Spécialisée dans la création de jeux vidéo à des fins publicitaires, l’agence digitale Epic s’est notamment illustrée avec des expériences ludiques pour Ice-Watch, Orange Belgique et surtout Red Bull. Bienvenue chez les Spartiates 2.0 !
Il existe un fjord en région liégeoise. Un petit espace de quelques mètres carrés où trône le portrait officiel du roi Harald V et de la reine Sonja de Norvège. Fjord est en réalité le nom d’une salle de réunion de l’agence digitale Epic qui fait aussi office de bureau pour son CEO Benoît Rondeux. Point de blasphème dans la décoration royale des lieux, ni dans son appellation nordique : le patron de cette PME présente en effet la particularité d’être à la fois consul honoraire de Norvège et managing partner d’une agence créative spécialisée dans l’advergaming, un mot-valise anglais qui intègre la notion de jeu (gaming) dans la publicité (advertising).
Inattendue, la présence des souverains scandinaves est obligatoire dans l’espace Fjord qui se révèle être aussi une salle consulaire. En revanche, le choix du nom se veut plutôt représentatif de l’esprit ludique qui plane sur ces bureaux liégeois, tout comme la mise en valeur du blason norvégien est un clin d’œil héraldique à l’agence Epic. Ses quatre fondateurs ont en effet choisi ce nom pour une double raison : Epic est non seulement l’acronyme de leur mantra Every pixel counts (chaque pixel compte), mais aussi une référence à l’adjectif “épique” qui renvoie directement à la notion d’épopée.
Un mental de Spartiate
Car c’est bel et bien une épopée technologique qu’ont décidé de mener, il y a 16 ans déjà, les associés de cette agence dont le logo est un casque de Spartiate revisité. “Le choix de l’univers spartiate vient du fait que nous étions convaincus de pouvoir être très forts sans être la plus grosse agence, explique le managing partner Benoît Rondeux. Il ne faut pas être 100 dans l’équipe pour arriver à aider des marques à avoir de l’impact sur un marché mondial difficile.”
Initialement dédiée à la création de sites internet, l’agence Epic a peu à peu élargi son spectre d’activités au branding et à la stratégie digitale des entreprises désireuses d’émerger sur la Toile, ainsi qu’à la création de jeux vidéo interactifs pour différentes marques, le fameux advergaming. “Pour nous faire connaître, nous nous sommes lancés dans le développement d’expériences ludiques en interne, raconte le directeur artistique Karim Maaloul. Le tout premier jeu que nous avons créé en 2010 s’appelait Tweets for Honor et il mettait en scène le combat de guerriers spartiates connectés à Twitter.”
L’épopée des Spartiates pixelisés sera d’ailleurs reconduite cinq ans plus tard dans une autre aventure décalée, Spartans vs Hipsters, une expérience multijoueur qui donnera beaucoup de visibilité à Epic sur le web et lui amènera un premier contact précieux avec la marque Red Bull. Mais ne brûlons pas les étapes épiques…
Le déclic “Ice-Game”
Au début des années 2010, l’agence liégeoise s’installe donc dans le paysage digital avec un triptyque des compétences créatives, techniques et stratégiques qu’elle résume en un slogan : Imagine, Build, Tell. Repérée sur la planète marketing grâce à ses concepts originaux, Epic décroche ses premiers contrats et surtout un premier gros client en la personne de Jean-Pierre Lutgen et sa marque Ice-Watch. Pour propulser ses montres colorées sur les réseaux sociaux et au passage gonfler la communauté de ses fans sur Facebook, l’agence digitale développe un Ice-Game interactif où le joueur doit rassembler des boîtes de montre de même couleur pour engranger des points.
À la croisée de Tetris et Candy Crush, le jeu imaginé par Epic en 2011 est un réel succès (plus de 700.000 parties jouées), au point qu’Ice-Watch double son nombre de fans sur Facebook, passant d’un million de followers à deux millions en quelques semaines à peine. Cela vaudra à l’agence liégeoise d’accompagner ensuite la marque sur d’autres chantiers comme la réalisation d’expériences interactives en magasin et le développement de son e-shop à l’international.
Peu à peu, la notoriété d’Epic grandit et 2014 marque un nouveau tournant pour l’agence liégeoise. Cette année-là, elle remporte, contre toute attente, l’appel d’offres de l’organisation internationale Crop Trust, qui gère le “grenier du monde” à Svalbard, en Norvège, soit une réserve de plus de 1,3 million d’échantillons de semences de tous les pays. Epic reçoit pour mission de revoir le site web et l’image de marque de Crop Trust et, au fil du temps, la collaboration évolue pour s’étendre aux campagnes de sensibilisation de cet organisme, à ses rapports annuels digitalisés et, récemment, à la création d’un serious game, un jeu éducatif pour son prochain mook interactif qui sortira dans les prochains jours.
L’explosion Red Bull

Cette référence internationale et bien sûr les expériences ludiques lancées précédemment amèneront le géant Red Bull à s’intéresser de plus près à la “petite agence belge”. En 2016, Epic signe un premier jeu pour la marque de boissons énergisantes (Chordsurfer dédié à la musique électronique), suivi trois ans plus tard d’une nouvelle aventure divertissante, cette fois ancrée dans l’univers de la Formule 1.
L’entreprise Red Bull possède en effet sa propre écurie de F1 et pour promouvoir le circuit Red Bull Ring, en Autriche, Epic imagine un jeu en 3D sur Facebook. Red Bull Racers est à peine lancé que l’épidémie de covid s’abat sur le monde. Bloqué chez lui, le pilote “maison” Max Verstappen se prête au jeu et donne une visibilité inespérée à cette course par procuration. Résultat : l’advergame conçu par l’agence liégeoise cartonne et sera finalement transposé à l’échelle mondiale avec 10 autres circuits célèbres reconstitués pour Red Bull et plus de 8 millions de parties jouées dans 110 pays.
“Le jeu vidéo est à la fois visuel et interactif, rappelle le CEO Benoît Rondeux. Il crée un lien émotionnel entre la marque et l’utilisateur, et il offre donc un potentiel énorme pour créer de l’engagement. Or, l’advergaming est encore fort sous-exploité par les marques, alors qu’un jeu revient moins cher qu’une camionnette de livraison ! Aujourd’hui, nous aimerions, en termes d’ambition, pouvoir répliquer ce que l’on fait à l’international avec des acteurs wallons, comme nous l’avons fait l’année dernière avec VOO, devenu Orange Belgique.”
“L’advergaming est sous-exploité par les marques, alors qu’un jeu revient moins cher qu’une camionnette de livraison !” – Benoît Rondeux
(Un)serious Race
Portée par un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros et une équipe de 25 collaborateurs, l’agence Epic a remis cette année le couvert avec Red Bull et un tout nouveau jeu baptisé (Un)serious Race qui vient d’être lancé au Canada et s’apprête à conquérir les États-Unis.
L’agence liégeoise n’oublie pas ses clients locaux pour autant. Actuellement, Epic travaille sur les nouveaux sites web de l’Awex, mais aussi sur un futur projet avec le parc Pairi Daiza. De quoi alimenter les conversations dans le fjord liégeois autour, notamment, de la Terre du Froid.
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