Hong Kong, premier hub aérien d’Asie avant le Covid, peine à redémarrer
A Hong Kong, des compagnies aériennes régionales peinent à augmenter leur nombre de vols en raison d’une pénurie de personnel qui nuit à la réputation de cet aéroport qui, avant la pandémie de Covid, était le premier hub aérien d’Asie, ont affirmé des professionnels du secteur.
Après presque trois ans de restrictions sanitaires et de longues quarantaines pour les voyageurs arrivant de l’étranger, qui ont isolé la ville du reste du monde, cette période faste n’est plus qu’un lointain souvenir. En novembre, le centre financier a commencé à rouvrir ses portes. “Hong Kong est de retour”, a alors lancé le chef de l’exécutif John Lee. La réalité est toute autre: une pénurie de personnel dans le secteur du transport aérien compromet un redémarrage du trafic.
En dépit de longues négociations avec les services d’assistance en escale, une vingtaine de compagnies aériennes d’Asie n’ont pas pu augmenter leurs vols à destination de Hong Kong, ont déclaré à l’AFP cinq dirigeants de compagnies aériennes sous couvert d’anonymat. En outre, celles-ci se sont plaintes d’une hausse de 30 à 100% des frais des sociétés spécialisées dans l’assistance en escale, qui donnent la priorité aux compagnies aériennes chinoises. Certaines ont même prévenu qu’il devenait difficile de convaincre leurs maisons-mères de maintenir une présence à Hong Kong.
“Quelle ironie de dire qu’Hong Kong est de retour”, brocarde l’un des dirigeants. “Comment Hong Kong peut-elle encore se targuer d’être la +ville mondiale de l’Asie+ si personne, exceptées quelques grandes entreprises, ne peut revenir?”.
Pénurie de personnel
En 2019, l’aéroport de Hong Kong comptait 46.000 employés pour 420.000 vols et plus de 71 millions de passagers. Mais plus de 35% du personnel (quelque 16.550 employés) ont quitté le secteur à la fin de l’année 2021 d’après les chiffres officiels. “Attirer et former de nouvelles mains ne s’est pas fait aussi vite qu’on l’espérait”, a estimé Li Wing-foo, président du Syndicat du personnel et des travailleurs de Hong Kong Civil Airlines.
Selon M. Wing-foo, le salaire mensuel de base d’un employé d’une société d’assistance en escale –entre 13.000 et 14.000 dollars hongkongais, soit 1.700 et 1.800 dollars américains– n’est pas assez attractif. “Début 2022, nous les avions avertis qu’il fallait commencer à recruter du personnel après avoir constaté qu’ailleurs des services d’aéroports s’effondraient. Mais aucune mesure n’a été prise”, a-t-il regretté.
L’an dernier, l’aéroport n’a accueilli que 5,7 millions de passagers, dont 1,6 million pour le seul mois de décembre, après que la ville a abandonné la quarantaine obligatoire deux mois plus tôt.
Sentiment d’injustice
A l’aéroport de Hong Kong, trois entreprises contrôlent les services d’assistance en escale, qui entretiennent d’étroites relations commerciales avec des compagnies aériennes locales. De quoi laisser un goût amer à certaines compagnies étrangères. Les dirigeants du secteur aérien interrogés par l’AFP ont affirmé que seuls les concurrents locaux Hong Kong Airlines, Hong Kong Express et d’autres compagnies aériennes chinoises comme Tianjin Airlines, West Air et Capital Airlines, ont bénéficié des services d’escale et pu augmenter le nombre de leurs vols depuis décembre.
“Depuis quand Hong Kong est-elle devenue cette ville où l’on ne peut faire des affaires qu’à condition d’être soutenu localement ?”, a fustigé l’un d’eux. De leur côté, les autorités aéroportuaires ont déclaré à l’AFP qu’elles “surveillaient de près la situation” et qu’elles soutenaient l’organisation de salons de l’emploi et l’utilisation de technologies autonomes pour réduire la dépendance à la main-d’oeuvre.
Dans un communiqué commun, le Bureau des transports et de la logistique de Hong Kong et le Département de l’aviation civile ont affirmé être conscients “des besoins en main-d’oeuvre dans le secteur” et qu’ils travaillaient “pour assurer la reprise du trafic aérien de manière ordonnée”. Pour l’analyste de l’aviation Herman Tse, la situation géographique de Hong Kong reste son principal avantage. Mais la ville n’ayant pas de “vols intérieur “, les vols internationaux sont cruciaux “pour la reprise”, a-t-il expliqué à l’AFP.
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