé ce lundi matin. 

Redressement de Renault

Luca de Meo a pris la direction générale du groupe Renault en juillet 2020, après quelques années tumultueuses et des pertes importantes (8 milliards d’euros en 2020) : le départ forcé de Carlos Ghosn, inculpé au Japon, au moment où les résultats de Renault étaient en difficulté avaient ouvert une période de crise.

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Luca de Meo, qui dirigeait auparavant SEAT (groupe VW), et a créé le marque Cupra, a habilement su relancer le groupe dont l’Etat français détient 15% du capital. Il a développé l’offre de voitures électriques, multiplié les SUV, et généré un niveau de marge très correct (7,6% de marge brute). Renault a même obtenu deux années de suite le prix de la Voiture de l’Année, pour la Scenic et la R5, deux électriques, et a pu tirer parti des bonnes ventes de la marque Dacia, qui propose une alternative à tarif raisonnable à ceux qui sont effrayés par la hausse des tarifs des autos neuves.

Il a aussi restructuré l’organisation du groupe en tenant compte de ses forces et de ses faiblesses, pour compenser aussi le détricotage des projets communs avec Nissan, dont Renault est un actionnaire important.

Partenariats : demi réussite

Renault n’étant pas un géant mondial comme le groupe VW ou Toyota, Luca de Meo a cherché des partenaires pour cofinancer des développements. Il a logé la conception et la fabrication de moteurs à carburant dans la société Horse Powertrain, avec des actionnaires chinois et saoudien (Geely et Aramco). Il voulait faire la même chose pour les plateformes électriques, en créant Ampère, qui devait entrer en Bourse et attirer des partenaires comme Nissan et Mitsubishi. Mais les plans n’ont pas  abouti. Ampère a été créé, mais reste à 100% chez Renault, qui a renoncé à l’IPO, le marché étant plus froid à l’égard des autos électriques.

Luca de Meo laisse un groupe en bonne santé, mais qui fait face à des défis. Les gains encaissés avec la hausse des prix arrivent à leur terme. Les ventes sont plus difficiles, et celle des autos électriques reste compliquée.

Qui pourrait lui succéder ?

Qui pourrait succéder à Luca de Meo ? En interne les noms cités sont ceux du patron de Dacia, Denis Le Vot, de François Provost, directeur des achats, ou Fabrice Cambolive, patron de la marque Renault. Mais le conseil d’administration pourrait chercher l’oiseau rare hors des rangs du groupe, comme il l’avait fait avec Luca de Meo. 

Renault perd plus de 6% et Kering bondit de 10,5% sur la Bourse de Paris
L’action du constructeur automobile français Renault perd plus de 6% et avait chuté jusqu’à -7,6%, tandis que celle du groupe de luxe français Kering bondit de près de 10,5% lundi, au lendemain de l’annonce par Renault du départ de son directeur général Luca de Meo.

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