Lire la chronique d' Amid Faljaoui
L’arrivée massive de la voiture électrique est une aubaine pour les fabricants de pneus
Avec la neige qui a surpris quelques automobilistes hier, j’imagine que certains – têtes en l’air – se sont dit qu’il serait temps d’installer leurs pneus d’hiver.
Je fais, hélas, partie de ces têtes en l’air, mais si je vous en parle aujourd’hui, c’est pour vous expliquer que derrière cet objet rond et noir, dont on oublie souvent même l’existence, il y a un potentiel d’innovation technologique incroyable. D’abord, rappeler que le pneu est en train lui aussi de se verdir. Le leader mondial des pneus Michelin vient d’annoncer qu’il aura 100% de matériaux durables dans ses pneus pour 2050. Aujourd’hui, ce chiffre est déjà ou seulement – à vous de voir ce qu’il faut dire – de 28%. Mais derrière la simplicité du pneu, il y a une réalité plus complexe. Il faut rappeler qu’il est fabriqué à partir de 200 composants différents : il y a du caoutchouc synthétique, du noir de carbone et de la silice, des textiles, du métal, etc.
Donc, Michelin vient de déclarer qu’en redoublant d’efforts sur le plan de la recherche, les matériaux durables utilisés dans ses pneus pourraient déjà être de 40% en 2030, demain donc. C’est évidemment une demande des clients non seulement finaux – vous et moi donc – mais aussi des premiers clients çàd les constructeurs automobiles qui eux aussi sont occupés à réduire drastiquement leur empreinte carbone.
A ce propos, l’arrivée massive de la voiture électrique au cours des prochaines années est une aubaine pour tous les fabricants de pneus. Pourquoi ? Mais parce que la recherche technologique de Michelin, Pirelli, Continental ou Goodyear se focalise beaucoup sur la réduction de la résistance au roulement des pneus liée au frottement du sol. C’est d’ailleurs l’argument clé utilisé par ces fabricants de pneus pour justifier la hausse des prix de ces fameux pneus, car la réduction de cette résistance au roulement aide très directement les constructeurs automobiles à améliorer leurs émissions de CO2 et donc la consommation de leurs véhicules. Or, pour les voitures électriques, cette résistance au roulement est fondamentale, car elle permet de faire gagner jusqu’à 10% d’autonomie.
Mais attention, les pneus pour voitures électriques sont différents, ils doivent tenir compte du fait que les voitures à batteries sont plus lourdes, avec un centre de gravité plus bas qui entraine des efforts latéraux plus élevés. Bref, je vous passe les détails que je ne maîtrise d’ailleurs pas, mais le résultat, c’est que ces pneus “premium” sont évidemment plus rentables que les pneus classiques. En résumé, si la voiture électrique est une mauvaise nouvelle à court terme pour les constructeurs auto, car elle est moins rentable, c’est exactement l’inverse pour les fabricants de pneus. Mieux encore : comme ces pneus “électriques” demandent une maîtrise technologique que n’ont pas les concurrents asiatiques, c’est tout bon pour Michelin, Pirelli, Continental ou Goodyear. En effet, les pneus low cost asiatiques ont pris 25 à 30% du marché européen en quelques années, et donc l’imposition de la voiture électrique dans le parc automobile européen va redonner un énorme avantage aux fabricants de pneus locaux.
Et je vous parle de tout ça au départ d’une neige tombée hier matin. C’est ce qu’on appelle une digression. J’espère qu’elle était intéressante.
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