EXCLUSIF: “Madoffette”, le retour
Condamnée en 2018 à quatre ans de prison dont deux avec sursis dans l’affaire Capitalium, Véronique Van Acker vit aujourd’hui en Espagne, sur la Costa del Sol, où une plainte groupée vient d’être déposée contre elle, notamment pour faux, usage de faux, escroquerie et abus de confiance.
Ses anciennes victimes avaient prévenu: “Elle recommencera. Elle dupera d’autres personnes. Elle détournera encore de l’argent.” Elle, c’est Véronique Van Acker, condamnée à quatre ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Nivelles en avril 2018.
Surnommée “la Madoffette du Brabant wallon” (en référence à l’escroc américain Bernard Madoff), cette femme d’affaires a été jugée et reconnue coupable dans l’affaire Capitalium, du nom de ce groupe financier qui a détourné plus de 7 millions d’euros dans les années 2000 au préjudice d’investisseurs crédules. Au total, ce sont une trentaine de victimes – dont l’ancien Diable Rouge Mbo Mpenza – qui ont ainsi été grugés par la patronne Véronique Van Acker et qui n’ont jamais revu leur argent “évaporé” dans cette vaste escroquerie.
Back to business
Déçus par un jugement beaucoup trop clément à leurs yeux, sept représentants des parties civiles ont lancé, l’année dernière, une citation contre l’Etat belge pour négligence dans l’instruction, mais ils ont surtout tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, en apprenant que “la Madoffette” tentait déjà de revenir aux affaires. “Après le procès, elle n’a même pas été en prison, déplore l’une des victimes. Elle a dû porter un bracelet électronique durant quelques semaines à peine, mais cela ne l’a pas empêchée d’infiltrer des cercles d’affaires et d’oeuvrer comme coach en immobilier alors qu’elle ne pouvait plus exercer d’activité commerciale. On a donc fait le job de la justice en avertissant directement les victimes potentielles de sa condamnation pour qu’elles ne soient pas piégées par cette arnaqueuse!”
Ce travail de sape a-t-il contraint Véronique Van Acker à partir sous d’autres latitudes? Difficile de le savoir, mais toujours est-il que l’ancienne patronne de Capitalium a finalement décidé de s’envoler vers l’Espagne l’année dernière pour refaire sa vie sur la Costa del Sol. A Casares, elle a ainsi nourri le double rêve de monter une société de conciergerie et de reprendre ses activités d’agent immobilier qu’elle avait dû cesser en Belgique. Un rêve qui est devenu réalité…
Vraie-fausse chômeuse
Le 9 novembre 2019, “la Madoffette” inaugure en effet sur Facebook la page Expertsjustforyou, “un service de conciergerie à la portée de toutes les bourses “(sic) qui renvoie aussi au site web éponyme. L’un des premiers statuts précise: “Qui n’a jamais rêvé de se la dorer au soleil espagnol? On vous donne la main jusqu’à votre endroit préféré sur la plage, au concert ou au golf, pour vous trouver un technicien local ou vous conseiller pour tout achat au quotidien. Vous profitez. Nous travaillons pour vous.”
Sur le site www.expertsjustforyou.com qui cible surtout les vacanciers et expatriés belges de la Costa del Sol, le nom de Véronique Van Acker n’apparaît pas. Et pour cause: à l’époque, la femme d’affaires touche des allocations de chômage en Belgique en faisant croire qu’elle y habite toujours. L’ex-patronne de Capitalium n’est pas des plus prudentes pour autant. Quelques mois plus tard, lorsqu’elle lance une nouvelle page Facebook dédiée cette fois à ses missions immobilières, elle reprend exactement la même adresse physique et le même numéro de téléphone que les coordonnées renseignées sur la page Expertsjustforyou.
Le 11 août 2020, la femme d’affaires se crée en effet un tout nouveau profil, Véronique VA IAD Espana Estepona, où ses activités commerciales en Espagne ne laissent plus planer de doute, porté par le statut inaugural suivant: “Il y a des expériences qui changent une vie, rejoindre le réseau international IAD par exemple. (…) IAD, c’est un chiffre d’affaires de plus de 225 millions d’euros, 250 salariés et plus de 10.000 professionnels de l’immobilier. On en parle? Contacte-moi en message privé.”
Plainte groupée
Désormais, Véronique Van Acker ne se cache plus et affiche clairement sa photo de blonde platine sur Facebook pour présenter sa nouvelle fonction d’agent immobilier indépendante sur la Costa del Sol. Il est vrai que l’Onem lui a suspendu ses allocations en Belgique suite à une dénonciation d’un ancien ami et que l’institution lui réclame à présent plusieurs mois de chômage indûment payés.
Il y a donc peu de chance que “la Madoffette” retourne en Belgique (ou alors discrètement), d’autant plus que le jugement dans l’affaire Capitalium, rendu le 24 avril 2018, lui impose clairement une “interdiction d’exercer, pendant cinq ans, personnellement ou par interposition de personne, une activité commerciale quelconque”. Concrètement, Véronique Van Acker ne peut donc pas, jusqu’en mai 2023, diriger une société de conciergerie ni une agence immobilière, du moins sur le territoire belge. Car le jugement du tribunal correctionnel de Nivelles ne vaut pas pour un autre pays. Libre donc à la femme d’affaires d’exercer une activité commerciale en Espagne ou ailleurs, pour autant qu’elle y respecte la loi.
Et c’est là, précisément, que les choses se corsent. Car Véronique Van Acker semble avoir renoué avec ses vieux démons. C’est en tout cas ce que laisse supposer la plainte groupée que viennent de déposer cinq personnes à son encontre en Espagne et dont Trends-Tendances a pu prendre connaissance. La liste des chefs d’accusation y est impressionnante: faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie, traite et exploitation d’être humain, calomnie et diffamation… Mais ce n’est pas tout: les plaignants – qui pour l’instant souhaitent garder l’anonymat de peur d’éventuelles représailles – parlent aussi de vol, de recel et même de menaces de mort proférées par Véronique Van Acker.
“Cette femme est une professionnelle du mensonge et du lavage de cerveau.”
Silence radio
“Cette femme est une professionnelle du mensonge et du lavage de cerveau”, témoigne cet ancien ami qui l’a aidée à s’installer en Espagne avant qu’il ne soit “complètement embobiné” par “la Madoffette” qui, dit-il, l’a grugé.” C’est une manipulatrice qui a essayé de m’escroquer en tentant de s’approprier mon concept et mon réseau de clients “, surenchérit cette entrepreneuse qui a lancé une start-up l’année dernière et à qui Véronique Van Acker doit toujours de l’argent, comme elle en doit apparemment à cet autre plaignant qui estime aujourd’hui à plus de 8.000 euros les factures impayées par l’ex-patronne de Capitalium pour des services prestés.
“C’est une menteuse, une perverse narcissique et une psychopathe”, ajoute enfin cette autre personne associée à la plainte groupée et qui affirme avoir travaillé à temps plein pour “la Madoffette” durant cinq mois pour ne toucher, au final, que 690 euros.” C’est de l’exploitation pure et simple, conclut-elle, et c’est la raison pour laquelle j’ai déposé plainte pour abus de confiance et exploitation d’être humain.”
Contactée par nos soins, Véronique Van Acker n’a pas souhaité répondre à notre demande d’interview pour exposer sa version des faits. Mais une chose est sûre: le feuilleton de “la Madoffette” à la Costa del Sol est loin d’être terminé et il se pourrait bien qu’il rebondisse même en Belgique. Selon nos informations, l’avocat mandaté par les cinq plaignants en Espagne serait déjà entré en contact avec un des avocats des parties civiles de l’affaire Capitalium pour connecter les deux dossiers. Affaire à suivre, comme on dit…
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