Great Market, une vraie “success story” familiale
Le supermarché méditerranéen Great Market, situé à Schaerbeek, célèbre son cinquième anniversaire. Fondé en 2019 par Kamil Kriakos, originaire de Syrie, ce grand marché couvert est rapidement devenu un lieu incontournable pour les amateurs de cuisine méditerranéenne à Bruxelles.
L’histoire familiale de Great Market débute au début des années 2000 lorsque Kamil Kriakos, le patriarche, quitte la Syrie pour ouvrir dans le quartier Madou une épicerie spécialisée dans des produits importés principalement de son pays natal. La communauté syrienne est à l’époque déjà bien présente dans la capitale, le concept connaît rapidement un beau succès. Cette première réussite motive ensuite Kamil Kriakos et ses frères à lancer Fresh Med à Etterbeek, un grand magasin de produits frais méditerranéens qui acquiert, lui aussi, une belle réputation.
En 2019, la famille voit encore plus grand en inaugurant Great Market, un supermarché de plus de 2.200 m2 à proximité de la place Meiser. L’espace propose une vaste sélection de produits provenant d’Italie, d’Espagne et du Moyen-Orient. “Mon père a été le premier à ouvrir ce type de magasin spécialisé à Bruxelles”, explique Acadia Kriakos, l’actuelle administratrice de l’enseigne. “Cela n’a pas été facile pour lui, surtout qu’il ne parlait pas parfaitement le francais. Il était très ambitieux et visionnaire. Et malgré les défis, il a toujours réussi à mener à bien ses projets.”
Un trio féminin aux commandes
En mai 2020, Kamil Kriakos est emporté à 57 ans par le coronavirus. Un choc pour la famille et le personnel qui perdent brutalement un patron et mentor. Sa femme et ses deux filles prennent alors les rênes de la société avec l’ambition profonde de perpétuer la vision et les valeurs du paternel.
Aujourd’hui, le trio féminin soudé se complète parfaitement. Mme Tdars, la maman, est présente au quotidien sur le terrain, épaulée dans la gestion administrative de la société par Acadia (31 ans) qui y travaille depuis 2016 et sa sœur Grace (26 ans). Cette dernière les a rejointes il y a peu après avoir achevé des études en business international. “J’ai passé toute mon enfance dans les magasins de mes parents, c’était donc tout naturel de venir renforcer l’équipe”, confie Grace Kriakos. Acadia touche un peu à tout, je suis davantage dans le business development.” Sa sœur ajoute : “Au quotidien, la collaboration se passe très bien. Chacune de nous apporte quelque chose de spécial : de la créativité, de la gestion, de la rigueur et de l’innovation.”
“Une expérience culinaire unique”
Great Market propose, en plus de son large éventail de produits méditerranéens, un rayon fruits et légumes, une épicerie fine, une boulangerie-pâtisserie avec un grand assortiment de baklavas ainsi qu’une boucherie bien fournie. Le tout complété d’un large rayon traiteur où des chefs syriens, libanais, espagnols et marocains préparent chaque jour de délicieux plats frais. Le magasin possède également une section dédiée aux épices et compte au total pas moins de 50.000 références. Les gérantes mettent un point d’honneur à travailler en direct avec une centaine de fournisseurs et cela “afin de maintenir une relation de confiance qui s’inscrit dans la durée”, expliquent-elles.
“Le fait de pouvoir manger sur place et d‘ensuite faire ses courses est une expérience unique et très complète à Bruxelles”, vante Acadia Kriakos. Le food court, où l’on peut déguster sur de longues tablées des préparations du rayon traiteur ou des manakishs – des galettes syriennes garnies de zaatar (un mélange d’épices orientales), de fromage ou de viande hachée, préparées à la minute dans un grand four – attire de nombreux gourmets et parmi eux, les employés des bureaux avoisinants. Quant au brunch du dimanche, il affiche complet chaque semaine. Acadia Kriakos nous confie qu’il est parfois compliqué de trouver du personnel compétent pour préparer ces spécialités dans les règles de l’art. “La plupart de nos chefs sont originaires de Syrie où ils ont acquis de l’expérience. C’est un métier assez spécifique qui met du temps à s’apprendre.”
Le choc du covid
Outre le décès inopiné de son fondateur, la crise sanitaire a été une période mouvementée. “Ce fut une période très difficile, se remémore Acadia Kriakos. Nous avions ouvert en juin 2019, et moins d’un an plus tard, le covid est arrivé. Nous avons dû adapter notre stratégie.” L’inflation leur a aussi donné du fil à retordre. “Nous avons ressenti la crise du pouvoir d’achat avec une chute de nos ventes. Heureusement, tout est revenu à la normale. Nous observons maintenant une belle croissance. Nos clients ont tendance à dépenser davantage et à se faire plaisir, ce qui se traduit par une belle augmentation du panier moyen”, explique l‘entrepreneuse, sans nous dévoiler de détails sur l’évolution du chiffre d’affaires de la société. “Nous avons des clients à la recherche de produits de leur pays d’origine, des amateurs de références de qualité, des curieux qui aiment faire des découvertes, des touristes, etc. Les Belges sont aussi séduits par notre cuisine méditerranéenne qui est saine et dans l’air du temps”, détaille Grace Kriakos. Great Market propose, par ailleurs, ses services pour des évènements privés ou professionnels et compte, entre autres, la Commission européenne parmi ses clients. Les gérantes ont aussi à cœur de répondre aux envies particulières de leur clientèle. “De nombreux Indiens vivent dans le quartier. Nous avons répondu à leur demande en intégrant à notre offre des produits de leur pays, même si cela nous éloigne de la Méditerranée”, commente Acadia Kriakos.
En l’absence de leur mari et père, les trois dirigeantes ont dû apprendre à s’imposer dans un milieu principalement masculin. “Nous évoluons dans un secteur considéré comme encore assez machiste, nous confie Acadia Kriakos. Travailler quelques années aux côtés de mon père m’a permis de me faire connaître et de gagner le respect de nos fournisseurs. J’ai quand même dû m’affirmer, surtout auprès des employés”, nous confie Acadia Kriakos. La société compte à ce jour une trentaine d’employés à temps plein, auxquels s’ajoutent des étudiants.
Vers une expansion internationale?
Les cofondatrices du Great Market nourrissent de belles ambitions. “Nous avons déjà reçu de nombreuses offres pour dupliquer le concept dans d’autres villes belges, à Anvers et à Liège et même à Paris et en Allemagne”, annonce Acadia Kriakos. “Nous avons aussi été sollicitées pour la création de franchises. Mais, en tant que société familiale, nous avons encore un peu de mal à passer la main Pour le moment, nous nous concentrons principalement sur le développement de notre marque, on verra par la suite”, conclut la jeune cheffe d’entreprise.
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