Deux mois à peine après son lancement, Equicycle a déjà attiré plus de 300 utilisateurs. La plateforme belge spécialisée dans les articles équestres d’occasion de qualité propose désormais une nouveauté. Avec The Riders Closet, la fondatrice de l’entreprise, Karlien Mees, veut rapprocher les passionnés de leurs cavaliers favoris et, en même temps, rendre l’équitation plus durable.
Equicycle est une marketplace qui se concentre sur des articles équestres, des selles et couvertures aux vêtements de compétition et accessoires. Ce qui a commencé par une frustration personnelle est devenu une histoire entrepreneuriale ambitieuse. “En tant que mère célibataire, je trouvais difficilement des articles équestres d’occasion de qualité, raconte Karlien Mees. Le matériel d’équitation est cher, ce qui donne à ce sport un caractère élitiste. Alors, j’ai cherché une solution.”
Très vite, la Louvaniste s’est heurtée aux limites de l’offre existante. “Il n’y avait pas d’endroit central où l’on pouvait acheter et vendre en toute confiance. Tout se faisait ici et là, dans des groupes Facebook ou sur 2ememain.be. Parfois, j’avais affaire à des gens qui ne tenaient pas leur promesse, ou à des objets de moins bonne qualité que ce qui était indiqué dans l’annonce. Si je dois traverser tout le pays pour économiser 20 euros sur des protège-jambes, ce n’est plus intéressant, car le temps perdu ne compense pas l’argent économisé.”
“Peer-to-peer”
Pour donner vie à son idée, Karlien Mees a choisi une solution digitale, à la fois abordable et évolutive. “J’ai rapidement abandonné l’ambition de construire une application ‘native’, dit-elle. Cela aurait représenté un énorme investissement. En plus, il faut alors pousser les utilisateurs à installer en permanence des mises à jour. Ce n’est pas l’idéal.” À la place, elle a choisi une application web progressive (PWA), une technologie moderne qui combine le meilleur d’un site web et d’une application. “Une PWA fonctionne sur chaque appareil, est rapide et il n’y a rien à télécharger.”
Karlien Mees a confié la partie technique du projet à HYPE, un bureau louvaniste qui, tout comme Equicycle, fait partie du hub Leuven Mindgate. “Ils n’ont pas seulement construit ce dont j’avais besoin, ils réfléchissent aussi avec moi sur le long terme. Ce qui est crucial pour une start-up qui est encore en train d’affiner son produit.”
Equicycle est une plateforme peer-to-peer. Les utilisateurs y placent eux-mêmes leurs petites annonces, déterminent le prix et organisent la vente. Les paiements passent par un prestataire externe, mais la vraie innovation se trouve dans la protection des acheteurs. “Quand un produit ne correspond pas à la description, nous remboursons l’acheteur, explique la fondatrice d’Equicycle. Cela crée de la confiance, et c’est essentiel dans le marché de l’occasion.”
Ce pan de la protection des acheteurs est essentiel pour Equicycle. “Nous prenons une petite commission sur chaque transaction, en échange de cette garantie. Ainsi, nous veillons à ce que la plateforme reste sûre et fiable”, affirme Karlien Mees.
Conseil consultatif
Après avoir réglé la partie technique, il fallait voir comment lancer financièrement le projet. “Un prêt bancaire classique n’était pas une option, estime la fondatrice d’Equicycle. J’ai donc choisi la combinaison d’un prêt win-win (prêt consenti à des indépendants, microentreprises et PME établies en Région flamande, ndlr) et d’un crédit d’impulsion via Hefboom. Ce crédit est destiné aux starters qui ne trouvent pas d’oreille attentive auprès de la banque.”
Si Karlien Mees dirige Equicycle seule, elle reçoit le soutien d’un conseil consultatif, qui compte cinq membres. “Entreprendre a vraiment été pour moi un saut dans le vide. Je suis heureuse qu’il y ait dans mon conseil consultatif des personnes avec différents profils.Des gens issus de l’équitation, mais d’autres avec de l’expérience dans d’autres domaine, comme le marketing.” Karlien Mees construit en tout cas un solide réseau dans le secteur via Belgian Equestrian Quality, une composante d’Agoria. “Ainsi, Equicycle peut attirer l’attention de ceux à qui cela profite vraiment”, explique la Brabançonne flamande. Pourtant, la notoriété reste l’un des plus grands défis. “La plus grande partie de mon budget est actuellement allouée au marketing, avoue Karlien Mees.
Des pièces uniques
Avec The Riders Closet, Equicycle ajoute une dimension exclusive à l’offre d’occasion. Les passionnés ont la possibilité d’acheter des pièces uniques de cavaliers de haut niveau, comme des couvertures de compétition, vestes et accessoires qui racontent une histoire. “Nous voulons donner une nouvelle signification à l’occasion, ambitionne la fondactrce d’Equicycle. Il ne s’agit pas seulement de réutiliser un produit, mais aussi d’ajouter une valeur émotionnelle et un lien avec le sport.”
La première collection disponible provient de Gilles Thomas, cavalier belge spécialiste du saut d’obstacles, qui a participé notamment aux Jeux olympiques. Parmi les articles proposés se trouvaient des couvertures portées par son cheval Ermitage Kalone lors de tours d’honneur, notamment lors du championnat de Belgique, ainsi qu’une veste personnalisée. En à peine une heure, tout était vendu. “C’est une manière de rapprocher les passionnés de leurs idoles, estime Karlien Mees. Tu n’achètes pas simplement une couverture, tu achètes un petit morceau d’histoire sportive. Tout en donnant en même temps une seconde vie au matériel.”
Traduction en français
L’équitation est un marché de niche, mais ses pratiquants sont prêts à dépenser pour du bon matériel. Selon les données de Paardensport Vlaanderen, la Belgique compterait plus de 40.000 cavaliers, et le chiffre d’affaire annuel du secteur représente des centaines de millions d’euros. Pourtant, le marché de l’occasion est encore peu développé. La prochaine étape sera la traduction en français de la plateforme, afin qu’Equicycle soit accessible dans tout le pays. Avant de se lancer vers l’étranger ? “La France, les Pays-Bas et l’Allemagne sont des étapes logiques.”
La comparaison avec Vinted est aussi souvent (vite) faite, mais Karlien Mees nuance : “Nous nous concentrons beaucoup plus sur une niche. L’équitation est un monde en soi, avec des besoins spécifiques et une communauté forte. Equicycle y répond avec qualité, confiance et une histoire durable.”
Bruno Iserbyt
Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.