Le médecin légiste belge devenu auteur à succès sort son quatrième livre aujourd’hui : ‘‘La mort, c’est ma vie’’ aux éditions Kennes, une entreprise que Philippe Boxho a sauvée ‘‘malgré lui’’ et à laquelle il est resté fidèle. Rencontre avec Dimitri Kennes, un éditeur qui a retrouvé le sourire.
Plus de 1,2 million d’exemplaires vendus en trois ans à peine ! Véritable phénomène de l’édition belge, Philippe Boxho n’en revient toujours pas du succès généré par ses trois premiers livres qui racontent son quotidien de médecin légiste avec 3.000 autopsies à son actif.
Porté par un humour délicieusement glacial, le Liégeois raconte des crimes spectaculaires et des suicides suspects dans des ouvrages haletants qui, aujourd’hui, séduisent les marchés étrangers. Son quatrième ouvrage ‘‘La mort, c’est ma vie’’ ne devrait pas déroger à la règle du triomphe probable, fort d’un premier tirage imposant destiné à conquérir principalement le marché français.
Rencontre avec son éditeur Dimitri Kennes qui, il y a trois ans à peine, était au bord de la faillite, avant que Philippe Boxho ne vienne lui redonner sourire en faisant brillamment parler les morts.

Vu le ‘‘phénomène Boxho’’, 350.000 exemplaires pour un premier tirage de son quatrième livre, c’est énorme ou, au contraire, très peu ?
Dimitri Kennes : Dans l’absolu, c’est énorme, bien évidemment, par rapport aux différents tirages qu’on peut avoir, en général, sur les best-sellers. L’année passée, nous avions imprimé 300.000 exemplaires de son troisième livre et c’était assez ambitieux, parce que nous en avions mis 100.000 en place dans les magasins et que j’avais gardé un stock de 200.000 livres en réserve. Mais tous les signaux me démontraient que le phénomène allait éclore en France. Et, effectivement, j’ai eu raison puisque le 31 décembre, on avait écoulé les 300.000 exemplaires et qu’on avait déjà dû en réimprimer.
Donc, 350.000 exemplaires pour ce quatrième tome, c’est prudent. Ou disons plutôt que c’est beaucoup moins imprudent et ambitieux que ce qu’on a fait précédemment.
Sans compter que le tout premier tome, Les Morts ont la parole, sort également demain en format livre de poche à 150.000 exemplaires…
Oui, il y a quand même aujourd’hui encore un déficit proportionnel en France, puisque 25% des livres de Philippe Boxho ont jusqu’ici été vendus en Belgique. Or, sur le marché francophone, la Belgique représente normalement entre 6% et 10% des ventes de livres en français. Ça veut dire qu’il y a encore beaucoup de citoyens français qui n’ont pas découvert Philippe Boxho parce qu’il était moins présent en magasin et que la couverture n’était pas encore aussi importante qu’aujourd’hui. Je pense que l’on va combler cela, d’autant plus que le livre proposé en poche a quand même un prix qui est nettement inférieur, à savoir 8,90 euros au lieu de 19,90 euros.
Au niveau des traductions sur d’autres marchés, où en êtes-vous actuellement ?
Jusqu’à présent, le premier tome est sorti dans une douzaine de pays, en sachant que l’on a déjà signé des contrats pour 18 pays et que d’autres sont encore en prospection. Et puis, il y aura seulement les deuxième, puis troisième tomes…
Et quid de cette fameuse adaptation audiovisuelle dont on a déjà parlé. Netflix, HBO, UGC et TF1 se disputent toujours les droits sur les livres de Philippe Boxho ?
Là, on a mis un gros coup de frein sur le projet parce qu’on a un problème et que la solution demande un petit peu de temps. Le problème, c’est que lorsque l’on adapte les histoires de Philippe Boxho à l’écran, cela ressemble plus à un docu-fiction qui ne révolutionne pas vraiment le septième art. Donc, l’idée serait plutôt de faire une vraie fiction avec un héros qui s’appelle Philippe Boxho et qui va participer à des enquêtes, un peu comme ça se passe pour des séries comme Balthazar ou Dexter.
C’est pour ça que l’on part sur un nouveau projet, à savoir un roman policier qui serait écrit à quatre mains, avec la collaboration d’un auteur d’envergure internationale et qui serait facilement adaptable à l’écran. Il sortirait seulement l’année prochaine et donc, concrètement, il n’y aura pas de tome 5 en 2026. Ce sera seulement pour 2027.
En attendant, on concentre donc nos efforts sur deux projets: ce roman policier avec le médecin légiste qui fait parler les morts et qui aide à résoudre des enquêtes, et puis aussi une bande dessinée avec Pierre Alary, qui est auteur et dessinateur, et qui va adapter l’œuvre de Philippe Boxho en BD.
Comment se portent aujourd’hui les éditions Kennes ?
C’est une période faste ! On a quand même été pris dans un méchant tourbillon il y a quelques années et là, on essaie tout doucement de se poser avec un chiffre d’affaires qui est proche des 10 millions d’euros pour l’année 2024 et un très bon résultat net. Donc, tout va bien, d’autant plus que nos deux fils aînés, qui ont étudié à Solvay et qui travaillaient tous les deux chez Ernst & Young, ont rejoint l’entreprise familiale avec l’objectif d’une transmission à long terme. Parce que, mon épouse et moi, nous avons un peu plus de 50 ans et que l’on veut essayer de rendre les choses pérennes, tout en restant hyper cohérents avec ce qu’on a construit avec Philippe Boxho jusqu’ici.