À Bruxelles, les fuites d’eau et les débouchages d’urgence sont souvent synonymes de prix exorbitants, voire d’arnaques. Pour changer la donne, La Compagnie des Tuyauteurs promet une totale transparence de ses tarifs. En bonus, leurs interventions en vélo-cargo électrique se veulent zéro carbone.
Les coursiers en deux-roues qui livrent des repas ou des colis font partie du paysage bruxellois. Parmi eux, on croise rarement des plombiers à vélo. C’est dans ce créneau original que s’est lancée La Compagnie des Tuyauteurs, créée début 2025 par Louis de Liedekerke et Xavier Peters. Leur objectif : dépanner les habitants de la capitale tout en réduisant leur empreinte carbone et en luttant contre les nombreuses arnaques qui gangrènent le secteur.
Les plombiers de La Compagnie des Tuyauteurs se déplacent à la force de leurs mollets, aidés d’une assistance électrique pour transporter leur matériel. Leur activité se concentre sur trois volets : la détection de fuites d’eau non destructives, les débouchages et les petits travaux de plomberie (remplacement de mitigeur, siphon…). “On ne va évidemment pas remplacer une baignoire à vélo”, précise, sur le ton de l’humour, son cofondateur Louis de Liedekerke.
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Pas le profil de l’emploi
L’idée vient de son associé, Xavier Peters, ex-directeur commercial chez Ridgid, une société spécialisée en outillage de plomberie. Écarté après une fusion, il avait songé à créer un service de plombiers à vélo, sans aller plus loin. “En discutant de ce projet avec Xavier, on a trouvé que c’était une excellente idée : un métier concret, avec une dimension écologique”, retrace Louis de Liedekerke.
Le jeune entrepreneur de 33 ans n’a pourtant pas le profil de l’emploi. Diplômé en gestion à l’UCLouvain, il a passé cinq ans comme consultant chez PwC et a mené différentes missions internationales, dont une en Inde pour l’Awex et une autre en Afrique du Sud via le fonds Prince Albert. “En revenant de l’étranger, je voulais racheter une boîte ou en lancer une. Finalement, j’ai cofondé La Compagnie des Tuyauteurs”, raconte-t-il.
“Vu la concurrence, nous sommes obligés de nous spécialiser, poursuit l’entrepreneur. Se déplacer en vélo-cargo facilite grandement les interventions. Nous avons récemment débouché des toilettes à la gare du Midi. Nous avons pu accéder directement à l’intérieur de la gare, ce qui aurait été impossible avec une camionnette.”
“Se déplacer en vélo-cargo facilite grandement les interventions.” – Louis de Liedekerke
Pour réduire au maximum son empreinte carbone, l’entreprise mise sur des dépôts de quartier. “Nous comptons créer un maillage de garages disséminés dans les 19 communes pour limiter les trajets”, précise encore Louis de Liedekerke.
Le concept se révèle aussi plus économique. “Ni essence à payer ni de frais de parking, et l’entretien des vélos coûte beaucoup moins cher que celui d’une camionnette.” Au-delà de la mobilité zéro carbone, la société bannit également les produits chimiques nocifs lors des débouchages.
Réparer sans détruire
Louis de Liedekerke pilote la stratégie, le commercial et l’administratif, tandis que son associé Xavier Peters (64 ans), fort de 20 ans d’expérience dans le milieu, gère le terrain. Le premier n’hésite cependant pas à mettre les mains dans le cambouis. “J’ai suivi une formation à la détection de fuites en France, une spécialité de niche que nous développons avec des caméras thermiques, endoscopiques et des machines à fumée. Lors d’un dégât des eaux, nous identifions d’abord la cause de façon non destructive, ce qui permet de localiser le tuyau défectueux sans démolition. Nous produisons ensuite un rapport détaillé destiné à l’assurance”, explique Louis de Liedekerke.
La société etterbeekoise mise aussi sur la transparence, un élément crucial dans un secteur miné par les arnaques. Les chiffres du SPF Économie le confirment : en 2024, 392 plaintes ont été enregistrées concernant des services de réparation d’urgence (plomberie, serrurerie, chauffage), principalement pour des prix abusifs, un record.
150 euros le débouchage
“Chaque semaine, nous rencontrons des clients qui ont payé 1.000 euros pour un simple débouchage d’une heure. Souvent, ce sont des personnes âgées qui tombent sur des publicités trompeuses sur Internet. Ces prestataires peu scrupuleux – de vrais margoulins ! – misent sur Google Ads et raflent les premiers résultats du moteur de recherche”, déplore Louis de Liedekerke. Pour contrer ces pratiques malhonnêtes, la société affiche clairement l’ensemble de ses tarifs sur son site. “Un débouchage simple coûte 150 euros, ni plus ni moins. Nous expliquons toujours le prix exact en fonction du matériel utilisé, afin que le client sache à quoi s’attendre.” Les retours des clients sont positifs et la trentaine d’avis en ligne confirme ce satisfecit.
L’équipe, composée à ce jour de trois plombiers, effectue en moyenne une cinquantaine d’interventions par mois, un chiffre en forte croissance. Depuis son lancement, la PME a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 80.000 euros, en progression rapide : 2.000 euros en janvier, 20.000 euros par mois aujourd’hui. Sa clientèle se compose à 40% de syndics, gestionnaires d’immeubles et assurances (actuellement une vingtaine), et à 60% de particuliers. “Pour le moment, nous n’avons pas eu besoin de publicité. Le bouche à oreille fonctionne très bien, notamment auprès des fonctionnaires de la Commission européenne”, souligne Louis de Liedekerke. L’été, habituellement calme dans le secteur, a même été exceptionnel. “En juillet, nous avons battu notre record d’interventions. “
Le défi du recrutement
Le principal défi réside dans le recrutement. “Beaucoup de plombiers préfèrent la camionnette au vélo. Nous envisageons de recruter via Unago, l’entreprise de ma compagne (Aloïse Louis, ndlr). Celle-ci est spécialisée dans la réinsertion de personnes ayant connu un passage en prison. Elles pourraient être formées aux débouchages, qui ne nécessitent pas de certification spécifique”, estime Louis de Liedekerke.
La start-up bruxelloise ambitionne d’atteindre la vingtaine de collaborateurs d’ici deux ans. Ainsi que d’étendre son modèle à Gand, Anvers, voire au Benelux. “Ce sont des villes avec peu de relief. Donc plus adaptées qu’une ville comme Namur avec la Citadelle à gravir”, commente l’entrepreneur. Louvain-la-Neuve pourrait aussi figurer sur sa feuille de route. L’entreprise prévoit, par ailleurs, des partenariats avec des acteurs reconnus, comme la société bruxelloise Shayp, qui analyse les fuites d’eau à l’aide de l’IA.
Chauffe Marcel, l’entretien de chaudières à vélo
Économiser de l’énergie tout en réduisant son empreinte carbone : c’est aussi le pari de Chauffe Marcel, jeune entreprise bruxelloise qui a opté pour le vélo pour l’entretien des chaudières à Bruxelles. Un choix logique : l’intervention ne nécessite ni matériel lourd ni camionnette. Les techniciens agréés PEB se déplacent ainsi avec un impact environnemental réduit.
Derrière le projet, on trouve deux amis d’enfance : Sébastien Otten, chauffagiste de métier, lassé des contraintes de son secteur, et Thibault Demanet, spécialiste en marketing. Ensemble, ils ont saisi une double opportunité : l’obligation légale d’entretenir les chaudières gaz tous les deux ans depuis 2019 et l’absence d’acteur majeur à Bruxelles.
Leur start-up mise aussi sur une digitalisation poussée : réservation et paiement en ligne, attestation envoyée par e-mail et rappel automatique pour le prochain contrôle. À la clé, une chaudière qui consomme 10 à 12 % d’énergie en moins et une économie d’environ 100 € par an, tout en prolongeant sa durée de vie, promettent les fondateurs de Chauffe Marcel.
L’entretien est facturé 150 € TVAC, avec des réductions pour les voisins qui se regroupent : 135 € pour trois foyers, 120 € pour cinq et 105 € pour dix. Un agenda en ligne permet de profiter de tarifs réduits si un technicien passe déjà dans le quartier. Avec ce concept écologique, pratique et digitalisé, Chauffe Marcel entend bien dépoussiérer le secteur du chauffage à Bruxelles.
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