Laurence Mathieu (CEO de NRB): “Au cœur de ma vision, il y a l’humain!”
“Les technologies ne sont pas une fin en soi, elles doivent être au service de l’humain”, martèle la CEO de l’entreprise liégeoise. La responsabilité éthique, sociale et environnementale doit être un élément discriminant positif dans un univers en pleine mutation. Pour son premier bilan, elle adopte un discours qui tranche par rapport aux mâles alpha de la tech américaine.
Cela fait un an que Laurence Mathieu est à la tête de NRB, la société liégeoise solidement implantée comme troisième acteur belge de services technologies aux entreprises. L’occasion de dresser un premier bilan. Ancienne de chez Hewlett-Packard, c’est aussi l’une des rares femmes à une fonction de direction dans le secteur de la tech.
“Le message principal que j’ai envoyé à nos équipes pour le lancement de 2025, c’est que mon aventure chez NRB est, jusqu’ici, l’histoire d’une belle rencontre, entame-t-elle. Je suis entrée en fonction le 2 janvier 2024 et, depuis, j’ai eu l’occasion de travailler avec 2.000 collaborateurs investis dans leur mission. Au cœur de ma vision, il y a l’humain ! C’est le plus important pour une entreprise de services, a fortiori technologiques.”
“Une croissance responsable”
NRB entame cette année nouvelle avec une croissance programmée, à l’image de tout le secteur. “Nous représentons un chiffre d’affaires de 330 millions d’euros en 2023 souligne sa CEO. Nous sommes la troisième société de services au niveau belge et la cinquième dans tout le secteur, nous sommes donc un acteur majeur. Nous nous focalisons sur l’attraction de talents, avec les compétences technologiques, mais aussi l’empathie nécessaire pour répondre aux besoins de nos clients.”
En 2025, NRB recrutera entre 200 et 300 employés. “Mon expérience de 25 ans dans le secteur montre qu’il est vital de bien comprendre les besoins des entreprises, appuie-t-elle. Cela ne peut se faire que via cette dimension humaine. La technologie est un outil au service des travailleurs. Nous devons veiller à ce qu’il le reste.”
Les dimensions sociales et environnementales sont essentielles, insiste la CEO. “Notre bâtiment principal est alimenté par des panneaux photovoltaïques et une éolienne de 185 mètres de haut. Et lorsque nous proposons une solution à nos clients, nous tenons également compte de cette dimension. L’intelligence artificielle consomme énormément d’énergie, nous sommes vigilants quant à son impact.”
330 millions – En euros, le chiffre d’affaires enregistré par NRB en 2024.
Élections et fiches de paie
NRB accompagne des processus démocratiques importants, dont les élections. “Derrière les deux scrutins de 2024, il y avait des acteurs du groupe NRB au service de ces actes citoyens, avec des logiciels de dépouillement ou de comptage des résultats. Mais il y avait aussi les data centers de NRB où la sécurisation des données est assurée par nos soins. La technologie est au service d’un moment important.”
Un autre exemple ? “La plupart des fiches de paie en Belgique sont calculées grâce à la puissance de calcul de nos technologies. Nous supportons des gestes essentiels pour la société. C’est cela qu’il convient de retenir de nous. Nous voulons faire sens et choisir ‘la solution qui va bien au besoin qui va bien’, comme j’ai coutume de dire. Le but, c’est que nos clients, à long terme, puissent se focaliser sur leur métier avant tout. L’informatique peut faire peur, aussi, tout consiste à le rendre accessible pour tous. Ce n’est pas une fin en soi, elle doit être au service des humains.”
NRB entend d’ailleurs se distinguer par un service de consultance digitale performant, composé d’anciens du monde bancaire et financier, de l’industrie ou des biotechs. “Ils ont travaillé dans l’IT pour ces secteurs et sont capables d’entrer en dialogue pour définir le besoin exact des acteurs avec lesquels nous travaillons, explique Laurence Mathieu. Si on veut automatiser une chaîne de production ou développer un modèle de prix pour une compagnie d’assurance, on peut choisir la technologie nécessaire.”
Digitalisation à la traîne
La Wallonie reste à la traîne en matière de digitalisation. “Beaucoup de choses restent à initier, notamment aux niveaux belge et européen, acquiesce-t-elle. Cela permet de fluidifier les entreprises, de les rendre plus agiles et, ce faisant, plus concurrentielles. Mais cela vaut aussi pour les services publics, qui représentent une part de notre métier qui nous tient à cœur. Les besoins sont énormes, notamment autour des données. C’est un enjeu économique avant d’être un enjeu IT d’ailleurs. Il y a aussi des besoins importants au niveau européen en termes de compliance.”
Le secteur de la tech attend-il des évolutions de la part du pouvoir politique ? “L’Europe est consciente de l’importance de l’enjeu en matière de souveraineté des données, dit-elle. C’est important d’avoir de la régulation car nous devons développer une technologie responsable en matière de propriété intellectuelle. Nous nous conformons à toutes les certifications. Ce doit également être un élément différenciateur pour les sociétés européennes.” En d’autres termes, transformer la contrainte en vertu…
C’est dit : sous la houlette de Laurence Mathieu, NRB ne fera pas n’importe quoi. “Nous voulons être responsables à tous les niveaux. Nous voulons continuer à recruter, mais en travaillant avec des acteurs de la formation sociale comme BeCode. Nous essayons de donner un sens à ce que nous faisons et il ne faut pas se tromper, c’est important aussi pour que nos collaborateurs soient attachés à l’entreprise. La nouvelle génération accorde de l’importance aux valeurs. Chez nous, un développeur va aussi contribuer au développement d’une plateforme gérant les certificats d’émissions de CO2.” Début janvier, pour deux postes ouverts en IA, NRB a reçu plus de 130 candidatures.
“Attirer des femmes”
Est-ce facile d’être une femme dans la jungle de la tech ? “Je le vis très bien, sourit-elle. La question la plus importante à se poser, c’est de savoir pourquoi les jeunes filles se dirigent moins vers les études technologiques. C’est la base ! Il s’agit d’expliquer que les services informatiques, ce n’est pas uniquement être derrière un écran pour développer des programmes, c’est également nouer des contacts humains avec les clients, notamment. Attirer des femmes, c’est important pour nous aussi car nous voulons avoir une représentation la plus juste possible de la société.”
L’entreprise dispose d’une chaire à l’université de Liège et entend expliquer ce que représente le métier. Est-ce possible à une époque des “mâles alpha” dans le secteur de la tech ? “Franchement, je n’ai jamais ressenti de freins par rapport au fait d’être une femme. J’ai toujours travaillé dans ce domaine. Quand j’ai commencé il y a 25 ans, il n’y avait pas beaucoup de femmes, mais il y en avait. J’ai eu la chance d’avoir eu des collègues progressistes et cela fonctionnait très bien. Chez NRB, nous avons tout de même 30% de femmes managers, ce n’est pas si mal. L’évolution naturelle est en marche. Le fait de proposer des solutions comme le télétravail est également une solution.”
Laurence Mathieu est consciente de cet enjeu du genre. “En toute état de cause, il faut toujours privilégier le meilleur candidat, ce n’est pas nécessairement une bonne chose de privilégier une femme pour cette seule raison. Je ne suis pas militante, je fais mon travail et c’est sans doute comme cela que l’on fait avancer toutes les causes du monde.”
Pour le reste, elle martèle son leitmotiv, qui n’est pas neutre dans ce monde en pleine mutation: “Les technologies ne sont pas une fin en soi.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici
NRB
-
Siège social:
Herstal
-
Secteur:
ICT - Informatica: services, consultancy, software
-
Toegevoegde waarde:
140511773