Huawei face au coronavirus
2020 s’annonce difficile pour le champion chinois du smartphone. Après les sanctions américaines et le retrait de Google de ses appareils, c’est au tour du coronavirus de jouer les trouble-fêtes.
Huawei vient de dévoiler sa nouvelle gamme de produits technologiques, et notamment son nouveau smartphone pliable, l’impressionnant et très cher Mate Xs (2.500 euros). Une présentation réalisée devant une maigre audience et diffusée sur YouTube depuis… Barcelone, où devait se tenir le Mobile World Congress. La grand-messe annuelle du smartphone a été annulée suite aux désistements en chaîne d’exposants (Ericsson, Sony, Oppo, LG, etc.) effrayés par les risques de propagation du coronavirus.
Face à la panique qui commence à s’emparer du monde de la tech, très dépendant des entreprises chinoises pour la fabrication de leurs composants électroniques, Huawei fait le gros dos. ” La situation est sous contrôle, assure Allen Yao, patron de Huawei Belgique. Nous n’avons pas d’usine ni de sous-traitant dans la province de Hubei ( où se situe le foyer de l’épidémie, Ndlr). Le coronavirus n’a pas d’impact sur notre chaîne d’approvisionnement. Pour le marché belge, il n’y a aucune conséquence. ”
Méthode Coué ? En Chine, plusieurs usines de fournisseurs de composants (écrans, mémoires flash, etc.) se sont retrouvées à l’arrêt suite à des décisions de confinement. Des magasins ferment leurs portes. Le géant Foxconn, qui produit les iPhone, constate une pénurie de certains composants. Apple a annoncé un avertissement sur résultats. D’après la firme spécialisée IDC, les ventes de smartphones risquent de chuter de 30% en Chine au premier trimestre 2020. Difficile d’imaginer que Huawei, numéro un du smartphone en Chine, ne souffre pas. C’est même tout le marché mondial qui pourrait s’enrouer. Selon Strategy Analytics, les ventes de smartphones dans le monde pourraient baisser de 2% en 2020 en raison du coronavirus.
Ce n’est pas le seul nuage qui plane au- dessus de Huawei. Le fabricant chinois se débat aussi avec les sanctions américaines. Suite à des soupçons d’espionnage (qui n’ont jamais été étayés), les Etats-Unis interdisent à leurs entreprises de travailler avec Huawei. Résultat spectaculaire : sur les nouveaux smartphones de la marque chinoise, les applications de la galaxie Google (Gmail, Maps, Drive, etc.) ont disparu. Le système d’exploitation Android, qui équipe la plupart des smartphones dans le monde, a dû être remplacé dare-dare par une solution maison. Et un nouveau magasin d’applications est venu remplacer le Play Store. ” C’est une nouvelle alternative qui s’offre aux clients, s’enthousiasme Allen Yao, patron de Huawei Belgique. Nous serons rapidement très compétitifs. ”
Le constructeur chinois cherche à convaincre les développeurs d’applications qu’ils doivent créer une nouvelle version de leur produit, compatible avec les solutions de Huawei. Dans chaque pays, y compris la Belgique, le fabricant fait le forcing auprès des 200 applications locales les plus populaires. C’est une problématique centrale pour Huawei : s’il n’a pas accès à ses applications favorites, le consommateur se détournera sans état d’âme des appareils de la marque chinoise.
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