L’entreprise d’appareils photo et de films avertit : elle n’a pas les fonds pour payer ses dettes. Elle risque la faillite. Mais il y a des pistes pour une éventuelle survie.
Kodak, voilà un nom qui dit sans doute quelque chose à tout le monde. L’entreprise américaine qui produit des appareils photo, des films argentiques et d’autres produits liés à la photographie, vieille de plus de 130 ans (son premier brevet a même été déposé il y a 146 ans), pourrait cependant bientôt ne plus exister.
C’est ce qu’elle a indiqué plus tôt cette semaine, dans son rapport financier trimestriel. Elle doit bientôt payer 500 millions de dollars de dettes, mais n’a pas réussi à trouver les financements nécessaires ni les liquidités suffisantes. “Ces conditions soulèvent des doutes importants quant à la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités”, constate Kodak.
L’action a chuté de plus de 20% le lendemain de l’annonce.
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Peut-elle encore éviter la faillite ?
Mais l’entreprise ne se voit pas encore déposer le bilan. Dos au mur, elle annonce quelques pistes pour se sauver. Elle arrête par exemple les paiements à son plan de pension. Elle estime pouvoir payer une partie des dettes, et pouvoir “modifier, prolonger ou refinancer” le reste.
Autre tour dans son chapeau : les droits de douane. Ou plutôt, une certaine immunité contre ces taxes. Kodak fabrique bon nombre de ses produits aux États-Unis, et ne s’attend donc pas à un impact important de ces droits de douane sur ses chiffres et ventes (contrairement à des entreprises qui y importent leurs produits, qui doivent augmenter leurs prix au risque de voir la demande baisser, ou prendre sur leurs marges).
Reste à voir si cela sera suffisant.
Des années difficiles
Les soucis de l’entreprise ne datent pas d’hier. En janvier 2012, elle avait déjà déclaré faillite. Elle en est ressortie en septembre 2013, après une réorganisation et avoir trouvé des accords avec la justice et les créditeurs.
Son déclin a en fait commencé avec l’émergence des appareils photo numériques… alors qu’Eastman Kodak (de son nom complet, et Kodak ne veut d’ailleurs rien dire de particulier, le fondateur aimait juste bien la lettre K) était la première entreprise à introduire une caméra digitale, en 1975. Plus tôt dans les années 70, elle régnait encore en maître absolu sur le monde de la photo, occupant 90% des parts de marché du film et 85% de celui de la caméra aux États-Unis. Mais elle n’a visiblement jamais vraiment pu s’imposer sur le numérique.
Son nouveau débouché, trouvé en 2020, ne l’a pas sorti de l’ornière non plus. Elle s’est alors lancée dans la production… d’ingrédients pour des produits pharmaceutiques. Les années précédentes (depuis la faillite de 2012), elle avait déjà commencé à se spécialiser dans la production de produits chimiques. C’est le gouvernement Trump qui l’a missionnée, avec une enveloppe de 765 millions de dollars, pour produire ces ingrédients pour les médicaments génériques. Trump voulait alors augmenter la production de médicaments aux États-Unis, pour moins devoir se reposer sur les importations. Après l’annonce de cette mission, le cours de Kodak a été multiplié par 6 en cinq jours.
Ce qui fait parfaitement écho à l’actualité d’aujourd’hui. Trump veut toujours augmenter la production de médicaments aux États-Unis et compte donc imposer des droits de douane monstre à la pharma. Il veut aussi forcer le secteur à réduire ses prix. Reste à voir si, dans ce contexte, le gouvernement jette une nouvelle bouée de secours à Kodak.