Le club parisien des entreprises créatives, We Are, se rapproche de la Belgique

Pierre-Éric Leibovici, Éric Newton et Charles-Henry Tranié, les trois cofondateurs de We Are. © PG

Créé à Paris juste avant la pandémie, We Are, le club des entreprises créatives, a inauguré la semaine dernière une deuxième adresse à Lille. Un choix dicté par le riche terreau créatif et culturel de la métropole française et par sa proximité avec la Belgique.

Si vous avez eu le bonheur d’être invité aux Jeux olympiques par une des marques de luxe du groupe LVMH l’été dernier, sans nul doute avez-vous été charmé par le lieu chic doté d’un immense jardin en plein cœur de Paris qui abritait la réception. Situé au Faubourg Saint-Honoré, à un jet de pavé de l’Élysée, cet ancien hôtel particulier caché par un porche abritait auparavant le siège du groupe de haute couture Christian Lacroix. Juste avant la pandémie, il est devenu le club We Are. Ce n’est pas un énième club d’affaires classique mais un véritable carrefour destiné à rassembler les industries créatives et digitales françaises.

“L’idée de base était de mieux valoriser ces industries qui représentent une part non négligeable du PIB français, explique Éric Newton, son fondateur. We Are se voulait, et se veut toujours, un lieu de rencontres informelles entre des industries qui vivent en silo ou, comme j’aime le dire, qui restent dans leur couloir de nage. Nous les réunissons sur ce qui, en réalité, les rassemble : des problématiques communes et des sujets transversaux comme l’IA, la RSE, la formation, etc.”

Un vrai triomphe

Ancien publicitaire (Havas, Euro RSCG, etc.) et producteur de divertissements audiovisuels via la création de la société Home, Éric Newton, qui est aussi colonel de réserve de l’armée de l’air française, a imaginé le concept de We Are avec Pierre-Éric Leibovici (cofondateur de Daphni, le fonds français de venture capital) et Charles-Henry Tranié (Devialet). Ils se sont entourés d’une quarantaine d’actionnaires dont Marc Simoncini (Meetic) ou Grégoire Lucas (Tikehau Capital) pour créer ce lieu qui n’est pas que destiné au networking.

Il dispose de deux restaurants, d’espaces de coworking, de salles de réunion et d’événements, d’un immense jardin- terrasse, d’une école de formation, d’un studio de production (programmes TV, podcasts, etc.), d’une agence de voyage (élaboration de délégations et programmes sur mesure pour les plus grands rendez-vous internationaux…), etc. Il accueille de nombreuses conférences mais aussi des concerts de grands artistes francophones, du stand-up, des projections de films, etc. Les membres ont aussi accès à une appli dédiée spécialisée dans la mise en contact et sur laquelle sont organisées des communautés d’intérêts divers dont le sport.

Rentable depuis 2023

Cinq ans plus tard, We Are fait un véritable tabac. À Paris, le club est rentable depuis 2023 et a réalisé un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros l’an dernier. Des recettes qui proviennent de la cotisation des membres (1.800 euros par an, 1.000 euros de droit d’entrée), de l’organisation d’événements privés et de captations et prestations audiovisuelles. We Are Paris, ce sont 1.300 membres et plus de 1.000 entreprises adhérentes. Les noms sont impressionnants : LVMH, TF1, L’Oréal, Netflix, M6, Chanel, Nespresso, Ubisoft, Vivendi, EY, Accor, Havas, etc. Ce qui frappe encore plus, c’est la diversité des profils, favorisée, il est vrai, par une cotisation finalement très raisonnable.

“En fait, 60% des membres émargent aux industries créatives, souligne Corinne Pitavy, ancienne directrice générale de Roularta France qui accompagne aujourd’hui We Are en tant que consultante de l’agence Image Sept, la première agence de conseil en communication indépendante de France. Le solde provient de métiers qui gravitent autour de ces entreprises : avocats, cabinets de conseil, régulateurs, politiques, etc. Ce qui est assez rare pour ce genre de club d’affaires, c’est que nous sommes quasiment à la parité homme-femme. Enfin, la diversité se marque aussi au niveau de l’âge. We Are attire de nombreux jeunes entrepreneurs pour qui le club agit comme un mentorat permanent. C’est ce qu’ils me disent tous. Les équipes de We Are veillent à ce que les mises en contact soient fructueuses.”

Le Vieux-Lille

Assez logiquement, We Are, vu le territoire français, ne pouvait pas se contenter d’une seule adresse parisienne. Ce n’est pourtant ni à Lyon, ni dans le sud qu’Éric Newton a choisi de se dupliquer en premier. Mais à Lille, dans un magnifique hôtel particulier à l’entrée du Vieux-Lille. Un choix pas si étonnant que cela.

“Ma rencontre avec Jean-Pierre Letartre, président d’Entreprises et Cités, un réseau patronal nordiste très efficace, m’a vraiment convaincu, poursuit Éric Newton. Il règne dans le Nord un véritable esprit de collaboration et de coopération entre les entrepreneurs. Ce qui correspond à nos valeurs. Sans oublier que la métropole lilloise est un terreau extrêmement dynamique en termes d’entrepreneuriat. Par exemple, elle dispose d’une série impressionnante d’incubateurs dans le domaine créatif et culturel : La Plaine Images, EuraTechnologies, Pictanovo, etc.”

Sans oublier évidemment dans cette galaxie la présence de grandes familles nordistes d’entrepreneurs comme les Mulliez (Auchan, Decathlon, Boulanger, etc.). Pour ce deuxième club, les trois fondateurs ont dupliqué le même modèle financier qu’à Paris et se sont entourés d’une belle série d’investisseurs qui ont apporté une partie du capital et dilué les risques. Jean-Pierre Letartre en fait évidemment partie.

À Lille, We Are entend proposer les mêmes services et événements qu’à Paris. Notamment We Are School, le centre de formation proposé en partenariat avec l’Université Paris Sciences & Lettres (Collège de France, Dauphine, Institut Curie, etc.). Quant au restaurant, il a été confié aux bons soins de Sarika Sor, la gagnante de la huitième saison d’Objectif Top Chef et ancienne disciple de Thibault Gamba du temps de son étoile à la Table du Clarance à Lille (le chef est aujourd’hui étoilé au Logis de la Cadène, la vénérable institution quasi bicentenaire de Saint-Émilion).

© PG
Lille va nous rapprocher de la Belgique et des entreprises créatives et culturelles proches de la frontière. – Éric Newton

Eurométropole

L’autre raison du choix de Lille vient de sa proximité avec la Belgique. La capitale nordiste est le centre nerveux de l’Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai qui regroupe 2,2 millions d’habitants et 157 communes françaises et belges (Roulers, Ypres, Ath, Enghien, Mouscron, Tielt, etc.). Dirigée depuis le 31 janvier par Jean-Luc Crucke, ministre fédéral de la Mobilité (Les Engagés), elle vise à stimuler la coopération transfrontalière et le développement de projets créatifs et innovants en termes de mobilité, de développement économique ou de transition écologique. On voit donc rapidement tout l’intérêt dans cette optique de disposer à Lille d’un centre de networking de haut niveau.

“À Lille, nous allons établir des connexions avec Paris et mettre les deux écosystèmes en contact, conclut Éric Newton. D’un point de vue créatif, c’est déjà un atout indéniable. Lille va aussi nous rapprocher de la Belgique et des entreprises créatives et culturelles proches de la frontière. Il n’y a pas de raison que ce networking-là ne débouche pas sur des collaborations ou des échanges intéressants.”

À Lille, le droit d’entrée et la cotisation annuelle seront les mêmes qu’à Paris. Cette cotisation sera valable pour une entrée dans les deux clubs, histoire de favoriser les rapprochements.

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