Ikea Belgique refuse d’embaucher: le pari de la productivité face aux grèves

Muriel Lefevre

Après une semaine de grèves dans six de ses huit magasins belges, le géant suédois maintient sa ligne : pas de recrutements massifs. Face à une baisse de chiffre d’affaires, Ikea mise sur l’automatisation plutôt que sur l’augmentation des effectifs.

Les syndicats ont mobilisé la semaine dernière pour dénoncer la charge de travail excessive et réclamer davantage d’embauches pour compenser les départs et les absences maladie insuffisamment remplacés. Une demande à laquelle le CEO d’Ikea Belgique, André Schmidtgall, oppose un « niet » très clair dans De Standaard: “Nous devons garder nos coûts sous contrôle, car nous vivons des temps difficiles.” Pas question donc d’augmenter substantiellement les 4.418 employés que compte l’enseigne en Belgique.

L’automatisation comme réponse

Plutôt que d’accroître les effectifs, Ikea déploie des drones pour l’inventaire des stocks en entrepôt, une tâche chronophage et pénible. Le CEO s’engage également à mieux anticiper les pics d’affluence pour ajuster les plannings, reconnaissant qu’il n’est “pas toujours facile de prévoir l’affluence”.

Cette prudence s’explique par une situation financière contrastée. Sur l’exercice 2024-2025, Ikea Belgique a subi un recul de 1,2% de son chiffre d’affaires à 1,18 milliard d’euros, alors que les volumes ont progressé de 2,7% et la fréquentation de 9,4% en ligne et 1,1% en magasin. Ce paradoxe révèle une stratégie de prix agressifs dans un contexte de pouvoir d’achat dégradé.

Schmidtgall pointe aussi la concurrence des plateformes e-commerce étrangères qui “opèrent sous d’autres conditions”, échappant à certaines contraintes fiscales et sociales. Pour compenser, Ikea accélère sa transformation numérique en misant sur des systèmes plus flexibles et peu gourmands en personnel. Avec un certain succès puisque 50.000 clients ont utilisé les casiers automatiques 24/7 en 2025.  

Miser sur les cuisines

Face à ces défis, Ikea concentre ses efforts sur les segments à forte valeur comme celui des cuisines. Souvent l’un des principaux investissements des ménages, l’idée est de doubler les ventes entre 2023 et 2027. Les premiers résultats sont encourageants avec +46% sur deux ans. La restauration progresse également (+4,9%), avec 42 millions de boulettes vendues l’an dernier. Elle représente désormais 5,4% du chiffre d’affaires.

30 millions d’investissements en Belgique

Pour 2026, l’enseigne annonce 30 millions d’euros d’investissements dans ses sites belges, visant “l’efficacité opérationnelle, la durabilité et le confort des visiteurs”.

Ikea espère ainsi prouver qu’il est possible d’allier productivité et bien-être, sans nécessairement augmenter les coûts salariaux. Mais rien ne dit que salariés et syndicats seront convaincus qu’il existe d’autres voies que l’embauche massive pour améliorer le quotidien au travail. Ikea se balance donc sur une corde raide qui risque de sérieusement tanguer malgré la reprise du dialogue social.

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