Les hommes qui élèvent des enfants perçoivent, en moyenne, un salaire plus élevé que leurs collègues masculins sans enfants. Mais pourquoi ce « bonus de paternité » leur est-il accordé ?
Une récente analyse des données salariales réalisée par le prestataire de services RH Attentia, sur un échantillon de plus de 80 000 employés belges, met en lumière un phénomène relativement méconnu et non reconnu officiellement : le « bonus de paternité ».
Si l’on sait depuis longtemps que, à fonctions et compétences égales, les hommes gagnent plus que les femmes, on ignore souvent qu’au sein même de la population masculine, les pères perçoivent un salaire plus élevé que leurs collègues sans enfants.
Pourquoi un tel écart ?
On est en droit de se poser la question : sur quelle base ce bonus repose-t-il ?
La réponse tient en grande partie à la perception qu’ont les employeurs : les hommes ayant des enfants seraient considérés comme plus impliqués, plus fiables et plus stables. Ils seraient aussi perçus comme travaillant plus d’heures, restant plus longtemps au bureau et prenant plus facilement des responsabilités supplémentaires.
« Le fait qu’une personne élève ou non des enfants ne devrait en aucun cas avoir une incidence sur son salaire, souligne Hannelore Blondia, Senior HR Consultant chez Attentia. Et pourtant, nous constatons de nets écarts. »
Elle rappelle également que ces différences révèlent l’impact des préjugés inconscients sur les rémunérations : « La transparence devient essentielle pour rendre visibles ces inégalités. »
Jusqu’à 565 euros d’écart
L’étude montre que cet écart salarial est particulièrement marqué chez les employés, mais se retrouve également dans toutes les tranches d’âge :
- Les hommes âgés de 25 à 35 ans gagnent en moyenne 419 euros brut de plus par mois que leurs collègues sans enfants.
- Chez les 35-44 ans, l’écart s’élève à 407 euros.
- Il atteint un pic de 565 euros chez les 45-54 ans.
- À partir de 55 ans, l’écart redescend à environ 392 euros.
Le « bonus de paternité » augmente aussi avec le niveau d’études : plus celui-ci est élevé, plus la différence salariale est marquée.
En revanche, cette disparité est quasi inexistante chez les ouvriers, où les salaires des pères et des hommes sans enfants sont pratiquement identiques.
Un bonus amené à disparaître ?
Ce bonus pourrait toutefois être amené à disparaître. Dès juin 2026, la directive européenne sur la transparence salariale entrera en vigueur. Elle obligera les entreprises à publier chaque année des données sur les écarts de rémunération.
L’objectif principal de cette directive est de lutter contre les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, mais elle permettra également à tous les travailleurs de vérifier s’ils sont rémunérés équitablement par rapport à des collègues exerçant des fonctions équivalentes.
« La nouvelle législation européenne pousse les entreprises à réexaminer leur politique salariale et à justifier les différences sur la base de critères objectifs et neutres. Cela favorisera une politique salariale plus transparente et plus équitable », conclut Hannelore Blondia.