Le CEO de l’entreprise située à Louvain-la-Neuve revient sur 40 ans d’un succès entrepreneurial. Dans notre émission “Trends Talk”, il a évoqué une promesse majeure : en plus de détecter les cancers, la médecine nucléaire pourra les guérir, dans un proche avenir.
Olivier Legrain, CEO d’IBA, était l’invité de Trends Talk, le week-end dernier sur notre chaîne télévisée Canal Z. Cette entreprise, née d’un laboratoire à l’UCLouvain, est un fleuron de la Wallonie, active dans la protonthérapie, la médecine nucléaire ou la stérilisation pour lutter contre les Pfas. Après quatre décennies, son bilan est inspirant et les perspectives de croissance sont importantes.
2.300 collaborateurs dans le monde
IBA, c’est un parcours du cyclotron de laboratoire à l’entreprise au rayonnement mondial. “IBA va fêter ses 40 ans l’année prochaine, c’est un bon moment pour regarder le chemin parcouru, souligne Olivier Legrain. L’entreprise a commencé dans les laboratoires de l’UCL avec son fondateur, Yves Jongen, qui a eu l’idée révolutionnaire d’un nouveau design de cyclotron. Il est parti avec sa petite valise voir tous les industriels de l’époque qui faisaient des accélérateurs de particules. Ces industriels lui ont dit ‘non’.”
Qu’importe. Yves Jongen a alors traversé la rue pour créer sa propre entreprise. “Il a créé IBA en face du laboratoire du cyclotron, poursuit Olivier Legrain. De fil en aiguille, de succès en succès, d’abord dans l’imagerie moléculaire, puis en protonthérapie et en applications industrielles, nous voilà 40 ans plus tard avec 2.300 collaborateurs à travers le monde, 500 millions d’euros de chiffre d’affaires et surtout des dizaines de milliers de patients diagnostiqués ou traités.”
IBA, insiste son CEO, c’est avant tout un état d’esprit. “Nous sommes une société cotée en Bourse, mais les valeurs long terme portant sur la création d’emplois qualitatifs, la conception de produits de grande qualité et d’innovation sont importantes à nos yeux. Nous voulons permettre à la physique appliquée, notre compétence de base, de sauver des vies. Notre mot d’ordre, c’est protéger, améliorer et sauver des vies.”
“C’est déjà une réalité !”
La prochaine révolution d’IBA est, à ce titre, en marche. “Historiquement, nous utilisons les radioisotopes pour faire du diagnostic, on en voit apparaître de nouveaux qui permettent de faire du traitement. Ce sont des traitements tout à fait révolutionnaires qui permettent de guérir des maladies métastasées. Nous sommes au début de ce développement, mais IBA, grâce à la maîtrise de ses accélérateurs, a la possibilité d’être un leader sur ces marchés aussi, qui devraient voir une accélération de la croissance.”
“IBA, grâce à la maîtrise de ses accélérateurs, a la possibilité d’être aussi un leader sur les marchés des traitements.” Olivier Legrain, CEO d’IBA
Le potentiel est considérable. “Nous sommes en train de construire une usine avec le SCK CEN à Mol qui va produire ces radioisotopes et en distribue déjà pour les essais cliniques. Ce n’est pas seulement une promesse de demain, c’est déjà une réalité aujourd’hui. De grandes entreprises pharmaceutiques travaillent sur les molécules liées à ces radioisotopes. On parle d’un horizon de trois à cinq ans avant que ces molécules soient approuvées pour être accessibles au marché.”
Une promesse de guérison pour le cancer ? “On parle souvent de guérir le cancer, mais il y a différents types de cancer, rétorque Olivier Legrain. Pour certaines indications, c’est tout à fait prometteur. Moi, j’ai vu des images de gens que l’on envoyait en soins palliatifs être en pleine rémission quelques semaines après.” Il s’agit là, faut-il le dire, d’un marché potentiel de plusieurs milliards. “Potentiellement, oui, mais il faut toujours se dire que cela prend du temps”, tempère le CEO.