Le désamour croissant de l’Europe envers Elon Musk se traduit une nouvelle fois dans les chiffres. En mai, les ventes de véhicules neufs Tesla ont de nouveau reculé dans l’Union européenne, enregistrant un cinquième mois consécutif de baisse.
Alors que l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles) fait état d’une progression générale des ventes de voitures électriques dans l’UE, Tesla affiche des résultats en net retrait. Au total, 8.729 nouvelles Tesla ont été immatriculées dans l’Union le mois dernier, soit une baisse de 40 % par rapport aux 14.682 unités enregistrées en mai 2023. Sur les cinq premiers mois de l’année, le recul atteint même 45 %, avec 50.413 immatriculations. La part de marché du constructeur américain est tombée à 0,9 %, contre 1,6 % un an plus tôt, selon les chiffres de l’ACEA.
L’agence Associated Press confirme la tendance, évoquant un repli de 28 % des ventes de Tesla dans 30 pays européens. Une contre-performance qui intervient peu après qu’Elon Musk a annoncé, le mois précédent, un « rebond majeur » attendu, suscitant une vague d’optimisme chez certains investisseurs.
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Un boycott aux multiples causes
Plusieurs facteurs semblent alimenter ce rejet croissant de la marque en Europe.
Tesla continue notamment de souffrir de la polémique entourant l’engagement de son fondateur auprès du président américain Donald Trump. À la tête de l’agence DOGE, Elon Musk avait annoncé vouloir réduire drastiquement les dépenses publiques, provoquant un tollé. Bien qu’il ait depuis renoncé à cette fonction pour se recentrer sur ses entreprises, les critiques persistent.
En Allemagne, marché stratégique pour Tesla, Elon Musk a aussi été vivement critiqué pour son soutien au parti d’extrême droite AfD lors des dernières élections législatives. Ce contexte politique a contribué à l’érosion des ventes, en dépit du lancement du Model Y restylé.
Malgré son statut de pionnier du véhicule électrique, Tesla peine désormais à conserver sa position dominante sur le Vieux Continent. À noter cependant que la marque continue d’afficher de bonnes performances en Norvège, où le boycott ne semble pas avoir pris.
Une concurrence chinoise de plus en plus forte
Tesla doit par ailleurs faire face à la montée en puissance des constructeurs chinois sur le marché européen, et ce malgré les droits de douane récemment imposés par l’UE. Selon les données de Jato Dynamics, les marques chinoises ont écoulé 65.808 véhicules dans l’UE en mai, doublant leur part de marché à 5,9 %.
Parmi elles, SAIC Motor s’est particulièrement distinguée, avec une hausse de 38 % de ses ventes, dépassant ainsi Tesla sur le marché européen — une position qu’occupait encore la marque américaine un an plus tôt.
Revers aux États-Unis et licenciement stratégique
Les difficultés de Tesla ne se limitent pas à l’Europe. Aux États-Unis, le Cybertruck a perdu sa première place au classement des ventes de pick-up électriques, selon les données de S&P Mobility.
Dans ce contexte de baisse des ventes et d’image en déclin, Elon Musk a décidé de se séparer d’Omead Afshar, responsable des opérations, d’après le magazine Forbes. Ancien ingénieur devenu proche collaborateur de Musk, Afshar avait été promu pour superviser les activités sur les deux marchés clés : l’Amérique du Nord et l’Europe. Tesla n’a pas réagi à ces informations.
La contre-offensive des robotaxis
Face à ces turbulences, Tesla mise désormais sur sa prochaine grande innovation : le robotaxi. Une phase de test vient d’être lancée à Austin, au Texas, avec une flotte limitée à une douzaine de véhicules autonomes.
Elon Musk a affirmé que, si les essais sont concluants, le service pourrait être rapidement déployé dans d’autres villes, avec l’ambition d’atteindre jusqu’à un million de robotaxis en circulation d’ici fin 2025.
Si les premiers retours sont globalement positifs, certaines vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des dysfonctionnements notables. Dans l’une d’elles, un robotaxi circule à contresens sur une voie à sens unique.