Depuis quelques semaines, la rumeur enfle: le propriétaire Marc Coucke envisagerait de céder une partie de ses parts dans le club bruxellois. Parmi les noms évoqués pour une reprise partielle ou totale du club se trouve un certain Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, mais également patron de Qatar Sports Investments et acteur influent dans le monde du padel… comme Coucke. Un scénario réaliste?
Au Sporting d’Anderlecht, les rumeurs s’enchaînent au rythme des saisons. Depuis quelque temps, on chuchote que Marc Coucke ne serait pas opposé à une ouverture partielle du capital, après des années d’efforts financiers contrastés. Le milliardaire ostendais, qui avait promis de relancer le club bruxellois, a dû composer avec des déficits récurrents, une direction souvent chahutée et un retour sportif beaucoup plus lent que prévu.
C’est dans ce contexte chahuté que le nom de Nasser Al-Khelaïfi a fini par surgir. L’homme d’affaires qatari, président du PSG et patron de Qatar Sports Investments (QSI), n’a toutefois rien confirmé. Mais ces rumeurs trouvent un écho particulier: Marc Coucke et Nasser Al-Khelaïfi partagent une passion commune pour le padel, le premier via son réseau de terrains Arenal et le second en tant que président de Premier Padel, le circuit international de ce sport très en vogue. Un point de contact plus que symbolique et qui alimente la thèse d’un intérêt mutuel, sinon d’un dialogue déjà amorcé pour le Sporting d’Anderlecht.
Espoirs et résistances
Toutefois, avant d’imaginer qu’un investisseur qatari puisse débarquer à Bruxelles, encore faut-il que la maison mauve soit prête à l’accueillir. Et c’est là que les choses se compliquent.

Car si Marc Coucke détient la majorité des parts, l’ex-président Wouter Vandenhaute conserve encore une minorité de blocage. Ce levier d’influence lui permet de peser lourdement sur les grandes orientations du club et, dans les faits, de freiner toute recomposition du capital sans son accord. Ce jeu d’équilibre fragile maintient donc, pour l’instant, le Sporting dans une forme de statu quo, entre volonté de renouveau et inertie institutionnelle.
Un autre acteur clé pourrait toutefois agiter le cocotier. Michael Verschueren, ancien directeur sportif du Sporting et fils du célèbre manager Michel Verschueren (qui a œuvré de 2004 à 2022), est en effet un membre influent du réseau European Club Association (l’association européenne des clubs de football qui se réunit régulièrement à Bruxelles), aux côtés d’un certain… Nasser Al-Khelaïfi qui en est le président. Dans une interview donnée au Trends-Tendances au printemps dernier, l’homme d’affaires qatari soulignait d’ailleurs ‘‘la magnifique histoire de la Belgique liée au football’’. De quoi faciliter le dialogue économico-sportif, surtout si l’on ajoute un peu de padel…
Un revenant et une tentation
Dans ce brouhaha de spéculations, un autre nom a également refait surface ces derniers temps à Anderlecht en la personne de Romelu Lukaku. L’attaquant formé à Neerpede, actuellement sous contrat à Naples, n’a jamais caché son attachement profond au club bruxellois. Son éventuelle arrivée au capital, évoquée par certains médias, aurait surtout une portée symbolique: le retour du “fils prodigue” dans le giron mauve et blanc, à la grande joie des supporters. Pour l’heure, aucune démarche concrète n’a été confirmée, mais son profil plaît à ceux qui rêvent d’un nouvel Anderlecht à la fois modernisé et fidèle à ses racines.
Toutes ces rumeurs, croisées et parfois contradictoires, traduisent toutefois un malaise plus profond: Anderlecht cherche surtout à retrouver un modèle économique stable. Dans ce contexte difficile, un investisseur qatari pourrait donc apporter une certaine stabilité avec des moyens considérables, mais cela permettrait aussi à Nasser Al-Khelaïfi d’augmenter son influence, non seulement dans le foot business, mais également dans un paysage beaucoup plus diplomatique. Après la ville de Paris avec le PSG, le patron de Qatar Sports Investments (QSI) pourrait en effet mettre Bruxelles dans son portefeuille sportif avec un club prestigieux sur le gazon, mais aussi la capitale de l’Europe pour d’autres ambitions. Idéal pour le soft power ‘‘made in Qatar’’…
Flou et questionnement
Séduisant, ce rapprochement footballistique poserait toutefois une question existentielle: que deviendrait l’identité anderlechtoise dans une structure internationale pilotée depuis Doha? Car un rachat qatari bouleverserait forcément la culture du club bruxellois: changement d’image, nouveau management, perte potentielle de ce lien intime avec le public…
Mais pour l’heure, ces spéculations restent du domaine de l’hypothèse. Aucun contact officiel n’a été établi et aucun accord ne se dessine encore. Entre les ambitions de Marc Coucke, le calcul de Wouter Vandenhaute, la présence discrète de Michael Verschueren dans les cercles européens et la nostalgie d’un possible retour de Romelu Lukaku, le flou persiste du côté du Sporting.
Bref, se pourrait-il qu’Anderlecht devienne un jour le joyau bruxellois de la galaxie qatarie? Probablement pas demain. Mais dans un football mondialisé où l’argent redessine sans cesse les contours du ballon, l’hypothèse n’est plus totalement farfelue.