Faut-il s’attendre à une contraction des bénéfices des entreprises européennes en 2024 ?

Des traders à la bourse de New York. (Photo by Spencer Platt/Getty Images) © Getty Images

Après une légère baisse des bénéfices des entreprises européennes en cette fin d’année, à quoi faut-il s’attendre en 2024 ? La situation semble très variée selon les secteurs, selon les modèles de BCA Research.

Après la pandémie, l’économie était en plein boom. Mais 2022 et 2023 ont changé la donne, avec une crise de l’énergie, l’inflation et une hausse des taux d’intérêt. De nombreux économistes et analystes s’attendaient alors à une importante baisse des revenus des entreprises, surtout sur l’année écoulée.

Où en sont les entreprises, à la fin de l’année 2023 ? Près de 90% des entreprises cotées sur l’Euro Stoxx 600 ont déjà publié leurs résultats pour le troisième trimestre de 2023. Les bénéfices sont, en moyenne, en baisse de 11% par rapport au même trimestre en 2023, et les chiffres d’affaires de 7,6%. C’est ce que montrent les données du dashboard des résultats de LSEG/Refinitiv de la semaine dernière. Sans le secteur de l’énergie, qui tire les chiffres vers le bas (au vu des résultats importants de 2022 mais plutôt normaux aujourd’hui), les bénéfices auraient été en hausse de 0,8% et les chiffres d’affaires en chute de 4% uniquement, précise le cabinet d’analyses.

Et : “54,8% ont publié des résultats supérieurs aux estimations des analystes. Au cours d’un trimestre normal, 54% des entreprises dépassent les estimations des analystes en matière de bénéfice par action (BPA, ndlr).” Cela n’a donc pas été l’hécatombe que certains prévoyaient. Plus généralement, la zone euro a également évité la récession (prédite il y a un an encore par un nombre d’observateurs), pour l’instant : la croissance du PIB était légèrement positive lors du premier et du deuxième trimestre (+0,1%), mais négative lors du troisième (-0,1%).

Quelles perspectives pour 2024 ?

Mais à quoi faut-il s’attendre pour l’année à venir ? La situation va-t-elle davantage se corser ou les entreprises vont-elles appuyer sur l’accélérateur ? Pour BCA Research, ce serait plutôt la première option. “Nos modèles quantitatifs anticipent une contraction significative du BPA de l’indice de référence des actions de la zone euro, pendant les trois premiers trimestres de 2024. Le rebond des prix des actions européennes (+17,5% pour l’Euro Stoxx 50 sur l’année par exemple, NDLR) induit par la politique est donc vulnérable à un repli brutal si les bénéfices diminuent effectivement”, écrit le cabinet dans un rapport récent.

En clair, les bénéfices devraient donc baisser de 25% environ par rapport aux chiffres de cette année. Là où le marché, au contraire, s’attend à une hausse de 18% sur 2024. Le fond de cette baisse devrait être atteint en avril, écrivent les analystes. La situation devrait s’améliorer ensuite (avec des baisses annuelles moins prononcées), même si une légère récession est attendue sur le deuxième semestre.

Pas le même impact selon les secteurs

Ces perspectives ne seraient cependant pas les mêmes selon les secteurs. Pour ce qui est de la consommation, la baisse des bénéfices devraient être “sévère”, et elle ne serait pas encore incluse dans les valorisations aujourd’hui : elles devraient donc baisser au fur et à mesure que les estimations se dégradent. Pour l’industrie, la baisse devrait atteindre un fonds à -35%. Mais les analystes ajoutent que leur modèle n’avait pas prévu le “rebond des bénéfices du secteur après la normalisation des prix du gaz.” Le boost de cette baisse des prix serait désormais arrivé à terme et que les hausses des taux d’intérêt continueront à faire effet.

Pour le secteur financier, une baisse serait à prévoir lorsque la récession arrive et lorsque la BCE baisse les taux. Pour la tech, malgré une hausse importante (21%) toujours en cours aujourd’hui, les bénéfices pourraient être tirés vers le bas. La tech devrait néanmoins faire mieux que le reste de l’économie et rester dans le vert, malgré la récession.

Pour la santé, la “contraction s’accélère”, notamment à cause de la fin du covid et de la baisse des marges dans le secteur. Les estimations du marché d’une hausse du bénéfice de 46% devraient aussi peser négativement sur ce secteur, laissant “beaucoup de place pour de la déception”, même si les chiffres devraient rester dans le vert. Pour l’énergie, en baisse aujourd’hui, un fond devrait être atteint. “Il convient de noter que les événements géopolitiques pourraient déclencher une forte remontée de l’incertitude mondiale l’année prochaine, ce qui pourrait se traduire par une hausse des prix de l’énergie et, par conséquent, par une amélioration des bénéfices pour le secteur de l’énergie”, ajoutent les experts. Une hausse d’un tiers des bénéfices, comme prévue par le marché, seraient cependant une estimation trop élevée.

Entre autres secteurs, BCA se penche encore sur les télécoms. Là, la performance actuelle, “remarquable”, de +77% devrait continuer jusqu’à un pic de 107%, avant de ralentir à 84%. Le secteur de la télécommunication ne devrait donc pas connaître la crise de sitôt, contrairement à d’autres secteurs.

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