Olivier Belenger et Théo Risopoulos, deux Belges à la tête de la société de capital à risque, nouent un partenariat avec PIC1871, le holding de la famille Philippson, pour renforcer leur capacité de porter des projets au Canada. Objectif : atteindre des actifs à hauteur de 500 millions de dollars d’ici 10 ans.
C’est une belle histoire belge, faite de projets à succès accumulés durant une vingtaine d’années dans les sciences de la vie, en Belgique. De quoi donner l’envie de s’envoler vers d’autres horizons. À la fin de l’année dernière, les cofondateurs de Seido Capital, Théo Risopoulos et Olivier Belenger, se sont exportés en Amérique du Nord, à Montréal, pour délivrer davantage de résultats au service d’un large public. Avec un soutien financier et gestionnaire de poids, celui de la famille Philippson.
Du capital à risque dans trois secteurs
C’est en novembre 2024 que le gestionnaire de fonds Theodorus, dédié aux spin-off de l’ULB, est devenu Seido Capital. Et qu’il a migré vers le Canada. “Nous avons créé cette activité pour investir du capital à risque dans trois secteurs : les biotechnologies, les dispositifs médicaux et l’intelligence artificielle ou les softwares appliqués à la biopharmaceutique”, soulignent Théo Risopoulos et Olivier Belenger.
Grâce à la collaboration avec la famille Philippson et son fonds suisse PIC1871, Seido Capital va prendre une autre dimension. Ce partenariat stratégique va faire de Seido Capital un des principaux fonds dans ce domaine vital. “Nous sommes un acteur qui prend des positions en équité dans des entreprises à haute valeur technologique, détaille Théo Risopoulos. Soit nous entrons comme premier investisseur structurant, alors qu’il n’y a pas encore beaucoup de preuves de validation, c’est un risque pris sur une idée et une équipe de management aguerrie. Soit nous entrons en série A, après un concept scientifique validé ou une première transaction commerciale, pour accompagner la création de valeur.”
Seido Capital n’investira plus en Belgique
La société peut s’appuyer sur l’expérience passée de ses équipes dans la gestion des fonds Theodorus, marquée par plusieurs succès récents, comme CluePoints, vendue à EQT Partners pour 700 millions d’euros, Ogeda, rachetée par Astellas pour 800 millions d’euros, ou Masthercell, cédée à Catalent pour 315 millions de dollars.
“Dans notre activité de gestionnaire, nous nous rendions compte que nous laissions de la valeur sur la table, d’où l’intérêt d’une réelle présence en Amérique du Nord pour pouvoir créer plus de valeur, soulignent les deux cofondateurs. Là où l’idée initiale était de nous installer à Montréal pour accompagner des entreprises européennes vers l’Amérique du Nord, on a vite constaté qu’il y avait là-bas de très bonnes universités et trois milliards alloués chaque année à la recherche. Or, il n’y avait guère d’acteurs privés accomplissant un travail comme le nôtre pour accompagner la mise sur le marché. Nous avons donc naturellement recentré toutes nos activités là-bas.”
Conséquence logique : Seido Capital n’investira plus en Belgique. “Le marché nord-américain est suffisamment grand avec 370 millions de patients et de consommateurs, c’est un environnement exceptionnel, précise Olivier Belenger. Avec PIC1871, nous avons trouvé le partenaire idéal.” Ils s’en défendent, mais c’est un abandon du pays.
Objectif : 500 millions dans 10 ans
“Au fil des années, nous avons construit une solide relation de confiance mutuelle avec l’équipe de Seido Capital, sourit Jacques-Martin Philippson, à la tête de PIC1871. Le recentrage de l’activité du fonds au Canada et le succès de ses précédents véhicules ont confirmé notre décision de nous associer à leurs projets de développement.” “Nous nous réjouissons de ce croisement d’expérience et de réseau avec PIC1871”, enchaîne Théo Risopoulos. “Ce rapprochement renforce notre structure et devrait nous permettre de rentrer dans une nouvelle dimension”, conclut Olivier Belenger.
Grâce à ce partenariat, Seido Capital entend accélérer sa croissance. Objectif ? Porter ses actifs sous gestion de 150 millions à 500 millions de dollars canadiens dans les 10 prochaines années. L’alliance avec PIC1871 renforce la présence de la société de gestion en Amérique du Nord. Et elle lui permet de soutenir plus efficacement les start-up innovantes dans les sciences de la vie. “Nous voulons devenir un leader dans ce marché, insistent les dirigeants de l’entreprise. Nous cherchions des associés nous permettant de travailler sur ce que Jacques-Martin Philippson appelle ‘le temps long’.”
“C’est en tant qu’actionnaire actif non exécutif que nous avons rejoint Seido Capital , précise le responsable de PIC1871. Le savoir-faire développé par Théo et Olivier leur a conféré une place exceptionnelle. Pour nous, c’est important. Notre rôle sera effectivement de les aider à se structurer dans le temps long, une notion que j’aime beaucoup. Notre ambition de croissance est importante pour arriver à ces 500 millions de capital, ce qui représente un grand fonds dans ce domaine où les participations sont moins importantes que dans le private equity habituel. Tout cela est le fruit d’une passion autant que d’une expérience du passé.”
“Notre rôle sera de les aider à se structurer dans le temps long.” – Jacques-Martin Philippson (PIC1871)
Dynamisme sur le marché et investissements risqués
Quatre transactions ont déjà été réalisées au Canada durant ces 10 mois. “Cela témoigne du dynamisme qu’il y a sur ce marché, se félicite Théo Risopoulos. Cela concerne deux biotechs, l’une basée à Vancouver et l’autre au Québec, ainsi qu’une spin-off de l’Institut de cardiologie de Montréal pour des dispositifs médicaux. Sur trois de ces deals, il n’y a pas un entrepreneur qui n’avait pas auparavant revendu d’autres entreprises, parfois pour plus d’un milliard, avant de se relancer à un stade précoce. Ce sont des investissements extrêmement risqués, mais le fait d’avoir de telles équipes expérimentées permet de diminuer considérablement les risques.”
L’objectif premier, pour le choix de ces projets, c’est de réaliser 10 fois la mise de départ. “Pour faire cela, on part de la fin, du rendement que l’on peut espérer. Après seulement on détermine le cash dont on a besoin, résume le cofondateur de Seido Capital. Notre avantage, c’est que l’on connaît très bien le milieu des Big Pharma et des Big MedTech : on connaît les technologies qu’ils recherchent pour les prochaines années. Depuis que nous travaillons dans le secteur, nous avons fait une cinquantaine d’investissements et nous en avons revendu 32 !”
L’essentiel, disent-ils en chœur, c’est de savoir capturer les grandes tendances du marché : “Il y a eu les thérapies moléculaires et géniques dans les années 1990, puis la vague des nouvelles thérapies au début des années 2000, puis la digitalisation et le développement de l’IA autour de 2014-15.”
“Généralement, dans le secteur, il y a plutôt 46 faillites pour 50 investissements, conclut Jacques-Martin Philippson. Olivier et Théo ont créé une valeur entrepreneuriale et sociale colossale que nous voulions soutenir.”
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