Fietsen Wildiers a l’Espagne en ligne de mire pour son expansion à l’international
La chaîne anversoise de magasins de vélos Fietsen Wildiers, qui connaît une croissance rapide, profite de l’essor du marché de la location en Belgique, où le potentiel est encore important. Mais entre-temps, Fietsen Wildiers s’est installé pour la première fois à l’étranger, dans la ville côtière espagnole de Calpe. En cas de succès, d’autres destinations espagnoles suivront bientôt.
L’entreprise familiale Fietsen Wildiers connaît une croissance fulgurante. Il y a quatre ans, elle comptait deux magasins. Au début de l’année dernière, il y en avait déjà neuf et la semaine prochaine, le 17e magasin ouvrira ses portes à Zandhoven. Ce faisant, Fietsen Wildiers se place résolument dans la cour des grands, à côté des chaînes de magasins de vélos de Colruyt, à savoir Bike Republic (27 magasins), Lucien van D’Ieteren (15 magasins) et Raida, qui chapeaute Velodome et Cool Electro Cycles (18 magasins à eux deux) et qui a vu le jour l’année dernière. Fietsen Wildiers, qui a transféré son siège social de Kapellen à Hasselt, ne s’en tiendra toutefois pas à ces 17 magasins. Kris Voet, CEO et associé, voit un potentiel de 25 magasins sur le territoire de prédilection de Wildiers : l’axe Gand-Hasselt via Anvers, avec des ramifications vers Louvain et Turnhout. “Chaque vide géographique ne sera pas comblé par ces 25 magasins, mais au moins les grands vides le seront, et nous n’avons pas besoin d’être présents partout. Nous devons également veiller à ne pas aller trop vite.”
Cette croissance des magasins booste également les ventes : elles sont passées de 13,8 millions en 2021 à 20,7 millions l’année dernière. “C’était une année hallucinante, extrêmement chargée”, affirme M. Voet. Cette année, Fietsen Wildiers franchira la barre des 30 millions d’euros. Le bénéfice net est passé de 680 000 euros en 2021 à 970 000 euros en 2022. Le groupe emploie 100 personnes, dont 60 équivalents temps plein.
Entreprises et leasing
Fietsen Wildiers se profile comme un spécialiste des vélos électriques, y compris les speed pedelecs rapides qui atteignent 45 kilomètres à l’heure. Ce faisant, elle s’appuie principalement sur le marché interentreprises. Ce segment est florissant. Au cours du premier trimestre de cette année, le chiffre d’affaires du leasing a augmenté de 70 % par rapport à la même période l’année précédente. En outre, le carnet de commandes renferme celles de vélos de leasing pour une valeur de 4 millions d’euros. C’est trois fois plus qu’il y a un an.
“Gigantesque ! répond Voet lorsqu’on lui demande quel est le potentiel du leasing en Flandre. Un exemple est l’indemnité vélo attrayante pour les employés qui utilisent un vélo en leasing pour leurs déplacements domicile-travail. Cette indemnité, qui peut s’élever à plusieurs centaines d’euros supplémentaires par mois pour de nombreux employés, doit obligatoirement être versée par les entreprises à partir du mois prochain. M. Voet souligne également que les fonctionnaires flamands, dont le nombre est important, commencent eux aussi à avoir accès au marché du leasing. Ainsi, la police, les pompiers et un certain nombre d’autorités locales n’ont pas encore pu s’inscrire au dossier leasing de vélos du gouvernement flamand. Parmi les fonctionnaires qui pouvaient déjà le faire, à peine 3 % se sont inscrits. “C’est assez marginal. Il y a donc encore un énorme groupe cible pour nous”, a déclaré M. Voet.
Une pomme pour la soif
L’énorme succès du leasing de vélos a également entraîné un changement d’orientation chez Wildiers. En raison notamment d’une série d’acquisitions, l’entreprise axera désormais plus explicitement son offre sur les vélos de sport, en particulier les vélos de route et les VTT, de plus en plus populaires. “L’idée était déjà présente depuis un certain temps, mais nous avons dû la mettre en veilleuse en raison des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, liés à la pandémie”, explique M. Voet. “Lorsque nous avons organisé des démonstrations sur le leasing à l’intention des entreprises, des questions sur la location d’un vélo de course pour les déplacements domicile-travail ont souvent été posées. Auparavant, nous ne pouvions pas vraiment y répondre. Mais grâce à de nouvelles acquisitions, nous proposons aujourd’hui un certain nombre de marques connues. Ces vélos de sport ne représenteront jamais 40 % de notre activité, mais ils représentent tout de même plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année. »
Les acquisitions ont également causé quelques maux de tête à Wildiers sur le plan financier. “Pour être clair : nous sommes en très bonne santé, car notre endettement porte sur le stock et très peu sur les investissements”, précise M. Voet. Sauf que chaque magasin nouvellement acquis représente un demi-million d’euros de stock supplémentaire. “Nous devons donc générer à chaque fois 500 000 euros de fonds propres supplémentaires pour financer ce stock. »
C’est pourquoi, à la fin de l’année dernière, le PDG a fait appel au Welvaartsfonds (Fonds de bien-être) du gouvernement flamand. Celui-ci est géré par la société d’investissement flamande PMV et a été créé pour aider les PME à surmonter la crise financière. Fietsen Wildiers a prélevé 5 millions d’euros sur ce fonds et se retrouve donc avec une grosse pomme pour sa soif. “Sur ces 5 millions d’euros, nous en avons utilisé 3 millions entre-temps, nous avons donc une réserve. Nous allons utiliser la totalité de l’argent du Fonds, et il y a encore d’autres financements disponibles”.
Loin des centres-villes
Tout cela fait que Fietsen Wildiers ne craint pas la concurrence, même celle des groupes cotés en bourse comme Colruyt et D’Ieteren. “Cela peut paraître arrogant, mais je ne les crains pas du tout”, déclare Voet. Il part également du principe que les grands groupes ont à peu près délimité leur zone d’activité. “Pourquoi devrais-je ouvrir un magasin à Bruxelles ? Pour faire quoi ? Et pourquoi Raida viendrait-elle à Geel ou à Turnhout ?” Par conséquent, M. Voet ne s’attend pas non plus, dans l’immédiat, à une nouvelle croissance significative de ces géants. “Il me semble que tout s’est un peu calmé, qu’une coexistence s’est instaurée. Nous verrons plus tard si j’ai raison”, a déclaré M. Voet.
Fietsen Wildiers se tient également délibérément à l’écart des centres des grandes villes. “D’Ieteren se concentre sur Anvers et Bruxelles, par exemple, parce qu’il pense qu’à l’avenir, la plupart des déplacements à vélo se feront dans les centres-villes”, explique Voet. “J’en doute fortement. La population vieillissante fait moins de vélo dans ces centres. De plus, ces deux villes ont une société très multiculturelle, avec de nombreux expatriés, par exemple, qui utilisent beaucoup moins le vélo. »
La Mecque de la petite reine
Voet ne s’inquiète pas non plus du hard discounter néerlandais Fietsvoordeelshop.nl, qui a franchi notre frontière sous le nom de BikeFriend. Il possède désormais des magasins à Louvain et à Gand. “Si un tel Fietsvoordeelshop arrive en Belgique, je me dis que ce n’est pas très malin. Si nous ouvrions demain un Fietsen Wildiers aux Pays-Bas, où il y a bien assez de magasins de vélos, ce serait également stupide. Nous ne devons pas réinventer l’eau chaude. Il serait plus judicieux de se tourner vers des régions « inexplorées », où le professionnalisme dans le secteur du cyclisme fait encore cruellement défaut”, déclare Voet.
Il fait ainsi immédiatement référence aux projets de Fietsen Wildiers en Espagne. L’entreprise y a pris une participation dans Service Course, un service de location et de réparation de deux roues de Baguet Bicycle Center, un organisateur de vacances à vélo. L’entreprise belge a été fondée dans la populaire station balnéaire de Calpe par l’ancien cycliste professionnel Serge Baguet et son ami proche et partenaire commercial, Gilbert Van fraeyenhoven. Baguet est décédé d’un cancer du côlon en 2017, mais Van fraeyenhoven a poursuivi l’aventure et l’entreprise.
Si Fietsen Wildiers se lance en Espagne, c’est grâce à son coactionnaire Peter Hermans. Lui et Voet sont entrés dans le capital de Wildiers il y a quatre ans. Tous deux venaient du secteur automobile. Voet était directeur commercial et partenaire du concessionnaire Volkswagen-Audi Hermans à Herentals. Après la vente de la concession à D’Ieteren, ils ont cherché un nouveau défi. Hermans est un passionné de vélo qui se rend régulièrement à Calpe. Il avait déjà investi dans le Baguet Bicycle Centre et a convaincu la direction de Fietsen Wildiers de se joindre à lui pour injecter de l’argent dans Service Course. “Peter pensait que c’était quelque chose pour nous, car Calpe est l’un des hauts lieux européens du cyclotourisme et des coureurs professionnels, et Service Course souhaitait se développer”, explique M. Voet. Par la suite, Service Course est devenu une société distincte et a été repris par Van fraeyenhoven.
“En d’autres termes, le hardware (les vélos) a été séparé du logiciel (les vacances)”, explique Voet. “Nous avons procédé à une augmentation de capital et acheté 85 vélos de route haut de gamme et dix speed pedelecs. Et tout roule déjà au-delà de toutes nos espérances. Auparavant, la location d’un vélo était liée à la réservation d’un séjour cyclotourisme. Ce n’est plus le cas. Le vélo peut être loué librement. Nous allons également détacher des gens d’ici et mettre en place un gérant professionnel, afin d’améliorer le niveau de location et d’entretien des vélos. Il existe d’autres sociétés de location de vélos, mais personne ne peut offrir le niveau que nous visons. De plus, les réparateurs de vélos espagnols ne parlent souvent pas l’anglais. »
Fietsen Wildiers ouvrira son propre magasin prochainement. Les clients pourront alors faire transporter leur vélo, acheté en Belgique, jusqu’à Calpe et le faire livrer à l’endroit où ils logent. Avec ce magasin, Wildiers vise aussi d’emblée les nombreux Allemands, Anglais, Néerlandais et Scandinaves qui séjournent dans la région, de manière permanente ou non. “Ils ont eux aussi de l’argent à dépenser pour un bon vélo”, explique M. Voet.
Un bon départ
Si Calpe est un succès, il est évident que Fietsen Wildiers voudra également ouvrir des magasins ailleurs, sur la côte sud de l’Espagne, un point de chute populaire pour les Belges et de nombreux autres Européens qui, selon Voet, restent souvent sur leur faim s’ils convoitent un vélo haut de gamme ou s’ils veulent le faire réviser.
“Nous avons effectivement cette ambition, si c’est faisable et évolutif”, confirme M. Voet. “Mais il faut d’abord réussir cette première étape et s’assurer qu’elle est rentable. Si oui, nous irons certainement plus loin. Mais nous n’avons pas besoin d’avoir 20 magasins là-bas non plus. Je suis convaincu que les Espagnols sont prêts à faire un peu plus de route pour acheter un vélo de ce type. »
Mais l’ambition méridionale de Fietsen Wildiers pourrait prendre des proportions encore plus grandes. “Il y a des gens ici, dans le management, qui rêvent déjà d’aller plus loin. Ils ont déjà laissé entendre qu’ils voulaient lancer quelque chose dans le sud de la France ou en Italie”, sourit Voet. “D’accord, nous nous en sortons bien, nous dépassons les objectifs et tous les signes sont bons. Mais nous verrons bien. Il faut toujours bien réfléchir. Il ne s’agira pas de débarquer sur un terrain vierge. Nous devons toujours avoir un contact sur place, quelqu’un qui connaît quelqu’un sur place, comme c’est le cas en Espagne.”
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