Le charme exclusif de la céramique belge

Hans Hermans collaborateur Trends

Les restaurants les plus chers, les hôtels les plus chics et les lieux les plus exclusifs utilisent des céramiques belges. Les plus impressionnants pots de fleurs des palais royaux ou des jardins de stars du foot sont fabriqués à la main en Belgique. Le marché de l’artisanat de luxe est en pleine expansion.

Nick Cave parcourt les galeries d’art du monde avec ses créations diaboliques en céramique, Arne Quinze repousse actuellement les limites de cet art à la Biennale de Venise. Il y présente en effet ses sculptures en argile jusqu’en novembre, dans le cadre de son exposition We are aliens. Ces dernières sont nées d’une collaboration avec l’Atelier Vierkant, le spécialiste belge des pots et jardinières de grande taille et faits à la main.

Un savoir-faire unique à Ostende

“C’est un défi de réaliser les souhaits des artistes et des architectes. Mais c’est précisément notre raison d’être. Notre public ne veut pas d’un pot de fleurs qui ressemble à celui des voisins. Il veut qu’il soit unique et qu’il corresponde à sa personnalité et à l’atmosphère de sa maison”, explique Dries Janssens qui est l’un des trois frères à avoir repris l’entreprise de leurs parents.

Bert, Dries et Ward Janssens sont passés à 60 employés répartis sur qua­tre sites à Ostende. Les liens étroits tissés avec les archi­tec­tes sont au cœur de leur stra­tégie, de même que le réseau d’ambassadeurs qui les introduisent auprès de nouveaux clients. “Nous sommes fiers de pouvoir réaliser notre production à la carte ici à Ostende. Nous avons fait des essais à l’étranger, mais nous n’avons jamais été convaincus”, expli­que Ward Janssens. “Nous voulons mettre sur le marché un produit honnête. Avec des matériaux honnêtes. Fabriqué de manière honnête par des personnes qui aiment l’argile et qui sont à chaque fois motivées par l’idée de réaliser un chef-d’œuvre. Et comme la pro­duction et la connaissance vont de pair, nous voyons ce qu’il est possible de faire. La céramique a certaines limites.”

Des limites qu’ils parviennent toujours à repousser. Les réalisations de l’Atelier Vierkant, d’un poids très conséquent, allient leurs designs et talents avec les attentes de leurs clients, généralement de grands architectes à la recher­che de la pièce unique, que ce soit pour un hôtel à Miami, un hôtel privé à Tokyo, le jardin de Christiano Ronaldo ou de Kevin Debruyne ou encore le palais royal d’Abou Dhabi… Un prix variant de 5.000 à 10.000 euros n’est pas rare.

Après des années de croissance entre 10 et 15 %, l’Atelier Vierkant dit avoir atteint son plafond, avec 90 tonnes d’argile transformée par semaine et un chiffre d’affai­res annuel de 18 à 19 millions d’euros. Mais la croissance se profile à nouveau à l’horizon. “Les distributeurs demandent des modè­les abordables qu’ils peuvent stocker, explique Dries Janssens. Nous lancerons un site de production à Ninove à la fin de l’année.”

Tout le monde veut devenir céramiste

A côté de l’Atelier Vierkant, des milliers de céramistes tentent aussi l’aventure dans leur atelier à domicile. Libelia De Splenter en fait partie. L’ancienne présen­tatrice de Studio Brussels fabrique ainsi des pièces uniques de vaisselle. “J’ai commencé la céramique il y a 11 ans parce que je voulais faire quelque chose de complètement différent avec mes mains. C’est devenu incontrôlable. Il y a sept ans, je suis devenue céramiste indépendante à titre principal. Je crée sur commande, pour des particuliers et des restaurants. C’est un processus intensif. Concevoir, tourner, sécher, cuire, émailler et cuire à nouveau prend facilement un mois par service.”

Durant ces 11 années, elle a vu l’intérêt pour la céramique exploser. “C’est fou. Beaucoup de gens qui ont suivi des cours créent leur propre atelier. J’ai moi-même une longue liste d’attente de personnes qui veu­lent venir apprendre.”

Le plus grand acteur du marché belge de la céramique s’appelle Serax. En 38 ans, l’entreprise est passée d’une société de pots de fleurs à un label de design spécialisé dans la céramique, la vaisselle, le mobilier et l’éclairage. Le fondateur et CEO Axel Van Den Bossche ne cesse d’élargir la gamme.

“Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros en 2022, avec environ 80 personnes en Belgique et des équipes de vente en Allemagne, aux Pays-Bas, en France et aux Etats-­Unis. 75 % de notre chiffre d’affaires est réalisé à l’exportation. Nous visons à doubler le chiffre d’affaires actuel en cinq ans.”

“Notre 
public ne veut pas d’un pot de fleurs qui ressemble à celui des voisins.”- Dries Janssens (Atelier 
Vierkant)

Les créations de Sergio Herman en Inde

Serax parvient à répondre à la demande de pièces uniques grâce à un design européen et une production en série, princi­palement en Chine. “Là-bas, ils maîtrisent encore l’art du tour­nage et de l’émaillage. Ils connais­sent les techniques et veulent encore faire du travail manuel en série”, explique Axel Van Den Bossche.

La collaboration de lon­gue date avec des designers est un élément clé du succès. Récemment, des mar­­ques de mode ont également commencé à demander à Serax de produire des services portant leur mar­que. Parmi ses clients haut de gamme, Serax a quelques hôtels cinq étoiles dont le Mandarin Oriental à Paris et le Ritz-Carlton à Saint Louis (Missouri). L’histori­que Six Senses Fort Barwara en Inde, par exem­ple, dresse ses tables avec des créations de Sergio Herman.

Selon le Pottery Ceramics Global Market Report 2024 de The Business Research Company, le marché mondial de la céramique pour poterie a connu une croissance régulière ces dernières années. Il représentera 11,58 milliards de dol­lars en 2024, et même 16 milliards d’ici 2032.

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