Le nouveau CEO de l’entreprise liégeoise explique la nécessité d’élargir la clientèle aux entreprises et aux pouvoirs publics pour “assurer la stabilité” et devenir une “petite industrie”. Il se lance sur la Flandre et la France. La nécessité de rénover le bâti nécessitera toutes les solutions possibles.
Henri Thonnart est devenu CEO de rheno.energy en 2023 après avoir contribué à la croissance de NRB. Passant de l’informatique à la transition énergétique, il veut faire souffler un même vent de croissance sur cette société qui offre désormais des services complets pour la rénovation du bâti, incluant la pose de panneaux solaires, l’installation de batteries, sans oublier l’efficacité…
“Mes premières impressions sont très positives, souligne-t-il dans notre Trends Talk. La société se porte très bien: elle représentait de l’ordre de 35 millions de chiffre d’affaires à mon arrivée et nous allons clôturer cette année 2025 à 60 millions.” Objectif affiché: atteindre bientôt les 150 ou 200 millions. Tout en adaptant l’entreprise.
Une entreprise transformée
“Cela ne va pas sans mal, une transformation de l’entreprise a été nécessaire, prolonge son CEO. Nous étions très exposés aux particuliers, qui représentaient 80% de notre activité, et cela fut difficile avec la fin du compteur tournant à l’envers en Wallonie, fin 2023. À mon arrivée, nous avons rédigé un nouveau plan stratégique incitant à nous réorienter vers le secteur public et les entreprises. Désormais, ce sont ces deux segments qui représentent 80% de notre chiffre.”
Henri Thonnart insiste sur la nécessité pour rheno.energy de se mettre à l’abri du risque systémique. “Le marché des clients particuliers varie énormément d’une année à l’autre, en fonction des réglementations, précise-t-il. Je cherchais plus de stabilité pour l’entreprise.” De même, un élargissement de l’activité de rheno.energy a été opéré: la société n’est plus uniquement un installateur, elle offre désormais des services complets pour répondre aux besoins des clients.
Enfin, le nouveau plan prévoit un développement vers la Flandre et la France parce que “la Wallonie est un territoire un peu petit”. Une levée de fonds de dix millions d’euros a été opérée en septembre, avec l’arrivée de nouveaux actionnaires et le retrait de Noshaq. La petite PME, désormais, entend bien devenir une petite industrie. “Nous avons un plan sur cinq ans pour y arriver”, ajoute le CEO. En plus d’une reprise d’entreprise à Valencienne, les structures solaires d’Engie et de Total ont été rachetées “Nous avons plus de 50 000 installations photovoltaïques en pilotage, c’est considérable”, se félicite Henri Thonnart.
Un chantier gigantesque
La rénovation du bâtiment est un enjeu majeur pour la transition énergétique. “La demande est énorme, souligne-t-il. Je discutais récemment avec le patron de la Société wallonne du logement: il y a 450 000 habitations sociales en Wallonie, dont une grande partie à rénover. L’industrie fait face à un enjeu majeur du coût de l’énergie. Le particulier, lui, cherche du confort, une réduction des coûts et une valorisation de son bâti. Ce sont trois logiques différentes, mais elles nécessitent une réponse qui s’enracinent dans la même logique: réduire la consommation et mettre du renouvelable à côté du nucléaire.”
N’est-ce pas là un chantier vertigineux? “Il faut adresser cette question de la transition énergétique dans le temps, insiste Henri Thonnart. Ce n’est pas un sujet que l’on va régler rapidement. Cela va prendre des années de transformation. On ne va pas transformer tout d’un coup de baguette magique.” Que ce soit pour un particulier ou pour une entreprise, il convient bien de programmer ses rénovations et ne pas vouloir faire tout, tout de suite. “Le financement reste également un gros enjeu, précise-t-il. Il faut, là aussi, phaser ces investissements et chercher des sources.”
La diminution des primes à la rénovation est-elle une mauvaise nouvelle? “Avec la transformation de l’entreprise telle que je l’ai exposée, ce n’est pas une décision critique pour nous. À partir d’octobre 2026, les nouvelles formules d’aides vont relancer une dynamique. De toute façon, il faut isoler pour consommer moins d’énergie. Je ne crains pas les impacts…”
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